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Un Ayrault ordinaire

Publié le 11 mars 2011 par Hmoreigne

 Alors que la perspective des primaires attise les tensions au sein de la direction du parti socialiste, Jean-Marc Ayrault par son calme et sa modération constitue un élément stabilisateur essentiel de la formation socialiste. S’inscrivant dans les pas d’un Pierre Mendès France très à la mode ces derniers temps, le député-maire de Nantes à l’opposé du star-système, tente d’incarner un socialisme de proximité en phase avec les citoyens.

Invité de la matinale de France Inter jeudi 10 mars, l’édile nantais a excellé dans le registre de la force tranquille. Les Strauss-kahniens affolés par des sondages qui remettent en cause l’invincibilité de leur champion demandent la suppression ou la modification des règles des primaires ? Avec le calme des vieilles troupes, le patron des députés socialistes rétorque que même s’il trouve que le calendrier qui a été arrêté est trop long, il a été décidé et qu’il faut donc l’assumer. “On ne peut pas toujours tout remettre en cause” sagace Jean-Marc Ayrault qui rappelle que malgré leurs défauts, les primaires constituent un processus démocratique de désignation du candidat des socialistes.

Loin de tout rejeter sur la majorité présidentielle, Jean-Marc Ayrault a l’honnêteté de prendre sa part de responsabilité dans la progression du Front National. “C’est un avertissement, un coup de semonce qui s’adresse à la majorité actuelle mais aussi, à la gauche”.

Lélu socialiste socialiste constate que Nicolas Sarkozy est disqualifié mais que pour autant, le PS ne comble pas le vide politique et n’apporte pas de réponse au malaise qui traverse le pays. “Il faut que le PS dise très clairement ce qu’il veut faire. C’est autour de lui que le débat doit se faire”. “Il faut pour cela parler un langage de vérité, entre vérité et volonté”. C’est à ses yeux la meilleure stratégie pour contrer un Front National qu’il accuse non seulement de mentir mais également de n’apporter que des réponses fausses à de vrais problèmes.

Face au sentiment d’un déclassement général qui touche aussi bien les classes moyennes et populaires que le pays lui-même, Jean-Marc Ayrault prône le retour des valeurs de la république : exemplarité, civisme, justice et solidarité. Le retour d’une certaine morale, à la Mendés. D’une exemplarité également qui doit prévaloir indifféremment de Jacques Chirac à la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Le retour également indispensable de perspectives pour les Français et leurs familles.

Le maire de Nantes se veut un élu pragmatique, intransigeant en matière de sécurité et de respect de l’autorité républicaine. “Le droit à la sécurité est un droit fondamental“, “il ne faut pas avoir de complexe par rapport à ça” estime-t-il en rupture avec un angélisme et un naïveté longtemps reprochée à la gauche. A la différence toutefois de Nicolas Sarkozy, il juge que la solution ne passe pas par une énième réforme mais par une remise en ordre l’ensemble de la chaîne pénale.

L’annonce de 83 milliards de bénéfices des entreprises du CAC 40, pose pour Jean-Marc Ayrault “le problème du partage des fruits de l’effort” avec aujourd’hui “un curseur très mal placé” qui porte atteinte au pacte social. Dans l’immédiat, une solution concrète serait une taxation des transactions financières. “N’attendons pas le G20, faisons-le au niveau de l’union européenne avant l’été” plaide le parlementaire qui évalue à 200 milliards d’euros la recette nouvelle qui pourrait en résulter.

Loin de la recherche du coup d’éclat permanent commune à de nombreux hommes politiques, Jean-Marc Ayrault rassure par des propos modérés et soupesés. Dans une période aussi agitée et anxiogène que la nôtre, c’est loin d’être négligeable.

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