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Anaïs Nin, Michelle Black et leurs états d'âme

Par Michelleblack
Dans les caves et les greniers, en bon conservateur, on enfouit les témoins matériels de notre passé: bibelots, vaisselle, vêtements, jouets, bricoles, livres. On encombre notre habitat et notre esprit de choses devenues inutiles qu'on veut à tout prix conserver.
Il y a quelques jours, j'ai enfin compris la sagesse des Japonais qui ne s'encombrent de rien et prônent un environnement zen. J'ai donc entrepris un grand nettoyage de ces zones d'ombres et un tourbillon de souvenirs m'a assailli.
Entr'autres redécouvertes, un livre à la couverture rose passé et aux bords écornés. Il m'a immédiatement sauté aux yeux. Journal 1934-1939 d'Anaïs Nin que je me rappelle avoir lu à la fin de mon adolescence. (Tout à coup, des néons clignotants s'affichent sur le mur qui fait face à mon ordinateur avec les inscriptions suivantes: ne mentionne pas le nombre d'années passées depuis lors. Les vieilles, ça fait tache dans la blogosphère). Bon, je passe et reprends le fil....
En le feuilletant, je me suis aperçue que j'avais souligné quelques lignes qui, à l'époque déjà, m'avaient interpellée. Après toutes ces années, mes opinions sur la vie, les comportements humains, les valeurs que l'on donne aux choses sont demeurées intactes. J'avoue que cela m'a fait un choc. Nous ne changeons donc pas! Les années que nous traversons avec leurs joies, leurs épreuves, leurs souffrances ne changent pas nos idées intrinsèques, celles qui sont imprimées dans nos gènes, celles que nous portons en nous comme un jardin secret et qui nous permettent de lutter parfois si le besoin s'en fait sentir, celles enfin qui nous transportent de joie dans un univers qui nous est propre.
Morceaux choisis:
"Janvier 1936
Pour la première fois, j'ai compris l'indifférence. Suicide d'une âme.
Il y avait à Fez, comme dans ma vie, des rues qui ne menaient nulle part, des impasses qui conservaient leur mystère.
Mai 1936
Je m'accroche au monde créé par les artistes parce que l'autre est rempli d'horreur et je n'y vois nul remède.
Pour moi, le moment le plus sincère, le plus naturel est lorsque je suis ou bien seule ou bien avec quelqu'un que j'aime.
Septembre 1936
L'amour est dur et inflexible comme l'enfer.
Octobre 1936
Il ne faut pas avoir peur. Il faut savoir flotter à la manière des mots, sans racines, ni arrosoir. On doit savoir naviguer sans latitudes, ni longitudes et sans moteur. Sans drogues et sans fardeaux. On doit apprendre à respirer comme un anémomètre.

Ma vie est-elle dans un équilibre précaire au-dessus d'un précipice? Plus je m'élève dans la fantaisie et vis de mes sélections, plus la corde de la réalité me serre le cou. Plus je bouge, plus je sens la main suffocante d'une angoisse sans nom.
Pourquoi l'anxiété traverse-t-elle les veines comme du vif-argent?
Novembre 1936
Les hommes se figurent qu'ils vivent et meurent pour des idées. Quelle divine plaisanterie! Ils vivent et meurent pour des idées personnelles, émotionnelles, tout comme les femmes."


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