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La succession Star Trek (un brin pompeux ?)

Par Borokoff

A propos de Dharma guns de François-Jacques Ossang 1 out of 5 stars

La succession Star Trek (un brin pompeux ?)

Stan Van der Decken, un scénariste, est victime d’un grave accident de jet-ski qui le propulse dans le coma. A son réveil, un mystérieux généalogiste le prend pour le légataire testamentaire d’un certain Starkov. Au lieu de s’interroger sur cette méprise d’identité, Van der Decken accepte cette filiation et s’embarque pour le pays de Las Estrellas, où des doubles génétiques incontrôlables attentent à sa vie et veulent exterminer la race humaine…

Pas facile de s’y retrouver dans ce scénario foisonnant de Dharma guns (qu’on peut traduire par Les fusils de l’enseignement du Bouddha), tant il part dans tous les sens. Inspiré par le mythe d’Orphée et l’univers de Lovecraft, le quatrième long métrage de François-Jacques Ossang est un polar d’anticipation, un thriller politico-fantastique dont la photographie est un hommage à l’âge d’or du cinéma muet et aux personnages des films de Murnau (Nosferatu) ou Fritz Lang (M le maudit ou Metropolis).

Le personnage de Délie (joué par Elvire, la compagne dans la vie d’Ossang) ressemble à une égérie du cinéma des années 30. Le reproche que l’on peut faire à Ossang, c’est d’être souvent dans la citation, de Tarkovski (Solaris ou Stalker) aux séries B fantastiques en passant par Luc Besson (le personnage du nazi à la mèche tombante fait penser au méchant joué par Gary Oldman dans Le sixième sens), les comics américains, les décors d’ile sauvage et déserte propres au cinéma gore, etc… Et encore en vrac Guy Maddin ou Enter the void de Gaspard Noé pour son Livre des morts tibétain cette fois.

Si le scénario est parfois confus, entrecoupé de cartons qui sont autant de citations pèle-mêle (Lovecraft, Livre des Morts des Egyptiens, etc…) que de pensées en voix-off des personnages, Dharma guns brille surtout pour ses dialogues. A dire vrai, on ne sait jamais si le film se prend au sérieux ou s’il reprend avec un parfait sens du second degré les codes voire les clichés de la série B fantastique. On peut légitimement se demander par exemple quel effet est censé produire la manière solennelle de parler de Jon. Ses accoutrements et sa dégaine grotesques de caporal nazi font en tout cas sensation. Certaines de ses répliques laissent éclater de rire des spectateurs (on note que la moitié de la salle s’est vidée pendant la première heure) comme dans la scène où il hurle à Stan : « Attention, un DG ! » (non pas un Dolce Gabbana mais un Double génétique…) avant d’abattre un zombie qui les menaçait les bras levés pour finalement choir de son rocher dans la mer.

Ossang parle de son film comme « une sorte d’odyssée purgatoire, où l’intuition et la télépathie accélèrent le voyage dans le temps. Aucun héritage n’y a lieu – sinon la passation affective des deux amants qu’un lien mortel divise autant qu’il les allie… ». Le choix du noir et blanc, « grammaire d’un cinéma de la révélation… » traduirait alors le rêve et « un univers organique où la vérité du son et de la photographie redécouvrent les deux visions capitales du cinéma muet : cinéma du visage, et cinéma du paysage. »

Alors que « la mort « industrielle » du cinéma semble rationnellement – techniquement et économiquement programmée », Ossang voudrait « démontrer qu’un cinéma de poésie et d’aventure fantastique (est) encore possible -- mieux : nécessaire… ». Ambition louable mais si le film est séduisant plastiquement par endroits, il est une vérité qui reste. C’est qu’à force d’explorer toutes les pistes, Dharma guns n’en suit jamais une vraiment…

www.youtube.com/watch?v=vG4MKRP6zmI


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