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Pitié pour Constance

Publié le 16 mars 2011 par Sébastien Michel
André Fortin, éd. Jigal, 
A partir de 16,15 euros sur amazon.fr

Sicardi est un député proche du pouvoir et pourrait aisément toucher d'alléchants portefeuilles ministériels s'il n'avait un boulet dans son curriculum familial : sa propre fille. Rebelle, extrémiste, rouge jusqu'à la lie. Ses études à Sciences Po  lui ont ouvert de nouvelles voies... Et la belle élue s'est finalement réfugiée dans un repère de l'ultra gauche, au cœur du massif central. Constance doit apporter sa bonne parole de révoltée lors d'un grand meeting unitaire de la gauche à Marseille. Mais comment la revoir, elle, sa chère fille qui a rompu les liens du sang pour adopter un nouveau corps politique ?  Le pouvoir ne peut pas tout dans les affaires de famille. L'effrontée conclut le meeting par un discours terriblement vrai et terriblement dérangeant, lançant, dans ces sombres heures du désespoir, un appel à la résistance.  Cette jeune femme dérange manifestement beaucoup : à la fin du meeting, un mystérieux commando l'enlève. Ces types sont pas des rigolos, des croque-morts plutôt, chargés d'éliminer tout ce qui gène. Mais qui leur a commandité ce kidnapping ? L'enquête commence pour retrouver Constance et découvrir la tête pensante de cette machinerie. Et le juge Galtier chargé du dossier compte bien démasquer l'éminence grise...
Pitié pour Constance
Il y a toujours un souffle libertaire dans l'œuvre de Fortin, ici c'est une tempête à l'heure des possibles séismes  politiques. Le propos politique, derrière l'intrigue, se radicalise. Cette fille qu'on enlève, ce sont les utopies qu'on étouffe, l'inconstance qu'on assassine. Constance la résistance déterminée, définitive, est cette figure rebelle du fond des âges qui nous fait songer à cette autre symbole de la révolte, Antigone. Le père, c'est Créon, droit sur son trône et mais dont le coeur vacille pour une jeunesse chérie. Polar politique, polar tragique, ancestral et moderne qui porte dans sa plume les plus antiques stigmates du combat.  Parce que notre société n'a plus pour droit que celui de se conformer ou de se plier, Fortin lance un cri, prenez votre butin, mais pitié, n'achevez pas l'idéal ! 

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