Magazine Culture

Belong - Common Era

Publié le 19 mars 2011 par Hartzine

15047Voilà une musique qui plaira trop … mais à si peu de monde. Une musique de drame, secrète et ogresse comme une collectionneuse. Quelle serait cette collection ? Loveless & Faith. Deux piliers immenses, hautains, macabres, étranges, vicieux et froids. Seulement deux disques donc mais deux opus qui recouvrent une vie entière. Une vie de mythes et de symboles. I love you but I’ve chosen darkness en procession de foi, voilà l’âme de Common Era… une liturgie démente qui rappelle l’opus fiévreux et définitif de Windsor For The Derby, We Fight Til Death (2004). Ce sacré, sombre et inquiétant, pareil à l’eau laiteuse glissant entre les tombes, nous flanque la peur et la fascination. Auditeur : écoute d’abord dans ce disque, un couple de chansons : A Walk et Perfect Life. L’enchaînement entre ces deux merveilles est éblouissant. Auditeur depuis Strawberry Jam d’Animal Collective et son duo scintillant - For Reverend Green & Fireworks – tu n’avais plus entendu pareille démonstration. On en revient à peine. Ensuite s’immisce Keep Still, une élégie portée de douces saturations, emplie de brumes électriques. Elle serait l’équivalent d’une promenade comateuse, accompagnée de sangria, dans un zoo paré de palmiers rachitiques, malades et beaux à la fois. On trouverait à l’intérieur d’une des cages la présence étrange d’une panthère noire à trois pattes qui se métamorphoserait en la parfaite Maria Casarès. Voilà un univers musical fait de transformations opaques. Ce disque est mystérieux. Il est une Passion. Ce disque est sublime, mortel et réversible - c’est se connecter à la beauté du monde avec la conscience de la mort. On aborde effrontément Different Heart et quel horizon ! Vertige, on se méfierait presque de pareille musique. Une phrase semble parfaite, à l’écoute par exemple de Very Careful, une phrase qui nous crépitait aux lèvres lorsqu’adolescents nous écoutions des heures durant The Drowning Man de The Cure. : « The Darkness is lovely. It’s where I feel most at home. » Cette sentence tirée de Cat People (1942) le film de Jacques Tourneur, parfume élégamment le disque de Belong. Kranky avait sorti dans le temps, une épopée essentielle : Levez Vos Skinny Fists comme Antennas to Heaven (2001), un album qui répondait au poème de Hugo : « Ce que dit la bouche d’ombre… » Oui – tout est plein d’âmes. Récidive. Kranky nous offre un nouvel opium. Belong manie l’excès avec beauté… comme ces boîtes à rythmes lourdes et prosaïques, utilisées très souvent durant Common Era. Elles demeurent pourtant des percussions émouvantes, elles sont essentielles comme l’était le jeu de batterie médiocre de Lol Tolhurst sur les premiers The Cure. Auditeur, écoute donc Common Era jusqu’à l’obsession, ne tourne pas les talons : jusqu’à l’obsession.

Vidéo

Tracklist

Belong - Common Era (Kranky, 2011)

1. Come See
2. Never Came Close
3. A Walk
4. Perfect Life
5. Keep Still
6. Different Heart
7. Make Me Return
8. Common Era
9. Very Careful


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hartzine 83411 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines