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Deux poids, deux mesures pour l’Arabie : la fin du printemps arabe ?

Publié le 19 mars 2011 par Jclauded
L'évolution des événements en Arabie Saoudite, au Bahreïn et au Yémen me donnent envie de vomir quand je vois la réaction qu’elle engendre de la part de la Maison Blanche, de la France, du Royaume–Uni et du Canada qui se disent champions des droits de l'homme où qu'il soit.
Je ne suis pas contre la pression internationale d'arrêter la folie de Kadhafi, bien au contraire, mais je dénonce l'hypocrisie de plusieurs pays occidentaux qui gardent un silence criminel face à tout ce qui se passe actuellement en Arabie saoudite, comme si ce fameux pays était le berceau de la démocratie à travers le monde arabe.
Pour contrer la révolte grandissante dans son pays, l’Arabie Saoudite défend toute manifestation. Son roi arrogant et ses scheiks royaux ne sont que des dictateurs qui se sont accaparés les richesses pétrolifères de leur pays et qui ont toujours agi envers leur peuple, particulièrement leurs femmes, avec une arrogance cruelle.
Ces rois maudits qui se sont auto déclarés gardiens de la mythique race arabe et de l’islam véritable font la pluie et le beau temps grâce à leur argent.
Pour contrer la révolte qui s’est manifestée malgré l’interdit, le roi saoudien a entrepris d’acheter la paix en augmentant le salaire minimum, en promettant la construction de milliers de nouveaux logements et la création de 75 000 nouveaux emplois. Si cette démarche ne débouche pas sur le calme et la fin de la révolte, il n’hésitera pas à utiliser son armée pour mettre à bas les révolutionnaires. La preuve vient d’être faite, puisqu’il a dépêché plus de 1 000 de ses soldats et des centaines de tanks pour soi-disant défendre l'indépendance de Bahreïn, contre les révolutionnaires Bahreinis eux mêmes.
A ce jour, le président Obama, le PM anglais Cameron, le président français Sarkozy de la France et le PM canadien Harper n'ont aucune difficulté à garder un silence continu face aux massacres des manifestants bahreinis. Ils protègent ainsi l'émir de Bahreïn, leur allié de toujours. Ils agissent de même avec les Yéménites. Aujourd'hui même, un ami m’affirme avoir vu à la télé que les forces de répression du régime du Yémen viennent d'assassiner plus de 30 manifestants et d’autres images qui montraient que l'émir de Bahreïn n'hésite plus à tirer à bout portant sur les pauvres Bahreïnis. Les révolutionnaires de ces deux pays sont sans armes et c’est dans le calme et la sérénité qu’ils ont manifesté jusqu’à ce jour dans l’espoir de démocratiser leur coin du monde.
Le silence des USA, de l'Europe et du Canada indique qu’ils n'ont aucun problème avec des interventions militaires futures par les dictateurs des autres émirats du golfe Persique pour contenir les révoltes chez eux. Ils agissent comme si la seule tragédie internationale qui nous obsède aujourd’hui est la guerre civile en Lybie. En réalité, ce silence de l’Occident a plus à voir avec la production mondiale de pétrole et le fait que ces dictateurs sont ses alliés fidèles depuis longtemps.
Dernièrement, la chaîne de télévision arabe El Djazeera retransmettait les déclarations d'un citoyen de Bahreïn qui disait en gros qu'il était dégoûté du comportement du monde occidental qui soit disant sympathisait avec le sort des martyrs de Lybie et qu’apparemment le sang des pauvres civils tués par les forces de répression à Bahreïn n'était pas aussi important que le sang des martyrs Libyens.
Pourquoi toute cette hypocrisie du monde occidental vis à vis les différentes sociétés arabes et leurs souffrances ? Est-ce que le renouveau du monde arabe va se terminer à cause des armes et le support tacite des USA, de l’UK, de la France et du Canada aux dictateurs-amis qui les utilisent contre ceux qui se révoltent contre eux ?
Heureusement, un nouvel espoir existe, l’ONU. La récente décision de son conseil de sécurité en rapport avec la Lybie démontre enfin que l’organisme international fonctionne. Pour une fois, c’est elle qui a décidé d’intervenir militairement là où il y a un problème des droits de l’homme. De plus, avec l’appui de la ligue arabe, elle émet un signal à la rue arabe que le monde est maintenant avec eux, que le chemin est libre et que l’ONU peut dorénavant s’interposer pour aider des rebelles injustement pilonnés par les dictateurs qu’ils combattent. C’est aussi un avertissement important à ces derniers qu’ils ne peuvent plus agir à leur guise puisqu’ils risquent une opération militaire internationale.
En rapport avec la décision des Nations Unies, le ministre des affaires étrangères de France, Alain Juppé, écrivait dans son dernier blog ce qui suit : « Il est souvent arrivé dans notre histoire contemporaine que la faiblesse des démocraties laisse le champ libre aux dictatures. Il n'est pas encore trop tard pour faire mentir cette règle. Ce sera l'honneur de la France d'avoir tout tenté pour y parvenir ».
Est-ce suffisant pour convaincre les dictateurs du golfe et ceux de la Syrie, de l’Algérie, de la Jordanie, du Maroc et les autres de laisser les manifestations populaires antigouvernementales se dérouler dans la paix ? Je l’espère.
Si non, je crains que ce soit la fin du printemps arabe.
Claude Dupras

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