Poursuite, de Marina Déak

Poursuite nous plonge au cœur du quotidien d’Audrey (Marina Déak), mère célibataire d’un petit garçon âgé de sept ans qu’elle a confié à sa mère parce qu’elle refuse de vivre tous les jours avec lui. Une situation temporaire qui risque de durer, le temps pour Audrey de trouver un logement, un emploi et une nouvelle relation stable avec un autre homme.

Dès les premières minutes de son premier long-métrage, la réalisatrice et actrice française donne le ton. Plongée dans une rame du métro parisien, sa caméra passe d’un visage à l’autre, marque une pause pendant quelques instants, puis s’arrête plus longtemps pour s’éterniser finalement dans une séquence banale et routinière de la vie quotidienne. Il en sera ainsi tout au long du film. Si le choix réaliste est audacieux, il ne convainc pas pour autant. Porter sur grand écran la réalité du quotidien est un exercice de style qu’il faut savoir maîtriser. Tout le monde n’a pas le talent de Sofia Coppola (Somewhere), surtout Marina Déak.

Audrey est le portrait typique d’une trentenaire d’aujourd’hui, celle d’une jeune mère qui s’est fait dicter son existence par les lois des autres, bercée par cette illusion de bonheur impératif que la société prétend pouvoir lui offrir. À force de vouloir vivre comme les autres, Audrey a perdu son identité, sa propre personnalité ;  elle a reproduit un modèle de vie qu’on lui a inculqué mais s’aperçoit que ce dernier ne lui correspond pas. Elle se cherche, sans savoir où elle va, ni ce qu’elle veut.

Seulement voilà, un film repose avant tout sur un scénario, pas simplement une idée. Filmer le quotidien d’une vie à l’état brut, sous le prisme de sa plus grande banalité pour coller au plus près de la réalité s’avère très vite ennuyeux si l’on ne se donne pas quelques gages de réflexivité et de spiritualité, ce qui manque cruellement à Audrey comme aux autres personnages du film.

Marina Déak a fait le choix de ne prendre aucune distance avec le personnage qu’elle incarne. Le résultat est un portrait nombriliste d’une jeune femme agaçante et déprimante parce que très terre-à-terre, qui s’arrête à la banalité de son quotidien et qui a oublié ses rêves sur le bord de la route. Poursuite est à l’image de la vie de son personnage principal : vide de sens.

Sortie en salles le 9 mars 2011