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Le Président de trop d'Edwy Plenel

Par Lagrandestef

le-president_de_trop_.jpgLe président de trop
d'Edwy Plenel
Don QUichotte (mars 2011)

507 pages
Document , politique, France
Résumé : (présentation éditeur)
En 2012, il ne suffira pas d'écarter l'homme. Encore faudra-t-il inventer une République démocratique et sociale
Le présidentialisme est au régime présidentiel ce que l'intégrisme est aux religions, ce que l'absolutisme est aux monarchies, ce que le sectarisme est aux convictions. Ce n'est pas le fait qu'il y ait une Présidence de la République, c'est que la République soit aux mains du Président. Legs du bonapartisme français, ce césarisme qui laïcisa la monarchie de droit divin sur les décombres d'une révolution démocratique trahie et inachevée, notre présidentialisme est un régime d'exception devenu la norme. Une norme dont l'excès n'a cessé de s'étendre et dont l'hyperprésidence sarkozyste aura mis en scène la décomposition, sous forme de corruption de l'esprit public et d'abaissement de la France à l'étranger, de République bafouée et de Nation humiliée.
La France est une démocratie de faible intensité. Elle en a l'onction, pas la conviction. L'apparence, pas l'essence. Les mots, pas la culture. Condition d'une république sociale, la démocratie véritable est un écosystème qui suppose équilibres, vitalités et pluralités, précautions et participations. Au lieu de quoi, nous vivons au royaume institutionnel des déséquilibres, des soumissions et des unicités, des brutalités et des autoritarismes. Loin d'être minoritaire, ce point de vue est largement partagé au sein même d'une classe politique qui en souffre autant qu'elle en profite. Mais, le plus souvent, c'est un point de vue de circonstance : d'opposants ruminant leurs défaites et qui s'empresseront de l'oublier à l'approche d'éventuelles victoires électorales, leur promettant ou leur assurant postes et places.
A chaque revers des oppositions du moment, qu'elles fussent de droite sous la longue présidence de François Mitterrand (1981-1995) ou qu'elles soient de gauche depuis le triple échec socialiste aux présidentielles de 1995, 2002 et 2007, le même constat est dressé, sans appel : prérogatives étendues à l'excès d'un Président irresponsable et intouchable, absence de contre-pouvoirs réellement indépendants et vraiment consistants, pouvoir législatif à la merci de l'agenda du pouvoir exécutif, représentation parlementaire soumise aux disciplines des majorités présidentielles, pouvoir judiciaire ravalé au rang d'autorité contrainte dans ses velléités d'indépendance, système médiatique coincé entre l'oligarchie financière et la servitude étatique, etc.
Hélas, à la manière de chevaux sentant le retour à l'étable, courbant l'échine et changeant d'allure, les porte-voix de ces critiques lucides se font, pour la plupart, une raison à l'approche de l'échéance présidentielle. Prétendant à la succession en 2012, le Parti socialiste n'y fait pas exception. Après bien des introspections et des autocritiques, cette gauche née de l'aventure mitterrandienne plutôt que de l'exigence mendésiste en revient toujours à son point de départ, la fin justifiant le moyen : occuper la place plutôt que la transformer, s'approprier cette présidence plutôt que la réfuter.
Ils ont beau avoir appris, à leurs dépens, que la clé de voûte du système est la clé de sa corruption, ils préfèrent le conquérir en l'état en se disant qu'il sera bien temps de le réformer. La tentation est trop forte : un tel pouvoir, si peu limité et partagé, est un pousse-au-crime. Mais ceux qui y cèdent se font complices d'une République discréditée et désaffectée, tant, aux yeux de ses citoyens, elle est devenue principauté de l'irresponsabilité, de l'entre soi et de l'entregent. Surtout, ils se font présomptueux, oubliant que ces institutions sont plus fortes qu'eux puisqu'ils se sont privés, par leur pusillanimité et leurs renoncements, du seul levier disponible : la force du peuple. D'un peuple constituant, mis en branle et au travail pour réinventer son bien commun, la démocratie. Pour refonder, enfin, une République démocratique et sociale. Sociale parce que démocratique.
Aurons-nous, enfin, le courage qu'ils n'ont pas ou plus ? Puisse ce livre y aider.
Mon avis: prochainement et je remercie les Editions Don Quichotte pour leur confiance renouvelée

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L'auteur
Edwy Plenel, né le 31 août 1952 à Nantes (Loire-Atlantique), directeur du journal en ligne Mediapart, lancé en mars 2008, est journaliste depuis trente-cinq ans. Après vingt-cinq ans au Monde, dont il fut directeur de la rédaction jusqu'à sa démission volontaire fin 2004, il co-fonde Mediapart, devenu en trois ans le symbole de la nouvelle presse numérique, indépendante et participative, et connu pour les révélations de ses investigateurs (Karachi, Bettencourt). Depuis l'élection présidentielle de 2007, il a été un critique impitoyable de Nicolas Sarkozy et fut le premier à employer dans les médias, à propos du président nouvellement élu, l'expression d' « hyperprésidence ». Mais il fut aussi un critique acéré de la longue présidence de François Mitterrand, ce dont témoignent plusieurs de ses livres (La Part d'ombre, en 1992, notamment).


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