Magazine

Le parisien, Sisyphe moderne de la course

Publié le 30 janvier 2008 par Frednetick

Le parisien court. C’est dans sa nature de parisien, il n’y peut rien. Prédisposition génético-sociale inscrite dans ses talons de chaussure ou véritable adaptation physiologique à un environnement contraignant, aucune étude n’est à ce jour capable d’expliquer cet irrépréssible besoin physique, cette pathologie vivace, cette malédiction centenaire.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)


D’un point de vue morphologique, le parisien n’est pourtant pas doté des évolutions physiques optimales pour lui permettre de courrir, engoncé dans son costume ou sa jupe longue, et pourtant, il court comme Galilée le disait si bien de la terre (qui elle tournait).

Aprés le métro, aprés un taxi, aprés le train, aprés les bonnes affaires des soldes, aprés le dernier joujou fashion de chez Colette, le parisien et sa femelle, la parisienne (vous l’aviez deviné n’est ce pas?) court sans cesse. Oh je ne vous dit pas que cela ne surprend pas au début mais il faut bien avouer que l’on prend assez vite l’habitude de ce petit rituel social. Un rituel bien ancré qui se déroule de préférence le matin et le soir sur le quai d’une gare ou plus dangereusement dans les escaliers d’accès au dit quai.

Si je n’avais qu’un seul conseil au touriste que vous êtes, c’est de ne jamais, sous aucun prétexte m’entendez vous, vous opposer à la course du parisien vers on métro. Comme il ne viendrait à aucun être normalement constitué et un tant soit peu mentalement stable de s’interposer entre un américain et son hamburger fétiche, ou à une harde d’éléphants joueuse, un être normal ne s’oppose, ne s’interpose pas entre un parisien et son métro.

Qu’importe si vous estimez que de toute façon il est trop tard et que ce à quoi vous assistez et une tentative vaine et désespérée, vous avez tord. Un parisien en haut des 30 marches d’un escalier croit encore qu’il a raisonnablement le temps d’atteindre la porte de sa diligence mécanique quand bien même celle-ci serait déja en train de lui refermer ses charmes hydrauliques.

Vous comprendrez alors ce que ressent un toréador quand, dans la chaleur étouffante d’une arène ibérique, approche le pas lourd, brassant le sable, d’un taureau de murcie. Femme, enfant, handicapé, homme ou même animal, personne n’est assez appitoyant pour stopper la folie animale du parisien qui courre.

Et pourtant tous  n’ont pas la grâce féline du guépard. Petite foulée rapprochée, cycle arrière enclenché (c’est pour les spécialistes de la course), bras s’agitant au rythme du gros sac qui les encombrent, le spectacle est des plus varié, mais toujours aussi drôle.

Il y a le sportif, sûr de lui, qui sait pouvoir accélerer lorsque retentira le biiiiiiiippppp fatidique, indiquant l’imminence de la fermeture et la fin de tous les espoirs. Sa foulée est ample, économe, placée. Il ne transpirera presque pas, c’est tant mieux car les odeurs sont déjà l’une des 10 plaies de l’utilisateur des transports en commun.

Plus attendrissante est la foulée de la petite femme de 45 ans, fréquente mais inefficace, ne garantissant que rarement une issue favorable malgré les litres de sueur que provoquera cette course matinale. Dommage hein?

Et parfois une fulgurance, une surprise, un étonnement béat. Le dernier c”était il y a quelques jours, un homme de 50 ans , black, en petit manteau de tweed qui se transforma en un clin d’oeil en ce guépard don’t j’évoquais l’existence. Quasi mythique ce totem urbain existe bel et bien, sous les traits les plus improbables comme ce matin.

Le parisien court, avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins de grâce, plus ou moins d’efficacité, mais il court. Histoire d’oublier que bien souvent, pour lui, tout est censé tourner autour de sa petite personne.

EDIT: Merci internet explorer 6.0 de merde d’avoir avalé le post, Safari lui comprend les choses…

Cacher cette brillante littérature


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Frednetick 24 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog