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Le dessous des ponts

Publié le 21 mars 2011 par Fuzzyraptor

Petite plongée dans le monde des ponts à Cap sciences (Bordeaux), avec un convoi exceptionnel, un kiosque d’observation et une exposition.

Vendredi 18 mars à Cap sciences. Je suis présente au Centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) bordelais pour la journée « Les Imaginaires du Savoir » (1). Par chance, ce jour-là coïncidait avec un événement particulièrement impressionnant : l’échouage d’un îlot de protection (2) de la deuxième embase (3) du pont Bacalan-Bastide actuellement en construction sur la Garonne. Idéalement placée dans la salle de conférence du centre, à quelques dizaines de mètres du chantier, j’ai la chance d’observer les manœuvres du bateau pendant toute l’après-midi.

Pont Bacalan-Bastide

Le chantier du Pont Bacalan-Bastide, en septembre 2010. Photo prise depuis la terrasse de Cap sciences.

L’îlot de 2000 tonnes, 18 mètres de diamètre et 15,6 m de haut (4) a été remorqué par flottaison depuis son lieu de fabrication à Bassens jusqu’au chantier du pont levant, près du Quai de Bacalan. Pendant plusieurs heures, l’îlot, fixé de part et d’autre à un bateau et à la rive par des câbles, sera positionné très précisément par les équipes du chantier. A la nuit tombante, de joyeux coups de klaxon provenant du bateau indiquent à tous que l’opération s’est achevée avec succès. Tout le monde peut aller se reposer pendant le weekend, avant d’attaquer l’embase, qui sera sortie de la forme de radoub (il s’agit d’une cale sèche) à Bassens mardi 22  mars (demain) et échouée le lendemain près de ses îlots (plus d’infos ici).

Une vue imprenable sur le pont : le kiosque d’observation

Depuis la pose de la première pierre le 9 décembre 2009, Cap sciences suit avec intérêt le chantier du pont Bacalan-Bastide. Pour preuve, un kiosque d’observation a été mis en place au deuxième étage du centre, en partenariat avec la Communauté urbaine de Bordeaux, pour « suivre l’évolution du chantier et l’anticiper grâce aux nouvelles technologies ». Le visiteur peut notamment visualiser le futur pont en 3D grâce à Google Earth ou « faire glisser des visuels du futur pont sur de vraies images de la Garonne prises en temps réel grâce à une caméra ».

café des sciences

Le café des sciences, au deuxième étage du CCSTI bordelais.
Au fond, le kiosque d’observation. A droite, la terrasse qui donne sur la Garonne et le chantier du pont.

Jamais deux sans trois : l’exposition « Secret de Ponts » (je n’ai pas vu de date de fin), offre une bonne introduction au monde des ponts et plus généralement de la construction.

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Résolument tournée vers l’Aquitaine, l’exposition s’ouvre sur un schéma de l’estuaire de la Gironde ainsi que des cartels de description de plusieurs ponts régionaux (le Pont de pierre, le Pont de Cubzac, la Passerelle ferroviaire de Bordeaux, le Pont d’Aquitaine, le Pont du Rouergue – la Réole, le Pont Neuf de Castillon la Bataille…).

Pour la béotienne que je suis en matière d’ouvrages d’art, un panneau présentant les différentes partie d’un pont est le bienvenu (culée, travée, tablier, pile, arc, portée, fondation, pylône, hauban), tout comme les petites maquettes, toutes faites ou à construire, matérialisent les différentes formes de ponts (suspendu, en arc, poutre-treillis, à voussoirs précontraints…).

Les explications sociales (des ponts pour échanger et communiquer) et historiques (belle frise chronologique débutant au pont de Pandjir en Afghanistan en -500 av. J.-C.) côtoient les techniques (forces appliquées aux ponts et typologies des ouvrages) au sein d’une scénographie moderne et lumineuse, en noir et blanc rehaussé de rose. Petite pensée pour le Japon avec le panneau indiquant les éléments qui peuvent causer des dommages aux ouvrages, comme le séisme de Kobé, en 1995.

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Plus loin, on aperçoit la silhouette des « meilleurs ennemis » du monde de la construction : l’architecte et l’ingénieur. Si le premier a longtemps été formé aux Beaux-Arts, l’origine du second est étroitement liée au domaine militaire. Beaucoup de dissensions existent à l’heure actuelle entre ces deux profession. Pourtant, à l’époque du romain Vitruve (1er siècle avant J.-C.), l’architecte et l’ingénieur ne faisaient qu’un en la personne du concepteur de pont.

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Au fil de l’exposition, les curieux peuvent suivre deux projets de pont (un exemple général et le cas concret du Pont Bacalan-Bastide), de leur genèse à leur réalisation sur le chantier avec plans, photographies et même bruits à l’appui.

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Le futur pont Bacalan-Bastide (photo : Communauté urbaine de Bordeaux)

Si l’espace de cet exposition n’est pas extrêmement grand, il renferme l’essentiel des éléments basiques concernant les ponts et donne envie d’en savoir plus (mission accomplie !). Je cherche d’ailleurs si des expos comparables ont déjà été présentées en France. Si vous le savez, merci de me l’indiquer en commentaire. Et comme l’écrit Marianne Peyri dans H20 n° 92063, « les ponts méritent (…) qu’on prenne le temps de contempler la pureté de leurs lignes, de sentir leurs vibrations sous nos pieds, d’aller flâner sous leurs voûtes ».

Notes :

  1. Pour plus d’information, voir le site du Studio Cap sciences
  2. Élément cylindrique en béton conçu pour protéger les pylônes d’éventuels chocs de bateaux
  3. Socle des pylônes du pont encadrant la passe navigable et abritant les mécanismes de levage (44 m de long, 18 m de large, 15,6 m de haut et 5750 tonnes chacune).  Une vingtaine de pieux de fondation en béton armé viendra « ancrer » et « porter » chacune des deux embases
  4. Malgré ses 2000 tonnes de béton armé, l’îlot flotte sur l’eau, avec environ 7 mètres submergés, grâce à la poussée d’Archimède.

>> Pour aller plus loin :


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