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Centrale nucléaire de Fukushima : la situation demeure hautement critique

Publié le 23 mars 2011 par Bioaddict @bioaddict
Depuis maintenant 11 jours, les Japonais mènent un combat héroïque contre l'atome. Mais la situation demeure sur place hautement critique. Et la radioactivité se répand autour de la centrale.

Les informations obtenues par le centre technique de crise de l'Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) permettent d'établir l'état suivant des installations de la centrale de Fukushima :

Les réacteurs n°1, 2 et 3 restent dans un état particulièrement critique en l'absence de source de refroidissement pérenne. Un dégagement, non expliqué, de fumée noire sur le bâtiment du réacteur n°3 a été constaté dans l'après-midi du 21 mars à 16h heure locale et s'est arrêté à 18h heure locale. Ensuite, à 18h20, une vapeur blanche a été observée s'échappant du toit du réacteur n°2. Ce dégagement de vapeur est toujours présent actuellement.

Alimentation électrique

Sur le réacteur n°2, l'alimentation électrique est maintenant disponible.
Le réacteur n°1 est réalimenté à partir du réseau électrique commun aux réacteurs 1 et 2, mais aucun équipement n'a été mis en service.
Le caractère opérationnel des matériels est toujours en cours de vérification. La priorité est donnée à la mise en service de la salle de commande et du système de refroidissement du réacteur.
Les réacteurs 5 et 6 sont de nouveau alimentés par le réseau électrique externe en complément des deux générateurs.

Etat des piscines

Concernant la piscine du réacteur n°1, la mise en oeuvre d'un système d'appoint en eau, autre que par camion-lance, ainsi que la faisabilité de la remise en service de son système de refroidissement, sont en cours d'examen.
La température de la piscine mesurée par infrarouge par hélicoptère serait de l'ordre de 60°C le 20 mars.

Concernant la piscine du réacteur n°2, un appoint de l'ordre de 40 tonnes d'eau de mer a été injecté directement dans la piscine. Par ailleurs, la faisabilité de la remise en service de son système de refroidissement est en cours d'examen. La température de la piscine était de l'ordre de 50°C le 21 mars.

Concernant la piscine du réacteur n°3, près de 3200 tonnes d'eau ont été projetées sur le bâtiment par les camions-lance durant les deux derniers jours. Le volume encore disponible de la piscine de ce réacteur semble entièrement rempli. La température de la piscine serait de l'ordre de 60°C le 20 mars.

Concernant la piscine du réacteur n°4 ,180 tonnes d'eau ont été projetées sur le bâtiment par les camions-lance durant les deux derniers jours. La température de la piscine serait de l'ordre de 40°C le 20 mars.

Concernant la piscine du réacteur n°5, le refroidissement a été rétabli grâce à un groupe électrogène. Le niveau d'eau est contrôlé. Le toit du bâtiment a été percé pour éviter une éventuelle combustion d'hydrogène comme sur le bâtiment n°4.

Enfin concernant la piscine du réacteur n°6, la température de l'eau est contrôlée (36°C le 21/03). Le refroidissement a été rétabli grâce à un groupe électrogène. Le niveau d'eau est contrôlé. Le toit du bâtiment a été percé pour éviter une éventuelle combustion d'hydrogène comme sur le bâtiment n°4.

État des réacteurs

L'IRSN reste préoccupé par le risque de cristallisation du sel injecté avec l'eau de mer dans les cuves des réacteurs (corrosion, impact sur le refroidissement des coeurs, risque de blocage de soupapes...). De manière générale, il conviendrait de reconstituer des réserves d'eau douce sur le site.
Par ailleurs, s'agissant des réacteurs n° 1, 2 et 3, l'IRSN ne dispose pas d'informations
suffisamment détaillées sur les installations (niveau d'eau dans la cuve, pression dans la cuve et dans l'enceinte, débit injecté) qui permettraient d'expliquer les évolutions constatées.

Réacteur n°1

Selon l'exploitant, 70 % du coeur du réacteur serait endommagé. L'injection d'eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d'assurer le refroidissement du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé (1,8 m). L'eau contenue dans la cuve se décharge dans l'enceinte de confinement via une soupape. L'enceinte de confinement est maintenue intègre. Les opérations de dépressurisation de l'enceinte de confinement ne sont actuellement plus nécessaires. Il n'y aurait donc plus de rejet direct de produits radioactifs dans l'environnement pour l'instant. Ceci est néanmoins à confirmer dans la mesure où l'enceinte n'est pas refroidie.
La partie supérieure du bâtiment réacteur a été soufflée par une explosion.

Réacteur n°2

Selon l'exploitant, 33 % du coeur du réacteur serait endommagé. L'injection d'eau de mer dans la cuve est maintenue afin d'assurer le refroidissement du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé. L'enceinte de confinement est endommagée, toutefois il ne semble pas que l'étanchéité soit remise en cause. Les opérations de dépressurisation de l'enceinte de confinement ne sont actuellement plus nécessaires. Il n'y aurait donc plus de rejet direct de produits radioactifs dans l'environnement pour l'instant. Ceci est néanmoins à confirmer dans la mesure où l'enceinte n'est pas refroidie.
Un relâchement de vapeur survenu en fin d'après-midi le 21 mars est toujours présent, sans qu'une explication ne soit fournie. Ce relâchement pourrait être à l'origine de rejets vus sur une balise de site. L'IRSN n'est pas en mesure, à ce stade, de déterminer si cette vapeur provient de la piscine, du réacteur ou d'une autre source.

Réacteur n°3

Le coeur du réacteur est partiellement endommagé. L'injection d'eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d'assurer le refroidissement du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé. La vapeur produite dans la cuve au contact du combustible s'évacue dans l'enceinte de confinement qui semble toujours étanche (sous réserve compte tenu des dégagements récemment constatés et des évolutions de pression dans cette enceinte). Les opérations de dépressurisation de l'enceinte de confinement ne sont actuellement plus nécessaires selon les autorités japonaises Il n'y aurait donc plus de rejet direct de produits radioactifs dans l'environnement pour l'instant. Ceci est néanmoins à confirmer dans la mesure où l'enceinte n'est pas refroidie.
La partie supérieure du bâtiment réacteur avait été soufflée par une explosion.

Réacteur n°4

La partie supérieure du bâtiment est endommagée.

Réacteurs n°5 et 6

Le coeur de chacun de ces réacteurs est chargé en assemblages combustibles. Une injection d'eau dans ces cuves est maintenant en cours par un système normal. La pression, la température et le niveau à l'intérieur de la cuve sont maitrisés. Ces réacteurs disposent de deux groupes électrogènes et d'une source électrique externe.

Source IRSN 22 mars 2011. 6 heures


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