Jusqu’au 27 mars le Palais de Tokyo présentera Cantilever de l’artiste conceptualiste allemand Karsten Födinger. L’œuvre de Födinger est un pari intéressant à regarder la modernité et son expression conceptuelle du pouvoir, en suivant l’école d’un des sculpteurs les plus remarqués du XXème siècle, Richard Serra.
Innovateur et défiant, Födinger construit son œuvre sur des déchets – fragments de plâtre et morceaux de béton lancés au hasard sur le sol -. Avec chaque élément la matière contraste avec le vide, en imprimant dans cette dualité le concept des temps créatifs et les difficultés de l’artiste pour arriver à l’objet final: l’œuvre.
L’usage de matériaux simples, de déchets comme des tournevis, du ciment, des courroies et fragments de constructions, résument le côté transitoire des objets et la transformation que le temps donne à l’usage du matériel, créant à partir de ce qui ne sert plus un monde de concepts. Son travail donne la sensation de quelque chose d’inachevé, incite le spectateur et questionne les temps de la réalité et ceux de l’imaginaire.
Il imprime sur ces matériaux simples son origine, son temps personnel, social et historique qui vient de la modernité, dont l’esthétique est en relation avec la construction de chantiers publiques, solides, monumentaux, à grande échelle et avec des matériaux peu raffinés.
De même que Serra, Födinger analyse l’interaction qui existe entre l’énergie et l’équilibre entre les espaces contigus à l’œuvre et y installe les objets qui le connectent avec la perception du spectateur. C’est ainsi que son œuvre Cantilever l’exprime, qui, comme son nom le suggère, ressemble à une coupe saillante d’une route en construction. Elle est constituée de plaques de fer très lourdes qui sont soutenues par des pieds métalliques qui donnent la sensation d’être suspendus de l’épaisse construction, au lieu de la supporter. Sur le sol il y a des choses et sur les murs blancs quelques petits tableaux. L’œuvre nous connecte immédiatement avec l’illusion poétique de la faiblesse et la puissance, en nous déplaçant au sujet du pouvoir et de la réalité. Tout pouvoir se fonde sur la faiblesse de l’autre, se supporte sur beaucoup qui le soutiennent.
Födinger, est un intéressant conceptualiste dont nous pouvons dire que l’idée est plus importante que l’œuvre en soi et dans son essence réside le concept qui interagit et se concrète avec le spectateur. En échappant aux limites imposées par les musées et les sales d’exhibitions d’art, il réalise des interventions à des constructions, qui créent un dialogue architectonique urbain qui réorganisent l’espace et mettent en tension la structure et le design.
Cet intéressant et jeune artiste allemand a commencé à faire ses pas en grand et sa première exposition au Palais de Tokyo le démontre. La critique l’a déjà consacré comme la version 2000 de Richard Serra, en le situant entre les artistes les plus importants de la sculpture conceptuelle.
Pour plus d’information: http://www.palaisdetokyo.com/fo3/low/programme/
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