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REQUIEM pour Anna Akhmatova à Bastille

Publié le 27 mars 2011 par Popov

REQUIEM pour Anna Akhmatova à Bastille

Anna Akhmatova est une poétesse russe-très grande nous dit-on partout-esquissée d'un trait par Modigliani-qu'elle a croisé, inconnu) et qui vécut sous le joug stalinien les moments radieux de  l'aliénation : un mari mort, un fils en prison, une oeuvre condamnée. Egérie du mouvement "acméiste"(bien connu du public français et lettré de l'Opéra) elle a fait les frais d'un passé bourgeois, oisif, d'une vie de nantie quand les prolétaires souhaitaient faire régner une dictature dont seul le récent débat Finielkrault -Badiou-Hazan pourrait donner une idée aujourd'hui.

Requiem d' Akhmatova

C'est ce sujet léger, impliquant , contemporain que Christophe Gristi , dramaturge de Bastille et plume de Nicolas Joel a choisi de traiter pour sous-titrer la musique brillante, post-moderne , contemporaine du directeur du Conservatoire Bruno Mantovani, créateur à l'exigence régulièrement pointée mais à qui manquait juste un bon script, livret, scénario, argument (comment dire aujourd'hui? ) Et le résultat est au fond , étonnant : deux heures environ d'un lyrique new âge qui sur un sujet aussi grave mobilise les sons graves("dans le texte") et parvient à réduire à néant la moindre émotion. Absence d'arias, néant savamment orchestré, musique un peu forte qui souvent prend le pas sur les voix. Avec une distribution remarquable (hésitante, fébrile, fragile Janina Baechle) confrontée à l'enfermement de son fils unique, une utilisation parodique astucieuse  du contre-tenor  Christophe  Dumaux (aux vocalises transformées en bégaiement) ou encore de la sûreté d'assise d'une autre rescapée du récent JULES CESAR, Varduhi Abrahamyan (Cornelia remarquée). A noter aussi (russie oblige) la présence d'un accordéon. Pour les décors on a beaucoup misé sur le petit dessin de Modi, agrandi, démultiplié sur la  scène profonde  de Bastille puis raccourci , amputé par le surgissement intempestif de praticables fonctionnant comme un diaphragme et agissant tantôt comme des fondus au noir tantôt comme boîtes à chaussures qui écrasent , étouffent, enferment la poétesse dans cette version décidément "Ghristique" de l'histoire. Le noir et blanc et toute sa gamme de gris (un choix de palettes intentionnel) contribue à la dépression  ambiante. Oeuvre lyrique assez courte, Akhmatova ne le paraît pas. Juste assez pour ne pas s'ennuyer.Pas assez pour être marqué du feu d'une oeuvre brûlante. Mais il est rare qu'un ouvrage de commande devienne un chef d'oeuvre.

Cinq représentations à Bastille à partir du lundi 28 mars 2011


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