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La chute d’Isabelle Balkany, prémices d’une recomposition à droite ?

Publié le 28 mars 2011 par Hmoreigne

 Effet papillon ? La défaite d’Isabelle Balkany, l’amie fidèle de Nicolas Sarkozy et marraine de son fils Jean, sonne comme un coup de tonnerre dans les Hauts-de-Seine. Dans ce bastion historique de la Sarkozie, l’épouse du député-maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany, pourtant arrivée en tête au premier tour, a été battue par le candidat divers droite : Arnaud de Courson.

Après 22 années au conseil général des Hauts-de-Seine, Isabelle Balkany convoitait le poste de président de l’assemblée départementale. Elle le touchait presque après avoir patiemment et soigneusement tramé une véritable conspiration pour faire tomber l’actuel président, l’ancien ministre Patrick Devedjian. Et c’est elle, contre toute attente, qui reste à terre.

Signe qu’il se passe vraiment quelque chose dans les Hauts-de-Seine, Arnaud de Courson de la Villeneuve a célébré sa victoire sur le parvis de l’Hôtel de ville de Neuilly dont le maire divers droite, Jean-Christophe Fromantin a également nettement battu (70,23%) la candidate UMP Marie-cécile Ménard.

Dimanche soir, dans un communiqué Mme Balkany “prenait acte” du résultat du second tour qui selon ses dires, “l‘affecte profondément“. Avec une certaine aigreur la conseillère générale sortante estimait que son adversaire, M. de Courson, a tiré profit “d’une alliance contre nature de la gauche et de l’extrême droite“. 

On ne manquera pas du côté de l’Elysée d’analyser très finement les raisons de cet échec improbable. Le résultat confirme les craintes de certains membres de la majorité qui s’alarment depuis plusieurs mois de l’effondrement de la base électorale de l’UMP et surtout du rejet dont est victime le chef de l’Etat.

Hier contre-productif dans la bouche de la gauche, le TSS (Tout Sauf Sarkozy) semble prendre racine chez les électeurs de droite. Dans ce qui ressemble à un mouvement de balancier, les déçus du Sarkozysme semblent désormais prêts à faire crédit à une droite classique, modérée, dont ils dénonçaient hier encore la tiédeur.

La bonne image dont bénéficie à droite François Fillon illustre cette tendance. Le message sera sans doute entendu par le président mais, sera-t-il écouté ? La dérive droitière de l’exécutif est imputée en grande partie à l’influence croissance de son conseiller de l’ombre, Patrick Buisson.

Un revirement est toujours possible mais l’opinion semble justement lasse de la politique à la godille de Nicolas Sarkozy. Les qualités de fin stratège prêtées à ce dernier, qui n’hésitaient pas à se prévaloir de jouer le rôle de DRH du PS, ont été remplacées par les interrogations sur une politique de gribouille, illisible pour son propre camp.

Passé le second tour des élections cantonales, c’est un nouveau chapitre de la vie politique française qui débute. La campagne des présidentielles peut commencer. Sans aller jusqu’à lire dans les entrailles, il semblerait que l’électorat de droite, sans contester à Nicolas Sarkozy sa qualité de candidat naturel pour 2012, lui adresse le message qu’il n’est plus incontournable.

La balle est aujourd’hui au centre. Usée par le recours abusif aux clivages à la mise en opposition des français entre eux, l’opinion publique angoissée par un monde devenu financièrement, économiquement et technologiquement incontrôlable est à l’affût d’un pouvoir politique qui ne soit pas anxiogène mais au contraire, rassurant.

Face aux menaces, le réflexe naturel est de se regrouper, de serrer les coudes, de retrouver des gestes de solidarités. De François Hollande en passant par DSK sans oublier le Nouveau Centre de Morin, le Modem de Bayrou et le Parti Radical de Borloo, un boulevard se dessine pour le centre étendu au gaullisme social. La seule interrogation est de savoir de quel côté penchera le plateau de la balance. Centre droit ou centre gauche ?

En décrétant dimanche soir qu’il faudra compter avec le FN pour les prochaines législatives et que la formation frontiste avait pour vocation à devenir le pôle de rassemblement majoritaire à droite, Marine Le Pen a encore réduit les derniers espoirs de Nicolas Sarkozy. Le Chef de l’Etat ne pourra pas compter sur un accord à l’italienne avec le FN pour sauver, en cas de victoire en 2012, les députés UMP. Face à des triangulaires une grande partie d’entre eux est condamnée à rester sur le carreau.

La versatilité étant une qualité plus répandue que la fidélité, les parlementaires attachés à leur siège ont désormais tout intérêt à se trouver une nouvelle virginité en se rangeant derrière un nouveau champion. Sans être encore le Titanic le navire de la majorité a pris des allures de Bounty .

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