« Crier sur les toits, le 7 avril », c’est l’étrange invitation qu’il est possible de voir actuellement sur les panneaux d’affichages rennais, accompagnée de photographies de personnes criant sur des toits. Ces affiches sont également visibles jusqu’au 22 avril 2011 à la Galerie Art et Essai à Rennes, puis à l’espace Argos à Bruxelles et dans les rues de la capitale belge du 26 avril au 18 juin prochain.
Ce dispositif est résulte de la coopération entre l’artiste espagnol Jordi Colomer et les étudiants du Master Métiers de l’exposition de l’Université Rennes 2. Jordi Colomer est célèbre pour ses travaux, principalement de photographie et de vidéo, qui questionnent les rapports entre la ville et ses habitants, en mélangeant architecture, théâtre et sculpture, le tout teinté d’une note d’humour.
Pour le projet « Crier sur les toits », l’artiste a fait monter une soixantaine de personnes sur les toits des plus hauts immeubles de Rennes, pour des shooting individuels à partir desquels il a sélectionné une vingtaine de clichés. Ceux-ci ont été tirés sur près de 1500 affiches, collées sur les murs de la galerie et un peu partout en ville.
La présence d’œuvres au sein de l’espace public n’est pas quelque chose de nouveau, mais ici l’artiste fait la promotion d’une hypothétique journée mondiale, où tous les habitants sont invités à réactiver les espaces désertés que sont les toits d’immeubles, par leurs cris, imitant les personnages des photographies. Cette invitation peut sembler tentante pour toutes les personnes ayant accès à un toit d’immeuble et n’ayant pas le vertige, cette action de « crier sur les toits » traduisant une sorte de fantasme du citadin.
Mais lorsque l’on s’approche de l’affiche pour tenter d’y lire une indication plus précise d’heure ou de lieu, on trouve uniquement les informations suivantes: « 1. Crier sur les toits consiste à ne pas se taire dans les caves. 2. Or se taire dans les caves est une occupation triste. 3. Donc il est nécessaire de crier sur les toits pour être heureux ». Cette journée se présente sous la même forme que la multitude de journées commémoratives et thématiques (journée de la femme, des maladies,…) qui rythment le calendrier sans qu’il ne s’y passe rien de particulier, mais propose simplement une vision poétique de l’usage de la ville par ses habitants.
La Galerie Art et Essai sert de support à l’évènement, et présente dans un espace réduit plusieurs séries des photographies réalisées par Jordi Colomer, en quelque sorte un catalogue de tout ce qu’il est possible de retrouver en ville. En effet, la véritable exposition est celle, éphémère car périodiquement recouverte et renouvelée, présentée sur les panneaux d’affichage. Cette façon d’exposer montre bien que c’est l’usage qui fait l’exposition: les passants interrogateurs s’arrêtant devant les affiches ont un regard plus attentif, plus proche de celui de la contemplation d’un objet d’art, que le spectateur de la galerie, saturée des dizaines de portraits, qui ne sait pas où concentrer son regard.
Les plus:
- une réflexion poétique et originale sur les relations entre la ville et ses habitants
Les moins:
- il faut être chanceux et avoir l’œil pour apercevoir les affiches en ville, elles sont recouvertes en moyenne en deux jours!
Plus d’images : Galerie Picasa
Commissariat:
Master 2 Professionnel « Métiers et Arts de l’Exposition » : Karima Boudou, Elodie Condette, Laure Coudouel, Julie Crusot, Bertrand Flanet, Blandine Houtekins, Aurélie Joulain, Justine Klemenko, Luisa Moreno Sanz, Jeanne Vellard, Pierre Viellard. Sous la direction d’Elvan Zabunyan, David Perreau et François Aubart.
Plus d’informations:
http://www.masterexposition.com/
Par C.M. (qui crie sur le toit)
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble