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Le 1er avril 2011, on se lève tous pour GDF-Suez !

Publié le 01 avril 2011 par Kamizole

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Il est pas frais mon poisson ? Hélas, il ne s’agit cette fois nullement d’une plaisanterie de 1er avril. A peine avions-nous posé le pied par terre ce matin – et sûrement le mauvais ! – que nous savions qu’à partir d’aujourd’hui nous payerions le gaz 5,2 % plus cher (Le Figaro du 28 mars 2011) qui m’apprend – je ne vis pas avec une calculette à la main – que «cette nouvelle hausse porte l’augmentation des tarifs sur un an à 21 % et même 61 % depuis le mois de juillet 2005»… Si nos salaires et retraites avaient augmenté dans les mêmes proportions, nous le saurions mais l’Insee - qui ne s’y connaît que trop pour trafiquer les indices - nous assurera une fois de plus que nous avons le simple «sentiment» d’une énorme perte de pouvoir d’achat depuis le passage à l’euro… Pour la petite histoire, c’est également aujour-d’hui que la CNAV nous octroie fort généreusement 2 % d’augmentation sur nos maigres retraites : peanuts, quoi !

En attendant très certainement la future et sans doute fort prochaine augmentation ! Celle-ci était même prévue dès le 1er juillet mais selon les Echos (1er avril 2011) Le gouvernement envisage de geler les tarifs du gaz jusqu’à… la présidentielle ! Maintenant que l’ogre libéral s’en est mis plein la panse, il peut bien faire un peu carême, hein ? Merci encore une fois de prendre les Français pour de parfaits cons. Nous y sommes telle-ment habitués. Constatons toutefois que leurs recettes magiques sont de plus en plus inopérantes sur le plan électoral : Sarko et sa bande prenant baffes sur baffes à chaque élection.

Plus que jamais les consommateurs et clients – il y a belle heurette que l’on ne parle plus “d’usagers” ni moins encore de “services publics“… de vrais gros mots ! – sont les cochons de payants, proies élevées comme les faisans dans une sorte de captivité pour la “chasse aux pépètes” menées tambour battant pour le plus grand bénéfice des multinationales ; leur dirigeants et actionnaires. Il ne reste plus qu’à nous plumer à sec (Aïe ! Aïe) et toutes les occases sont bonnes.

Bien aidés en cela par le gouvernement, Eric Besson en tête. Lequel, qui n’a jamais dû tirer le diable par la queue – ni moins encore être socialiste - justifie une future augmentation des tarifs d’EDF de 5 %… par an ! EDF réclame 30 % en 5 ans (Le Figaro du 23 mars 2011) – on nous tond par tous les bouts de la chandelle ! – en la disant «modérée»… Ben voyons !

Même le très “gauchiste” Figaro reconnaît sous la plume de Fabrice Nodé-Langlois que les prix de l’énergie acca-blent les plus modestes «Près d’une famille sur dix en France (9%) se plaint du froid lié à un chauffage insuf-fisant ou à une mauvaise isolation, selon une étude de l’Insee sur le mal-logement parue en janvier. Pour une famille qui se chauffe au gaz ou au fioul et se déplace en voiture, les hausses récentes des hydrocarbures représentent 900 euros de surcoût sur l’année, indique l’association de défense des consommateurs Familles rurales»…

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900 euros soit le montant mensuel du “seuil de pauvreté” dont nous savons que 8 millions de personnes vivent en France en dessous de cette somme qui est loin d’être le Pérou.

Je m’en voudrais de faire du “misérabilisme” – je survis d’autant plus sans nulle honte sur la Planète pauvre que je n’ai jamais eu de goûts de luxe et suis épicurienne au vrai sens du terme : se contenter de ce que l’on a - mais avouez quand même qu’entre les revenus astrono-miques des multimilliardaires gloutocrates qui en veulent toujours plus -«πγεονξχία» - et ceux des plus pauvres et classes moyennes guère mieux traitées, il y a quelque chose qui frise non seulement l’injustice sociale mais surtout ! l’indécence. En 2007 le candidat Sarkozy prétendait réhabiliter la «valeur travail»… en quatre ans, tout en spoliant les plus déshérités, il aura surtout fait grimper les «valeurs» cotées en Bourse !

Fabrice Nodé-Langlois relaie un coup de gueule de «Que choisir» Après la trêve, un nouveau coup de massue injustifié !… qui rappelle «que c’est toujours l’Etat qui fixe les barèmes des tarifs réglementés, même s’il essaie de s’abriter derrière la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) pour prendre les décisions d’augmen-tation tarifaire». Grâce à son président, Philippe de La Doucette – Ex PDG des Charbonnages de France et surtout de la Société nationale d’Electricité et de thermique (SNET) – vous pouvez être certains que les intérêts des électriciens et gaziers y seront bien représentés !

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«Que choisir» met en évidence un parfait scandale, souligné par ailleurs par d’autres articles, à savoir qu’en réalité l’opérateur ne répercute pas les baisses du prix du gaz dont il bénéficie pour certains contrats : «cette augmentation est inacceptable d’un point de vue économique. Le cours du gaz sur les marchés de gros a chuté ces dernières années (- 30 % entre novembre 2008 et septembre 2010). Or, GDF-Suez s’approvisionne en partie sur ces marchés et a renégocié ses contrats d’approvisionnement pour qu’ils ne soient plus entière-ment indexés sur les produits pétroliers. Mais le consommateur continue de payer son gaz au prix fort, selon une formule tarifaire toujours obsolète malgré sa récente révision, puisqu’elle ne tient pas suffisamment compte de cette nouvelle donne».

Le Figaro du 1er avril 2011 Le gouvernement pourrait geler les tarifs du gaz précise «qu’outre le gel pur et simple des hausses potentielles, les ministres envi-sagent une autre option : la révison de la méthode de calcul des tarifs gaziers. Pour l’instant, la formule ne tient compte que des volumes achetés par GDF Suez via des grands contrats d’approvisionnements signés avec des fournisseurs comme Gazprom, Sonatrach ou Statoil. Or l’opérateur a également signé des contrats de court terme à moindre coût qui, pris en compte, feraient baisser les coûts d’approvisionnement de GDF Suez et donc à terme les tarifs pour le consommateurs. C’est ce qu’avait conclu la Commission de régulation de l’énergie dans une délibération datée du 31 août 2010.

Vous avez bien lu ! la même CRE qui vient d’autoriser l’augmentation de 5,2 % sur des bases de calcul qu’elle savait pertinemment – depuis 6 mois ! - faussés… Je préfère ne pas dire ce que je pense – dans les termes qui me viennent spontanément - de cette bande de gnolguis. «Le 1er mars Éric Besson a demandé à GDF Suez de renégocier de nouveau ses contrats d’approvi-sionnement à long terme auprès de la Norvège, l’Algérie et la Russie afin qu’ils reflètent plus la baisse des prix du gaz sur le marché mondial et soient moins indexés sur le pétrole. Mais cela ne l’a pas empêché d’entériner la dernière hausse». Plus hypocrite, tu meurs !

Les consommateurs qui se chauffent au gaz auront vu leur facture s’alourdir de 150 euros l’an dernier et devraient payer 50 euros supplémentaires avec cette nouvelle hausse. Le Figaro rappelait le 1er mars 2011 Hausse du prix du gaz de 5% le 1er avril prochain que «Le 1er avril 2010, il avait bondi de 9,7%. En juillet dernier, il s’était à nouveau apprécié, de 4,7%. Cet hiver, le gouvernement avait décrété une pause»… Sans doute pour ne pas indisposer les consommateurs – qui sont aussi des électeurs ! – avant les cantonales… Vous remarquerez comme moi que du 1er mars au 1er avril, GDF-Suez aura même obtenu une rallonge : 5,2 % au lieu des 5 % annoncés.

La différence peut paraître minime sur la facture d’un usager – 2 euros par an pour 1000 euros annuels mais cela fait un sacré pactole pour le gazier si vous multipliez par le nombre d’abonnés : 7 millions d’abonnés chauffés au gaz donc 36.4 millions d’euros d’augmentation au lieu de 35 millions qui tomberont par enchantement dans l’escarcelle magique de GDF-Suez pour le plus grand bonheur des actionnaires et autres prédateurs en n’ayant garde d’oublier Gérard Mestrallet, son PDG dont Libération nous apprenait le 19 janv. 2010 qu’il avait empoché 830.500 euros sur ses stock-options

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Comment ne pas penser à ces employés de banque indélicats qui avaient réussi à détourner des sommes faramineuses uniquement en prélevant les montants “invisibles” sur les opérations : au-delà des centimes et qu’ils viraient sur des comptes créés pour l’occasion ? «Les petits ruisseaux font les grandes rivières»… de diamant !

Même si l’on ne se chauffe pas au gaz, nous sommes encore plus nombreux à l’utiliser pour cuisiner… Avez-vous envie d’engraisser davantage Mestrallet et ses actionnaires ? Quelques simples conseils : utiliser de préférence une cocotte-minute (ne croyez surtout pas ceux qui vous diront que c’est moins bon !) et toujours mettre un couvercle pour chauffer l’eau des pâtes ou d’autres plats.

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De surcroît, Le Figaro m’apprend que le Médiateur de l’énergie serait saisi d’un nombre croissant de plaintes GDF-Suez gonflerait les factures de ses clients (26 août 2010). Ce que signalait déjà Elsa Meyer sur E24 (excellent supplément économie de 20 minutes) le 20 mai 2010 La “jungle” du marché de l’énergie pour les consommateurs.

Un vrai festival de pratiques pour le moins douteuses ! Par le biais des estimations de consommation gonflées, le gazier encaisserait nettement plus et ne rembourse qu’à la fin de l’année : «Une façon de se faire de la trésorerie sur le dos des clients» selon Le Parisien… Ensuite, le Médiateur estime que «les calculs de facturation sont tellement compliqués qu’il faut avoir fait Polytechnique pour les comprendre !»… Comment le consommateur lambda pourrait-il être certain de l’exactitude du montant du remboursement ? Arnaqué aussi sûrement qu’un naïf badaud par un joueur de bonneteau aux Puces de Clignancourt !

Enfin, et en toute illégalité, GDF-Suez ne craint nullement de répercuter rétroactivement les hausses de tarif : ainsi un consommateur qui a relevé qu’une hausse de tarif intervenue au 1er avril 2010 lui a été facturée dès la mi-2009… Je ne sais pas si vous avez le souvenir des anciennes factures d’EDF et GDF mais quand un changement de tarif intervenait une partie de la consommation était indexée sur l’ancien tarif et l’autre sur le nouveau. Les «barons voleurs» ne s’embarrassent pas de tels scrupules.

Ceci dit, c’en est exactement de même et depuis belle heurette, s’agissant du prix des carburants et du fioul domestique : à peine une augmentation est-elle décidée par l’OPEP ou intervenue sur les marchés qu’elle est instantanément répercutée à la pompe lors même qu’ils avaient les produits en stock ou négociés selon l’ancien barème… Ils gagnent à tous les coups et sur tous les tableaux, étonnez-vous ensuite que leurs profits ne cessent de pulvériser les records et que leurs dirigeants et actionnaires se fissent des fouilles en or.

Qu’en serait-il si le projet – à ma connaissance fort heureusement resté jusqu’à présent dans les cartons – d’une hausse des tarifs d’électricité lors des pics de consommation (Libération du 20 janv. 2010). Qui contrôlerait que ces tarifs plus onéreux seraient strictement appliqués lors des seuls pics de consommation ?

Comme je n’ai guère envie de me geler les fesses ni les pieds (parties de mon anatomie les plus sensibles au froid) je n’irais pas jusqu’à faire l’expérience de couper le chauffage dans ces moments-là mais je vous fiche mon billet qu’un consommateur – qui aura été absent pour une période plus ou moins longue lors d’un épisode de grand froid et aurait coupé l’alimentation électrique au compteur – ne se verrait pas moins infliger ce tarif fort !

Eric Besson «Face à cette hausse des prix de l’énergie qui préoccupe “légitimement” les Français a annoncé mardi soir l’augmentation de 20% du rabais dont bénéficient 300.000 ménages modestes, soit une réduction supplémentaire de 24 euros sur une facture moyenne de 142 euros».- on a vu dans le passé comment EDF s’était bien torché le cul avec les tarifs dit sociaux ! – et lancerait une «prime à la casse des chaudières anciennes» de 250 euros maximum».

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Sachant que les premiers prix avoisinent 1600 euros (pose comprise) et que les constructeurs proposent d’abonder cette prime à la casse – jusqu’à 600 euros au total, ais-je lu – pour profiter de cet effet d’aubaine, il restera que les ménages les plus modestes trouveront difficilement les 1000 euros restant à leur charge. Cela ne paraîtra pas beaucoup à certains mais c’est souvent l’équivalent d’un mois de salaire pour ces personnes qui ont déjà les plus grandes difficultés à joindre les deux bouts. Déjà souvent surrendettées – le nombre de dossiers soumis à la Banque de France explose – et quand bien même n’auraient-elles pas de crédits en cours, ce sont elles à qui les banques prêtent le plus difficilement ou à des taux exorbitants (quasi usuraires) par le biais des crédits revolving.

Je ne défends nullement «l’assistanat» qui dérespon-sabilise à l’évidence – avec mes maigres 900 euros de retraite, je suis bien placée pour savoir que le moindre écart coûte bonbon et que mieux vaut savoir se serrer la ceinture, bon gré mal gré - mais au moment où nous apprenons que les banques font des profits à tire-larigot ne serait-il pas possible d’envisager un prêt à «taux zéro» sur deux ans pour les ménages qui ont les plus faibles revenus ? Il fut un temps où les CAF (Caisses d’allocations familiales) qui disposaient d’un fonds social, prêtaient relativement facilement et sans frais aux ménages modestes pour des acquisitions ou rempla-cements de matériels indispensables (frigo, machine à laver, etc.). Elles ne prenaient aucun risque puisqu’elles défalquaient ensuite mensuellement les remboursements sur les prestations servies aux allocataires. Je ne saurais dire si c’est toujours le cas.

Eric Besson a par ailleurs installé le 1er mars l’Obser-vatoire national de la précarité énergétique «chargé d’assurer le suivi des aides financières apportées aux ménages précaires, mais aussi de mieux mesurer le phénomène». Je trouve réellement stupéfiant le nombre «d’Observatoires» divers mis en place notamment pour mesurer la pauvreté et la précarité. Nous formons une curieuse espèce de papillons (papilio pauperus) sous la loupe d’entomologistes forcément aussi distingués que méprisants. Il fut un temps lointain où Clemenceau déclara «Quand on veut enterrer un problème on crée une commission»… aujourd’hui on met en place un «observatoire» !

Les pouvoirs publics ont donc déployé une panoplie d’outils destinés à réduire la consommation d’énergie des logements. Ainsi, une enveloppe de prêts de 1,2 milliard d’euros destinée sur la période 2009-2011 au financement des travaux pour les 100.000 logements «énergétivores» jugés prioritaires. Sur 800.000 pour le seul parc locatif HLM et lors même qu’une étude a démontré que le phénomène touchait essentiellement – 62 % - les propriétaires occupants, souvent établis en zone rurale. Selon Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement «des travaux d’un montant de 10.000 à 12.000 euros permettent de réduire en général la facture énergétique de 25%».

Les Conseils généraux sont mis à contribution pour compléter les subventions de l’Etat et financer les travaux d’isolation et de chauffage jusqu’à 80 %… Toujours selon Apparu «Il est plus efficace d’aider à faire des travaux qui génèrent de l’emploi et des économies d’énergie que d’aider à payer des factures»… Lui, n’aura sans doute dans sa vie de politicien jamais eu de difficultés à régler la moindre facture… D’autant que je rappelle qu’il bénéficia fort longtemps d’un logement HLM à Paris, à un tarif défiant toute concurrence par rapport aux prix du marché, lors même qu’il n’avait aucun problème de revenus.

S’agissant de la hausse de tarif revendiquée par EDF, le moins que l’on en puisse dire est que Pierre Gadonneix ou Henri Proglio – son successeur, nommé par Nicolas Sarkozy et qui défraya la chronique en restant en même temps à la tête de Véolia, percevant double salaire ! - ont de la suite dans les idées. Nous lisions le 26 janvier 2010 qu’EDF pourrait augmenter ses tarifs de 24% entre 2010 et 2015 (20 minutes) ce qui fut bien entendu «démenti»… Chaque fois que nous voyons ce mot, à n’importe quel sujet, nous pouvons être par avance certains que les faits confirmeront l’information.

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Qui se souvient encore que la même revendication fut exprimée en juillet 2009 : +20% pour la facture d’électricité en 2012 ? (Libération du 8 juillet 2009) ? Et que la revendication d’EDF déclencha un tollé quasi général. Jean-Marcel Bouguereau écrivit avec beaucoup d’humour le 7 juillet 2009 sur son blog du NouvelObs qu’EDF veut le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière…

Il n’eut pas celui de Christine Lagarde : “EDF demande la lune” (Le Point, 9 juillet 2009)… «Le gouvernement n’est “absolument pas lié par les appréciations” d’EDF». Du moins était-ce la position publique de la ministre de l’Economie et des finances mais changement de ton devant les députés Hausse des tarifs d’EDF: Gadonneix persiste, Lagarde dans le flou (Libération du 9 juillet 2009) car elle devait déclarer à l’Assemblée nationale – donc le jour même ! – qu’il fallait «envisager des hausses tarifaires pour financer les investissements d’EDF»…

Quitte à me faire rentrer une fois de plus dans le lard par les habituels thuriféraires de l’ultralibéralisme, j’ose affirmer que ce devrait être à l’Etat de prendre en charge les infrastructures – centrales nucléaires, réseau de distribution et notamment des lignes à haute tension (quid de l’enfouissage indispensable : tempêtes, inondations, chutes de neige abondantes ? trop cher, nous répond-on…) idem pour le réseau ferré de la SNCF et la construction des lignes TGV - et que jusqu’à présent les prétendus investissements d’EDF ont surtout consisté à racheter des concurrents à l’étranger (Etats-Unis et Grande-Bretagne) pour des résultats absolument calamiteux…

Or donc, Pierre Gadonneix plaida de nouveau pour une hausse de 30% à 40% des tarifs sur trois ans malgré la polémique suscitée par sa demande et ne craignit pas un beau mensonge, affirmant que l’augmentation représen-terait 2 à 3 euros par mois… vite contredit par Que Choisir EDF : 20% de hausse égale 12 € par mois (Flash-Actu du Figaro, 9 juillet 2009). Plus concrètement, en tablant sur une augmentation appliquée sur 4 ans, «les factures des consommateurs progresseraient ainsi de 3 euros la première année, de 6 euros la seconde année, de 9 euros la troisième année et enfin, de 12 euros la quatrième année».

Mais bordel de merde, ce n’est pas assez !

Une augmentation de 100 % immédiatement et que l’on en parle plus. Si : la même opération renouvelée tous les ans jusqu’à ce que les consommateurs crèvent de misère, de froid et de faim – ce sera d’ailleurs bientôt chose faite avec le boom du prix des denrées alimentaires Prix alimentaires : des hausses spectacu-laires (Le Figaro du 22 mars 2011) - où l’art et la manière de se débarrasser définitivement des salauds de pauvres. A ce propos, j’avais entendu il y a déjà un certain temps Pierre Jovanovic dire dans son émission à la radio FM “Ici et maintenant” que dans les hyper et supermachés britanniques on trouvait désormais des “antivols” électroniques sur les barquettes de viande ! Révélateur de l’ampleur de la crise…

Nous sommes prévenus “Le prix de l’électricité ne peut qu’augmenter” pour le médiateur de l’énergie (E24, 20 mai 2010) tout cela pour se plier aux exigences de Bruxelles mises en musique par la Loi Nome (nouvelle organisation du marché de l’électricité) qui indique que les coûts complets de production du parc électronucléaire (dépenses d’exploitation, d’investisse-ments, charges nucléaires à long terme)» doivent être pris en compte. EDF dénonçant la faiblesse des prix réglementés, insuffisants pour assurer ses besoins en investissement pour l’entretien et la prolongation du parc nucléaire et le développement des énergies renouvelables et prétendant que les tarifs réglementés sont inférieurs à l’inflation depuis les années 1980…

Ouaip ! Si l’on parle de l’inflation (mal) mesurée par l’Insee mais quant à l’inflation réelle, les augmentations des tarifs d’EDF qui se succèdent à jets rapides depuis quelques années l’entretiennent et lui font la courte échelle…

Sans doute faut-il remercier en tout premier lieu la Commission de Bruxelles qui poursuit avec acharnement son œuvre de destruction massive de la protection sociale et des services publics. Bien au-delà de l’esprit du traité de Rome (1957). L’Acte unique (1987) de François Mitterrand ne nous a rien apporté de bon, bien au contraire ! Mais pourquoi diable Lionel Jospin a-t-il accepté de signer avec Jacques Chirac en mars 2002 à Barcelone le texte permettant la libéralisation du marché de l’électricité ? Il en fut bien récompensé au demeurant le 21 avril 2002

:)

Cette libéralisation est une aberration économique car à côté de producteurs d’énergie, fournisseurs «histo-riques» - EDF pour l’électricité, GDF pour le gaz ; les mêmes opérateurs publics existant dans la plupart des Etats européens - on trouve de simples fournisseurs qui ne produisent rien (sinon de substantiels bénefs !) et utilisent les réseaux de distribution des entreprises de service public. Utilité économique et sociale = zéro… ou comme le soulignait Marianne EDF privatisée = électricité plus chère (10 juillet 2009) : «Le patron d’EDF, Pierre Gadonneix, demande une hausse de 20% des tarifs de l’électricité. Et tempère ses propos avec cynisme: pas tout de suite, sur trois ans. Mais s’il oublie vite ses promesses, on se charge de les lui rappeler: la déreglementation et la concurrence devaient faire baisser les prix»…

C’est bien sûr l’inverse qui se produit et les consom-mateurs n’ont pas d’autre choix que payer. Qu’ils ne s’avisent surtout pas de faire des économies d’énergie nonobstant les invites du gouvernement (il s’agit uniquement de faire vendre des chaudières de dernière génération ou financer des travaux d’isolation des logements) car il pourrait leur en cuire… Se faire TAXER pour “NON CONSOMMATION” ? En Sarkozie, «Ensemble tout est possible»… surtout le pire !

Je ne sais pas s’il vous en souvient mais j’avais épinglé en son temps (29 juillet 2009) cette monstrueuse connerie ultralibérale : EDF va être indemnisé pour les économies d’énergie de ses clients (Libération 18 juillet 2009) qui nous apprenait que «Selon une délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) datée du 9 juillet et qui vient d’être publiée, la loi (!) impose que Voltalis rémunère les fournisseurs «pour l’énergie injectée mais non consommée par ses clients»… En conséquence l’opérateur Voltalis qui commercialise des boitiers permettant de réduire la consommation d’électricité devra indemniser EDF pour compenser «le manque à gagner»…

Il s’agit – tenez-vous bien ! – d’instaurer ni plus ni moins qu’une «taxe sur les économies d’énergie» ! On aura tout vu… Autrement dit, puisque EDF produit de l’électricité – se soucie-t-elle des besoins réels de ses clients ? - nous DEVONS la consommer sous peine d’être taxés.

Nous sommes faits aux pattes dans tous les cas de figure que ce soit au tirage – quand nous consommons de l’électricité, de plus en plus chère – ou au grattage – lorsque nous cherchons à en réduire la consommation. Sur le mode : «face : je gagne ; pile : tu perds»… Peut-on encore parler de liberté et même de démocratie ? Certes, le client n’a jamais été roi que dans les slogans mais nous devenons non seulement des «sujets» - et nullement de droits ! – mais pire des esclaves moins libres encore que les serfs et manants de l’Ancien Régime.

Dans le même ordre d’idée, j’ai lu dernièrement qu’une retraitée particulièrement vigilante sur sa consomma-tion d’eau – prenant des douches plutôt que des bains et faisant attention à ne pas la gaspiller – s’était vu menacée par son fournisseur – les multinationales de l’eau sont du même acabit que celles du gaz et de l’électricité, vivant de leurs rentes de situation sous les auspices de l’Etat, lui-même aussi prédateur - d’un tarif supérieur pour «consommation anormalement basse» !

Nous pourrions légitimement penser qu’en cette période pré-électorale il y aurait des pauses dans toutes les augmentations prévues et prévisibles. Permettez-moi d’en douter, au-delà des simples effets d’annonce toujours mensongers : les prédateurs gloutocrates – y compris l’Etat ! - sont devenus tellement avides, accro au flouze des cons…sommateurs, sûrs et certains que le peuple ne bronchera pas et courbera l’échine comme toujours qu’ils n’ont plus aucune retenue et ont oublié jusqu’à l’existence du mot «modération».

La «France qui souffre» est totalement étrangère aux préoccupations des dirigeants de l’Etat aussi bien que ceux des multinationales. Nous sommes de la «chair à payer» et peu leur chaut que les temps soient de plus en plus difficiles pour un nombre croissant d’entre nous. Je lisais dernièrement sur Le Figaro (31 mars 2011) que Trois millions de Français renonceraient aux vacances parmi ceux qui étaient partis en 2010… Et qu’en outre, plus de la moitié des autres prévoient de rester en France pour des vacances moins longues et à budget réduit…

Ce me sera aussi l’occasion d’épingler une nouvelle connerie de première bourre : est désormais comptabilisé comme «vacances» le fait de passer UNE NUIT en dehors de son domicile ! Jusqu’à présent, si ma mémoire ne me trahit pas, il fallait un minimum de 4 nuits de découcher pour que l’on parlât de vacances, ce qui correspondait en règle générale à un grand week-end avec un pont.

C’est à peu près du même ordre que la dérive sémantique et statistique consistant à ranger les smicards dans la catégorie des classes moyennes ! Bien évidemment, cela reflète la réalité des revenus y compris des classes moyennes de plus en plus paupérisées et sans perspectives d’avenir pour leurs enfants. Mais quand même ! Jusqu’où la statistique et une certaine sociologie - loin du «sport de combat» de Pierre Bourdieu ! - pourront-t-elles s’abaisser pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?

Je ne voudrais pas être une hirondelle annonçant plutôt le malheur que le printemps mais j’ai bien peur que l’année 2011 (et sans doute 2012) ne ressemblât tragiquement à «l’année inhumaine» (1923) en Allemagne. Mes amis, préparons-nous à des temps de plus en plus difficiles. Nos dirigeants n’en ont cure mais – ne perdons pas malgré tout le sens de l’humour – puisqu’il est question de voyage et que les hôtesses d’Air-Sarko ne manqueront aucune occasion de demander aux passagers - embarqués bien contre leur gré dans cette galère de boucler leur ceinture de plusieurs crans supplémentaires - j’espère que ces jean-foutre qui prétendent nous gouverner prendront l’avion directissime «Aéroport de Paris – je fonce dans le mur» avec un grand crash en avril et mai 2012

:)

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