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Banderille n°360 : Le PS meurt mais ne se rend pas

Publié le 05 avril 2011 par Toreador

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Par Toréador | avril 5, 2011

Le PS ne dévoile pas sa recette…

Affligeant programme du Parti que voilà, pêle-mêle improbable de mesurettes et de grandes orientations. Par la magie de la classification à la Prévert, la sortie du nucléaire jouxte le CV anonyme. Il n'y a guère que dans le dictionnaire où on puisse mélanger les coqs et les ânes ainsi. Mettre sur le même plan le big-bang fiscal et le mariage des homosexuels et l'adoption par iceux, il faut le vouloir.

Sur le fond, si je laisse de coté l'inutilité de l'exercice en l'absence de candidat adoubé [un programme sans candidat, c'est comme un canard sans tête ], l'électeur en recherche de second souffle ou d'alternative en sera pour ses frais. Il n'y a pas de vision globale de l'avenir, de la France et de sa République.

Les mesures ont été cataloguées à la hâte sans qu'on réfléchisse véritablement à leur faisabilité, en ces temps de disette budgétaire. Prenez par exemple l'idée de moduler l'impôt sur les sociétés pour "punir" les "mauvaises" entreprises qui versent des dividendes aux actionnaires. Comment vivrait l'Etat s'il ne percevait pas son écot provenant de ses nombreuses participations ? Va-t-il désormais devoir faire une croix sur les milliards reçus ?

D'autant que visiblement, le slogan de la nouvelle politique fiscale est "haro sur les dividendes" puisqu'une autre proposition du PS consiste à dissuader les licenciements boursiers, c'est à dire (en bon français) mettre des pénalités financières aux sociétés qui versent des dividendes et qui licencient. Vu qu'elles auront déjà été étranglées au niveau de l'IS, je crains que ce dispositif ne fonctionne guère, ou alors uniquement pour s'assurer de leur mort définitive !

Autre mesure "en recettes" : les eurobonds. Excellente idée, portée par l'Italie notamment. Malheureusement, la plupart de nos partenaires sont contre. On peut toujours proposer, mais il faudrait aller plus loin que le premier réflexe de "trouver de l'argent frais là où il y en a". Des eurobonds, cela veut dire accentuer sans le dire la centralisation monétaire et budgétaire européenne, et donc durcir les critères de convergence, les mêmes qui nous asphyxient au niveau national. Cela veut dire accroître la Dette publique alors que j'avais cru comprendre que nous essayons plutôt d'inverser la tendance. Dans la série, propositions infaisables (quoique pertinentes), je citerais également la modulation des droits de douane pour punir les pays qui ne respectent pas certaines normes. D'une part, les règles de l'OMC (la clause de la nation la plus favorisée) l'interdisent. D'autre part, même si nous y arrivons juridiquement, je doute que l'ensemble de l'UE soit prête à une guerre commerciale avec la Chine…

Enfin, il y a les "fausses-bonnes idées", comme le "grand impôt sur le revenu prélevé à la source". Primo, cela veut dire qu'il faudra s'abstenir d'imposer une année durant pour ne pas imposer doublement pour le même revenu (Si vous payez en 2011 les impôts dûs au titre de 2010, l'Etat ne peut pas vous prélever la même année les impôts dus pour 2011) et donc "combler" un trou de 50 milliards. Secundo, cela veut dire que nos trois grands impôts – IS, TVA, IR – seront tous imposés sur la base fiscale d'une même année. Imaginez  un peu l'année des subprimes lorsque tous vos impôts plongent en même temps, le trou qu'il faudra éponger pour maintenir un déficit acceptable…

… mais se dépense beaucoup !

Coté dépenses, les idées mirifiques sont légion. Prenons par exemple, le chiffre de 300 000 emplois aidés. Pourquoi 300 000 ? Pourquoi pas 3 millions puisqu'on a 3 millions de chômeurs ? Idem pour les "10 000 policiers de proximité" en plus. Et pour quel coût ? Pourquoi l'Etat réduit drastiquement d'une main le nombre de ses fonctionnaires et de l'autre se crée de nouveaux besoins "dans l'innovation sociale et environnementale" en inventant des emplois précaires ? Quelle courte vue que d'encourager la précarité de l'emploi plutôt que de la combattre ! A quoi ça sert de payer des millions de fonctionnaires si après ils n'ont plus aucun budget d'intervention pour agir ?

Sur les énergies renouvelables, le PS parle d'un "plan massif" (Ca nous change des très galvaudés "Plan Marshall" et autres "Grenelle"). Très bonne idée, mais pour l'instant, l'Etat a encouragé tellement massivement le nouvel eldorado qu'une bulle spéculative s'est créée autour du photovoltaïque. Le coût financier, faramineux, n'a pas permis de constituer une industrie capable d'alimenter à bas prix la population en électricité. Et pendant ce temps là se pose la question de la rénovation de nos centrales nucléaires sur lequel le PS ne dit rien.  

Il y a enfin toutes ces aides mirifiques non chiffrées qui sont adossées à un outil fiscal pensé comme une arme de coercition à géométrie variable que comme un outil budgétaire. On ne peut pas accuser le Président actuel de dresser les Français de souche contre les immigrés et les musulmans, et de l'autre vouloir faire la même chose entre les riches et les pauvres en menant la traque à la biscotte beurrée. Le pompon  reste le détricotage de la réforme Sarkozy des retraites où le PS promet de raser à nouveau gratis, et pour longtemps. Saviez vous que pour la génération qui naît actuellement, le nombre de centenaires se chiffrera en millions ? 40 années de retraite pour 40 années de cotisation : c'est vraiment un chouette pays que le nôtre !

Enfin, il y a les propositions inclassables, comme par exemple celle consistant à dire que l'Etat "orientera" les collectivités locales pour qu'elles achètent des denrées "de proximité". Outre le coté éminemment cosmétique de la chose, je vois mal comment cela ne vient pas battre en brèche le principe de l'autonomie des collectivités locales, dont le PS est pourtant un très grand défenseur. Et puis, pourquoi l'Etat ne commencerait pas à montrer l'exemple en achetant 80% Français ?

Les seules bonnes idées qui sont à sauver dans ce petit inventaire nostalgique se trouve être la Banque publique d'Investissement. Seul problème : elle existe déjà – elle s'appelle OSEO – et ça peut coûter cher, très cher, de créer un nouvel établissement - de l'ordre de plusieurs milliards d'euros en capitalisation. J'aime aussi le plafonnement des loyers. J'aurais été plus directif : je pense qu'il faut plafonner ou geler les prix immobiliers pendant au moins 5 ans. Mais, moi, je ne suis moins libéral que le péhèsse.

Tags: énergies renouvelables, banque d'investissement, eurobonds, fiscalité, impôt sur le revenu, ni fait ni à faire, nucléaire, OSEO, présidentielles 2012, Programme PS

Sujets: Banderille, Toréador critique la Gauche | 1 Comment »

Une réponse “Banderille n°360 : Le PS meurt mais ne se rend pas”

  1. Seb CaReagit Says:
    avril 5th, 2011 at 15:37

    Voilà une belle banderille !
     
    > Bloquer les loyers pendant 5 ans ? On va rire pendant le 6e année ! Ouïe !
    > Bien d'accord avec toi sur beaucoup de points. Le problème centrale – et décrié même au sein du PS – c'est cette histoire de "socle commun" qui voudrait qu'un DSK porte le même programme qu'un Hamon simplement pour l'amour de la bannière socialiste. C'est un doux rêve !
    Bref de l'Etat, beaucoup d'Etat, d'impôts, d'interdictions, de plafonds, de règles. Tout cela ne respire pas la liberté et ne permettra pas à la France de se sortir de sa 64e place au classement des pays en termes de libertés économiques…

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