La souffrance au travail (3/6)

Épisode 3 : Suicides ou meurtres ?

Christophe Dejours affirme qu’il y a un profil particulier du suicidé. Il précise que ce ne sont pas les salariés les plus fragiles, les plus déprimés ou les plus faibles qui vont passer à l’acte, mais au contraire, ceux qui sont les plus impliqués, les plus investis dans le travail. Ces personnes sont très souvent zélées, brillantes, sociables. Quand elles n’arrivent plus à atteindre le niveau de performance qu’on leur demande, le manque de reconnaissance qui en découle leur renvoie une image négative d’elles-mêmes. En quelque sorte, elles lavent ce déshonneur de la façon la plus tragique qui soit : en se suicidant. Et, le suicide est vraiment le contraire d’un non-choix !

Sous l’effet conjugué des média et des pouvoirs publics, on peut espérer que les entreprises commencent sérieusement à réfléchir à une nouvelle organisation du travail, en privilégiant les relations sociales internes. Il faut rappeler que depuis 1991, les entreprises ont l’obligation d’évaluer et de mener des actions pour réduire tous les risques, donc les risques psycho-sociaux également. Elles n’ont plus le choix car le coût économique, mais également médiatique et juridique, lié au mal-être des salariés est considérable pour elles.

Les psychanalystes et psychiatres, spécialisés dans la souffrance au travail, donnent l’alerte : le tableau clinique des patients est en train d’évoluer. Auparavant, les personnes n’arrivant plus à gérer le conflit qui les opposait à leur hiérarchie ou à leurs collègues, perdaient confiance en elles et retournaient cette violence contre elles. Maintenant, des pulsions agressives, voire meurtrières, sont en train de remplacer les pulsions suicidaires. De plus en plus de salariés auraient envie d’en découdre avec leurs collègues et leur hiérarchie….

Doit-on s’attendre à ce que les gilets pare-balles et les cours d’auto-défense fassent partie du kit de bienvenue de tout nouvel embauché ? Qu’en pensez-vous ?