Magazine France

Ce grand homme qui refusa de rencontrer Sarkozy… (et entre aujourd’hui au Panthéon).

Publié le 06 avril 2011 par Mister Gdec

Ce grand homme qui refusa de rencontrer Sarkozy… (et entre aujourd’hui au Panthéon).

Celui que les journalistes en mal d’inspiration présentent généralement comme le chantre de la négritude¹ et qui fût entre autres député et poète de la Martinique, décédé en 2008,  Aimé Césaire, va entrer au Panthéon aujourd’hui. Non pas en personne, si je puis m’exprimer ainsi, mais sous la forme d’une fresque monumentale, sa dépouille demeurant en Martinique, conformément à son choix et à celui de sa famille.

Il est piquant à mes yeux de constater que ce militant contre la colonisation, mort le 17 avril 2008 à l’âge de 94 ans, et qui a consacré toute sa vie à ce noble combat du respect des valeurs de l’humanisme universel, soit enterré dans ce monument qui regroupe tant de noms qui ont fait l’histoire de France (de Voltaire à Victor Hugo en passant par Jean Moulin)  par celui qu’il a tant honni, allant jusqu’à se payer le luxe de refuser de le rencontrer. Voici pourquoi :  

 « Je n’accepte pas de recevoir le Ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy pour deux raisons.

 1ère : des raisons personnelles

2ème : parce que , auteur du “Discours sur le Colonialisme”, je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu.

Et ne saurais paraître me rallier à l’esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005.

Je vois dans toute campagne faite par tel quotidien martiniquais sur une possible rencontre SARKOZY-CESAIRE un piège dans lequel je ne tomberai pas. »

Ce soir donc, à 17 heures, la France rendra hommage à Aimé Césaire (1913-2008) en déposant dans la nef du Panthéon une fresque monumentale, composée de portraits évocateurs de quatre périodes de sa vie.

 Le président Nicolas Sarkozy assistera à la cérémonie ainsi que la famille d’Aimé Césaire et près d’un millier d’invités, dont une centaine d’élèves de collèges et lycées de Martinique et de métropole, ainsi que ceux du prestigieux lycée Louis Le Grand et de l’Ecole normale supérieure, où étudia le grand poète. Le tout accompagné d’une grande cérémonie d’hommage national retransmise à la télévision, sur France 2 et France Ô, aujourd’hui, à partir de 17h.

 La ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard avait souhaité de son côté que cet hommage, « un geste fort pour les Outre-mer, pour la France » puisse « sensibiliser notre jeunesse de France à ce grand homme que fut Aimé Césaire et, à travers lui, celui qui sut abattre les murs, chanter l’humanisme, briser les préjugés, éveiller les consciences et donner la force de regarder demain« .

 On eut aimé que cet hommage mérité ne se déroula point sous les auspices hypocrites d’un tel gouvernement, au lendemain de ce navrant débat sur la Laïcité que tout le monde déplore, soumis à cette droite si dure, et dans un tel contexte de xénophobie ambiante et de relents idéologiques qu’on pensait disparus.

 Mais pour la paix de l’esprit du poète et militant Césaire, je vais m’efforcer de l’oublier, et je laisse notre (si petit, surtout face à un  tel homme)  président à sa conscience, s’il en a une…

 Et pour clore ce billet en meilleure pensée, je souhaite vous faire partager ce poème d’Aimé Césaire,  extrait du « Cahier d’un retour au pays natal », avec une pensée spéciale que je livre à leur médiation pour les tenants des idéologies haineuses et dégadrantes pour la condition humaine qui tiennent un peu trop le haut du pavé actuellement :

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture
on pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer – parfaitement le tuer – sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu’on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d’une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

 PS. Si quelqun a une image de la Fresque, je suis preneur. Merci. Cela complètera utilement ce billet.

¹il y en eut d’autres,  d’ Édouard Glissant – décédé dernièrement et à qui j’avais consacré un billet – à Léopold Sédar Senghor pour seuls  exemples connus¹. Sans parler de tous ces hommes qui ont contribué à la reconnaissance et au respect des noirs,  comme  Léon Laleau et  Félix EBOUE,  lui aussi enterré au Panthéon


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mister Gdec 134609 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte