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Liberté, Egalité ,Fraternité

Publié le 07 avril 2011 par Marie496
Liberté, Egalité ,Fraternité >
> Je suis française, ais je l'habitude de dire à mes amis algériens, depuis moins longtemps  qu'ils ne le furent avant leur indépendance!
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> Paradoxe, provocation, non:
> Je suis haute savoyarde
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> Je ne fus Française, mes ancêtres en fait ne furent Français qu'en 1860, par le traité de Turin  qui enterrina l'annexion des deux Savoies et de Nice
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L'algérie , elle,avait déjà interressée la France révolutionnaire dès 1794,fut envahie en 1830, et dépose les armes vers 1847
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> Les Savoies (Sabaudia, du latin sapaudia, pays de sapins)
> Elles sont partagées dès leur origine entre le Rhône et le Pô, entre ce qui sera France et Italie, pardon,  le Piémont! Nos origines sont piémontaises, les Savoies ayant été parties du royaume piémont sarde;nos archives furent à Turin, nos constructions sont assez semblabes aux turinoises
> Les Savoies , dont la création remonte à une entité brugonde,eurent de nombreux occupants contre lesquels elles se battirent dont les Espagnols eux mêmes!
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Déjà depuis longtemps nous étions des "sang mélés"
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> Il faudrait cependant s'interroger sur la survivance et l'actualité du mouvement nationaliste savoyard,et sur la tentation  à se retrouver dans le giron de genève: un récent sondage a confirmé qu'un pourcentage relativement important de savoyards se sentait plus d'affinités avec la Suisse qu'avec la France....Ah Histoire quand tu nous tient
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> Et pourtant je suis Française
> comment, en quoi?
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> Française vivant à l'étranger
> c'est encore quoi
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> Française ayant enseigné la Littérature française dans des universités étrangères
>  et alors?
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> Française épouse d'étranger
>  en plus, et alors?
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> Je commence par l'émotion
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 celle de mon expérience d'universitaire dans les années 80/90 dans une université étrangère où j'enseignais l'Histoire des Idées , et plus particulièrement le XVIII:
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Car c’est le regard brillant de l’élève fasciné par ce qu’il découvre qui me marque :
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Lorsque j’enseignais l’histoire des idées du XVIII siècle, je prenais un immense plaisir, bien que les cours aient eu lieu le samedi de 11 à 13 (je m’en souviens encore !) à travailler avec les secondes années de Licence le cours d’histoire des Idées
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et c’est ce cours qui me donna mes plus belles émotions d’enseignante : Nous avions l’histoire des Idées du XVIII, Fontenelle et la dent d’or qui , de façon plaisante montre qu’il faut passer par la preuve et ne pas croire les écrits, même ceux des « spécialistes », qu’il ne faut pas mettre d’écran ni d’intermédiaire entre la chose à observer et soi même et qu’il faut penser par soi même, et puis Montesquieu et la séparation des pouvoirs, Rousseau et l’égalité, mais aussi l’éducation de l’Emile, et Voltaire, usant habilement de contes pour faire passer ses idées contestataires et revendiquer la place que le mérite réclame et doit obtenir , défendant Callas, prônant la Tolérance;Mais aussi les discours de Diderot prônant l'émancipation des femmes
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Qu’ils avaient aimé cette parole fière et hautaine, mais si juste de Voltaire au Duc de Rohan Chabot : « Vous, vous finissez votre nom, moi, je commence le mien ! »
> Les étudiants découvrirent qu’on traitait les textes sacrés comme n’importe quel texte,qu’on voulait la cohérence de la pensée, que des gens polémiquaient, s’engageaient jusqu’à risquer l’exil et même leur vie ;
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Ils écoutaient la lecture des textes de Voltaire dans un silence quasi religieux, en redemandaient encore et plus que souvent applaudissaient à des passages, bref réagissaient et Voltaire, par eux, était ressuscité : les deux heures passaient si vite que parfois elles devaient se prolonger dans le plus grand plaisir de tous :
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Les penseurs du XVIII, comme ,la première année de Licence où l’on étudiait l’histoire des Idées du XIX, Zola et son formidable cri de « j’accuse », Jaurès, le Hugo social, tous ces auteurs leur parlaient directement : Ils étaient happés par l’enthousiasme , par le courage de ces penseurs qui changèrent la France, trouvaient en leurs écrits un discours « qui correspond tout à fait à notre situation au Maroc » disait-il, et d’ajouter « mais il y a des penseurs qui ont du courage ; la force physique ne suffit pas ! » On admirait son courage de dire les choses telles qu’elles étaient, de dénoncer avec brillant et panache,
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Beaumarchais n’était pas en reste, mais on admirait aussi que le Roi Louis XVI se fit jouer la pièce « Le mariage de Figaro » à la cour ; Les étudiants retenaient les formules d’autant plus fortes qu’elles étaient lapidaires ; On devine sans peine qu’ils auraient aimé avoir connu des tribuns marocains de cette trempe, de ces intellectuels qui publient pour malaxer en profondeur une société, seulement agitée en surface par les mouvements convenus des partis, les déclarations courtisanes, les expressions usées à force d’être utilisées ; Ils enviaient le pays qui avait bénéficié de l’immense travail des instituteurs de Jules Ferry ;
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Ils adoraient l'histoire du père de Pagnol, instituteur resté sa vie durant dans le même quartier et fier d'avoir contribué à abaisser le taux des condamnés grace à son enseignement et à la scolarisation Ils constataient qu’on les respectait à cause de leur « savoir » , par delà les querelles curé, instituteurs ; certains vivaient pleinement cette époque où ils n’ont qu’à s’imbiber de culture, à s’épanouir ; d’autres entrevoyaient déjà pour eux un avenir plus sombre et plus fermé : « vous savez, au Maroc, il n’y a que l’argent qui compte, un instituteur, un enseignant, n’est pas valorisé dans notre société », tout en se résignant à occuper ce métier « sans prestige »Française et Voyageuse
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Épouse de Marocain francophone et francophile, mère de 3 franco Marocains, je réside au Maroc depuis 1973: un bail! Une expérience sur l'identité française vécue de l'étranger, particulièrement d'un ancien protectorat français Voyageuse, j'ai vécu 7 ans en Chine, où j'ai pu réfléchir aussi à cette identité.
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Je laisse le comportement français à l'étranger (bien que j'abhorre les généralités qui sont sources de fausseté), car cela est dénoncé , à juste titre ,en long et en large: outrecuidance, tutoiement trop facile des gens, comme s'il y avait, dans les descendants du pays des droits de l'homme, un gêne à relent colonial!!
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 l'enseignement universitaire(des années68/72) que j'ai reçu faisait trop systématiquement l'impasse sur les apports culturels autres que ceux de la Rome antique et de la Grèce: Par exemple et très rapidement, Claudel sans parler de la Chine pour son « animus » et « anima »,Voltaire et la Chine à travers les écrits des Jésuites, Voltaire et l'Islam avec sa tragédie "Mohamed",( dont cependant une représentation récente fut interdite par les intégristes musulmans genevois) , le rôle des Jésuites en Chine avec la construction du Yuan Ming Yuan ,palais sino-européen avec des jeux d'eau inspirés de ceux de Versailles.
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le soufisme pour Dante, et la littérature courtoise
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des points communs plus que certains pour Montaigne et le Tao, les « fideli d'amor » de Sohravardi et Dante , mais aussi Pétrarque et donc la Pléiade; l'influence de la poésie arabe chez les troubadours( dont on pressent une origine arabe) jusque dans la versification Je souhaite que cela ait été corrigé depuis longtemps La linguistique également révèle les contacts séculaires entre les deux mondes musulmans et chrétiens; L'ignorance est telle que j'ai pu lire il y a quelques années dans un hebdomadaire français que « il aurait même existé un grand navigateur chinois du nom de Zheng He, mettant quasiment en doute par ce conditionnel, son existence historique!!
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On ne lit pas si fréquemment (un régal pourtant)les voyages de Rubruc,ou de Carpin du Plan, les envoyés des rois ou du Vatican , surpris de croiser dans les « ordos « mongols des Nestoriens, ne les comprenant pas souvent, se sentant plutôt, comme le jésuite Désidéri, presque plus proches des bouddhistes tibétains , considérés pour un moment comme des « chrétiens qui se sont transformés » tant l'étonnement de trouver une sorte de similitude entre leur pratiques, les décorations, les chants et les leurs fut grand!.
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Quel plaisir et amusement de lire que musulmans et chrétiens se tenaient les coudes dans ces ordos au cours de « disputations «  car ils s'estimaient, eux d'eux qui croyaient en Dieu, supérieurs à ces « païens »!!!!
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J'ai aussi apprécié, en Chine,(pays qui gère depuis longtemps 57 minorités) le « petit geste mais si grand dans l'esprit des musulmans chinois, de voir apposer l'étiquette « hallal» sur les produits , même sur des pots de moutarde !
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La principale mosquée de Pékin,Mosquée dite de la Vache, la plus ancienne datant de l'an 996, marie avec raffinement l'architecture des palais chinois et celle du monde musulman. On retrouve donc dans sa cour les tours dites du tambour et de la cloche dans les autres temples, dont ici l'une est le minaret," le Manala", des salles d'ablutions et sur l'arrière, les tombes des missionnaires arabes, dont l'un venu de Tunisie, prêcher la bonne parole en Chine au début des Yuan. . Elle mêle avec grâce les toitures chinoises en "ailes de faisan", les corniches aux couleurs vives et le style oriental. On y voit une tour hexagonale de forme chinoise d'où, comme dans toutes les mosquées, avaient lieu les observations et les relevés indispensables à l'établissement du calendrier musulman. Le syncrétisme, typiquement chinois, inscrit sur les sentences parallèles(plaques de bois disposées symétriquement à une entrée et portant des inscriptions de bienvenue ou des paroles de sages) des versets coraniques traduits en chinois en guise de bonne augure.
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Quant à l'Islam qui triompha aussi , à peu près à la même période que Poitiersn en Asie avec la bataille de Talas (751), s'il put se répandre avec autant de facilité c'est par son immense tolérance et acceptation de la culture des pays qu'il conquerrait!
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C'est d'ailleurs à partir de cette date, et grâce aux arabes que la pâte à papier, découverte chinoise, remonta jusqu'au Maroc entre autres , puis gagna l'Europe par l'Espagne

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