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Sondages en toc

Publié le 08 avril 2011 par Davidme

Petite entrée politique aujourd’hui. Il fallait bien, cela faisait longtemps. Avec un objectif : inciter médias et politique à la prudence. En effet, la présidentielle aura lieu dans 13 mois. 13 mois, c’est long et beaucoup trop loin pour se lancer dans des verdicts définitifs du style : « c’est désormais certain que Sarkozy ne sera pas réelu », « Marine Le Pen sera forcément au second tour », « la gauche va l’emporter. DSK va écraser tout le monde ». Pour étayer cet appel à la prudence, faisons un petit tour dans les sondages qui ont été publiés treize ou quatorze mois avant les trois dernières présidentielles. Les résultats sont éloquents.

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Présidentielle 1995. Sondages entre janvier 1994 et mars 1994.
Au début de l’année 1994, la rupture entre Edouard Balladur – premier ministre - et Jacques Chirac est consommée tandis que la gauche, elle, se cherche un leader (déjà…). Et que nous disaient les sondages. Edouard Balladur, premier ministre de cohabitation de François Mitterrand caracole en tête des intentions de vote au 1er tour avec 41% contre 17% à peine pour Jacques Chirac, selon un sondage IFOP du 24 janvier.

Une semaine plus tôt, un sondage SOFRES donnait Balladur élu dès le 1er tour avec 52% des voix !
Michel Rocard alors 1er secrétaire du PS et Jacques Delors président de la Commission européenne faisaient bonne figure, mais au 2ème tour, tous deux étaient écrasés par Edouard Balladur : 68% face à Rocard et 64% face à Delors ! Une autre étude Sofres-TF1 du 24 mars 1994 donnait Balladur à 29%, Rocard à 25%, Chirac à 17%, et Le Pen à 11%

On se souvient du résultat final du 1er tour, Jospin devance Chirac et Balladur est éliminé. Loin, très loin des sondages, treize mois avant l’élection.

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Présidentielle 2002, sondage entre janvier et mars 2001
Rebelote. Même joueur joue encore. Jospin est Premier ministre de cohabitation de Jacques Chirac et chacun se régale de l’affrontement à venir… En janvier, un sondage CSA donne Lionel Jospin à 29% des voix au 1er tour avec trois autres candidats gauche plurielle testés. Chirac recueille, lui, 23 % des intentions de vote quand Jean-Marie Le Pen est à 9%.
Au second tour, c’est Lionel Jospin qui l’emporterait assez largement contre Chirac avec un 54 / 46.
Même constat fin mars 2001 : un sondage BVA-Paris-Match donne Jospin vainqueur au 2e tour à 52/48 contre Chirac, tandis qu’il est en tête du premier tour devant Chirac, Mamère et Le Pen à …7 %. Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen fera 16,86 % et Lionel Jospin se classera 3e…

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Présidentielle 2007, sondages entre janvier et mars 2006.
Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur est donné battu par Ségolène Royal et ce régulièrement entre janvier et mars avec un score plutôt serré : 51/49. François Bayrou nage en eaux défavorables, crédités seulement de 6 ou 7% des voix. Il fera 3 fois plus. De même on note la présence de Philippe de Villiers aux alentours de 7 % des intentions de vote.
Au final, Nicolas Sarkozy l’emportera largement et Bayrou sera un vrai troisième homme. Assez différent de ces photographies sondagières, un an avant l’élection.

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2012 ? Tous ces chiffres pour inciter à la prudence, tant les politiques que les médias. Les politiques, un an avant une élection, doivent se concentrer sur une chose, une seule : la façon dont ils parleront à la France de son destin collectif lors du grand scrutin présidentiel. Pas des combats de personnes ou des débats stériles. Les médias, eux, plutôt que d’utiliser le sondage en tombant de le sensationnalisme pourraient s’échiner à enquêter et à analyser les failles de la société française pour obliger les politiques à s’en saisir. Les électeurs, enfin, devraient s’extraire de la personnalisation à outrance et tenter de se prémunir contre les candidats affichés comme providentiels ou contre les conclusions hâtives sur la défaite du président de la République. Une campagne présidentielle est un long chemin qui se gagne dans la bataille des idées pour le moyen terme, mais aussi, bien sûr dans les dernières semaines et les derniers jours en fonction des évènements et du discours tenu par les candidats. La gauche, notamment, devrait se souvenir de cela.



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