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Mon intime repaire - Jeu d'écriture n°6

Publié le 10 avril 2011 par Fred Camino @elc95
Mon intime repaire - Jeu d'écriture n°6
Comme tout les matins, c'est d'ailleurs un matin comme tout les jours, un matin réglé comme du papier à musique, je prends mes transports en commun machinalement. Je dis "mes" transports, oui, cela fait longtemps que je pratique cette activité, je les considère comme à moi. Je les prends à la même heure, au même endroit, dans la même rame, ma rame.
Vingt ans que je m'assoies à cette correspondance juste devant ce photomaton, deux décennies a le regarder et à m'en servir comme repaire pour monter dans mon prochain RER, mon repaire pour ma prochaine correspondance, pour gagner cinq secondes et chopper l'escalator en premier, c'est le premier challenge de la journée.
Ce photomaton, depuis tout ce temps je n'ai jamais vu quelqu'un l'utiliser, il évolue avec ses publicités mais je n'ai jamais vu son rideau bouger, peut-être qu'il est trop tôt. Il est le centre de ma pensée pendant que j'attends, j'écoute de la musique comme d'habitude, je suis dans mon monde, surtout ce matin, je suis dans un film avec Amon Tobin dans la cervelle, Amon est un DJ brésilien qui mériterait de faire des musiques de film, je suis dans mon film grâce et je regarde les gens, tout ces gens qui passent devant ce photomaton, il y a de quoi écrire un bouquin.
A cette heure il y a beaucoup d'ouvriers, les belles femmes bien foutues ne sont pas pour moi, j'ai le droit aux types qui font les chantiers où la maintenance, tiens la maintenance, je n'ai jamais vu quelqu'un s'occuper de ce photomaton, j'ai parfois l'impression qu'il vit sa vie, tout seul. Est-ce quelqu'un sait qu'il existe depuis des siècle?
Je continue à regarder les gens pendant les quelques minutes qui me paraissent une éternité, Amon Tobin me remue et me masse les méninges, rien de tel à cette heure pour se réveiller ou finir la nuit c'est selon.
Je vois cette bande d'ukrainien devant le photomaton, il y en a de plus en plus, le portugais se fait cher maintenant, un des gars a la dégaine de Brooklyn, dégaine moitié ouvrier moitié voyou avec une casquette sortie de l'époque de la prohibition, je souris, j'aime bien son look. J'ai mon capverdien préféré qui passe avec ses collègues, lui est extraordinaire, un sapeur comme j'en ai jamais vu et une tenue à faire flamber mon compte en banque, le gars est habillé pour aller en soirée, pire, un mariage! Si ça se trouve il bosse dans une cantine de quartier d'affaire. Lui je le surveille tout les jours, il est exceptionnel.
J'ai ma brune aussi, 45 ans bien tassé, belle nana, sûrement divorcée, ça se voit. Elle a l'air un peu fofolle par moment, elle commente par des mimiques les nouvelles des journaux gratuits, ça m'amuse.
C'est l'heure de mon RER, il arrive et je me lève. Je quitte mon photomaton en face de moi, il est presque intime, j'ai fini par lui dire à demain à force, c'est repaire à cette station et là je vais rejoindre son copain de ma prochaine correspondance, un distributeur de boisson. Bye-bye. 
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Ce texte est ma modeste participation au jeu d'écriture n°6 dont la règle est:
"A partir de cette photo, toutes et tous les volontaires écrivent un texte. Il n'y aucune contrainte de forme ou le style, seulement celle de s'inspirer de cette photo et de rester sur une longueur raisonnable pour un texte de blog.Les blogueurs publient leur texte, la photo, un lien vers le blog de Louise Imagine et un autre vers le blog à 1000 mains, puis laisse un commentaire sous le billet de lancement pour signaler leur participation.Ceux qui ne sont pas blogueurs mais veulent participer n'ont qu'à envoyer leurs écrits à l'adresse [email protected] en veillant à donner un titre à leur texte ainsi que le nom (ou le pseudo) qu'on devra faire apparaître en ligne."

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