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Journaliste en Syrie #4 Le temps

Publié le 08 avril 2011 par Jujusete

Je me disais que c’était une bonne idée d’arriver en Syrie assez tôt, avant le début d’avril. Déjà, ça permettait de griller tous ceux qui attendent des jours à Paris pour un visa, ça permet de se faire une idée du terrain avant que ça explose (si ça explose) aussi.


Vendredi premier avril était présenté par les correspondants de Beyrouth comme LE jour de rassemblement. Finalement, il y aura peu de manifestants et plusieurs départs de mini manifs ans différents lieux de la capitale Syrienne, par manque d’organisation mais aussi par différences confessionnelles. Ouais, c’est un peu mal barré pour le grand soir, hein ? Voici le sujet commandé par Inter ce jour là, diffusé le lendemain, m’a-t-on dit.

 

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Oui, oui, je travaille sous pseudo

Promis, je vous parle d’Alex June dans quelques jours.

Même si je bossais et si j’étais logée dans un endroit génial, entourée d’une super équipe, le temps se faisait long. Le manque d’organisation n’est pas que dû à des différences confessionnelles. En Syrie, un bonhomme sur deux ferait partie des Moukabarats, comprenez les services secrets. Impossible, donc, de faire confiance à son voisin ou son beau frère, alors à des inconnus… C’est pas vraiment l’idéal.

Reste le fait aussi que les gens sont peu nombreux et ont peur de se faire tirer comme des lapins, ce qui est un sentiment tout à fait normal. Mais au lieu de continuer le mouvement, rester, se bouger, ils rentrent chez eux après les manifs et reprennent le cours de leur vie.

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Pace qu’ils ont PEUR tout simplement. Parce que NON, ce n’est pas « Tahrir suite » comme le décrivent des correspondants qui ne sont pas sur le terrain mais au Liban (parce que oui, qui dit grosse manif, dit plus de papiers vendus, on avait déjà constaté ça en 2008 en Thaïlande) et parce qu’ils sont peu nombreux, les courageux qui se bougent. Seulement le temps de la manif passé, on rentre à la maison et on reprend le cours de sa vie.

« L’armée ne fera pas comme en Egypte, » et sur ce point toutes les personnes rencontrées en Syrie, de tous les milieux possibles, Syries ou etranges, journalistes ou autres, étaient unanimes. Parce qu’elle n’hésitera pas à se retourner contre eux, parce qu’elle la déjà fait dans les villages, parce que dans les villes les manifestants pro Assad se chargent du boulot, parce que dans un quartier, sur les hauteurs de Damas, les habitants ont sorti manu militari les contestataires de chez eux et les ont tabassés avant de les remettre aux autorités, parce qu’il y a des verrous plus difficiles à faire sauter que d’autres.

Même si, de l’Egypte, du Soudan et de la Syrie, où j’ai travaillé, ce pays est vraiment celui dont le peuple à un besoin URGENT d’être libre. Puisque la liberté n’est nulle part.


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