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Traders, banques et pipi de chat

Publié le 03 février 2008 par Kalvin Whiteoak

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Certains se demandent ce que peuvent bien être les fameux produits dérivés financiers avec lesquels nos bons banquiers et autres traders jouent à qui mieux mieux et surtout ces temps à qui perd perd. Une assez bonne description technique est donnée dans Wikipédia dans laquelle on relèvera qu'à l'origine, ce types de produits financiers étaient un peu assimilables à une prime d'assurance risque, destinée à couvrir la survenance ou la non-survenance d'un événement dans le cours d'une transaction commerciale réelle. L'exemple typique de ce genre de prime était l'achat à terme de devises, qui permettait à un commerçant suisse par exemple de disposer au moment où il devrait s'acquitter d'une dette en dollars des dollars nécessaires au cours de change qu'il trouvait justifié et non pas à un cours fixé par le marché sans qu'il puisse réagir. Ce faisant notre commerçant se protégeait contre une perte, ou plutôt un coût plus élevé voire nettement plus élevé pour la marchandise commandée que celui qu'il souhaitait payer au moment de la commande.

La même opération existe évidemment pour les vendeurs qui eux souhaitent encaisser au moins autant que prévu… jusque là, rien que finalement de relativement normal, du financier greffé sur de réelles opérations économiques à la base (ce que les traders appellent le fameux sous-jacent).

Là où la chatte commence à avoir sérieusement mal aux pieds, c'est que les matheux financiers ont inventé tout et n'importe quoi sur lequel on pourrait miser, tel au casino, et donc acheter et vendre. Prenons par exemple les chances que mon chat accepte une nouvelle qualité de sable pour sa caisse ou la refuse. Je peux décider qu'il y a plus de 50 % de chances qu'il l'accepte et parier (mettre sur le marché) ce type de produits qui portera à juste titre le nom de produit dérivé. En effet, tant mon chat que le sable de sa caisse ne participent qu'à une seule opération commerciale réelle, l'achat du sac par moi-même. Si toutefois à la bourse je gagne mon pari ( et que quelqu'un d'autre le perd, logique) alors le prix du sac de sable à chat me sera remboursé par mon gain sur un produit dérivé encore très simple.

Mais ce à quoi jouent nos petits croupiers-traders avisés, c'est n'est pas sur le fait que mon chat aime ou n'aime pas son nouveau sable, c'est par exemple le fait que Madame Dupont la voisine 1 pense ou ne pense pas que Madame Durant la voisine 2 pensera que mon chat aime ou n'aime pas son nouveau sable. Alors évidemment, là ça devient plus que coton, ça n'a plus rien à voir avec l'économie réelle, ce n'est que le casino bancaire bien organisé, car dans cette hypothèse, je ne suis pas au courant du pari, je ne peux donc rien gagner, les dames Durant et Dupont non plus, mais deux zèbres l'un au Texas et l'autre en Namibie (exemples) vont jouer au poker menteur et l'un d'eux gagnera. Il n'est même pas sûr que l'on puisse vérifier si le chat a aimé son nouveau sable en réalité, car l'opération peut être dénouée avant son terme ou cédée à des tiers.

Voilà comment on fabrique des machins qui n'ont plus rien à voir avec de la véritable richesse, mais qui rendent les parieurs riches (ou très pauvres) car les systèmes de contrôle des banques se pâment devant leur subtilité et leur finesse. L'argent ainsi gagné vient augmenter la masse monétaire nécessaire sans rapport avec des biens et des services et donc est génératrice de déséquilibres majeurs, qu'on peut voir se produire ces temps.

Tant et aussi longtemps que les politiques n'auront pas commencé à interdire purement et simplement ce type de transactions, mon chat pourra continuer d'aller dans sa caisse tranquille, et sans savoir qu'un japonais et un américain ont parié contre quelques monnaies qu'il s'y rendrait trois fois et pas deux pendant la journée du 6 août 2072. Enfin si le monde est toujours debout et le chat avec.

© iconographie Philippe Geluck 


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