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Que faire avec l'écologie? la politique? Hulot?

Publié le 13 avril 2011 par Ecosapiens

Qu’est-ce que l’écologie ? Qu’est-ce que la politique ? Qui est Hulot ?Comme à son habitude, eco-SAPIENS ne parle pas de politique. Tout du moins de partis politiques.

Alors, à l’heure où tous les medias ont décidé de consacrer leur une à la candidature aux primaires pour la présidentielle de Nicolas Hulot, j’ai en tête les premières phrases de Bruno Latour. Dans « Politique de la Nature»  , il entame ainsi:

Que faire de l’écologie politique? Rien. Que faire? De l’écologie politique!

Je me dis que pour qu’une célébrité comme Nicolas Hulot finisse par céder aux sirènes de l’investiture suprême, c’est qu’il est parti du même constat. Comment se fait-il que l’écologie politique jusqu’à présent en France n’ait jamais pu rassembler plus de 5,25% aux présidentielles (Noël Mamère en 2002) ? Et que faire aujourd’hui sinon de l’écologie politique ?

Alors tout dépend bien entendu de ce que l’on met dans « écologie»  ? Les filtres médiatiques l’ont souvent associée à « protection de l’environnement»  quand ce n’est pas une caricature de « hippies souhaitant retourner à l’âge de pierre» .

Les dièses de Hulot

Nicolas Hulot est intéressant comme candidat à plusieurs égards:

  • Ce n’est pas un professionnel de la politique.
  • C’est une personnalité complexe qui a fortement évolué ces dernières années et, ne le cachons pas, dans un sens qui nous plaît beaucoup.
    D’abord un durcissement de ton qui le dégagent légèrement de la posture consensuelle obligatoire pour une personnalité soutenue par des sponsors aussi peu eco-friendly que Bouygues, l’Oréal ou EDF…
    Ensuite une évolution intellectuelle consistant à rappeler que la crise écologique est indissociable de la crise sociale.

Symboliquement parlant, la candidature de Nicolas Hulot est stimulante car elle correspond à une réappropriation du champ politique par le citoyen. Qui plus est un citoyen qui aurait longuement mûri une réflexion difficile qui est celle de l’écologie. Car aussi prétentieux que cela puisse paraître, l’écologie est par nature la pensée de la complexité. Nous avons déjà dit qu’elle était la réflexion autour des interactions et non autour des choses.

C’est donc une rupture épistémologique avec le savoir moderne. Ce qui n’est pas rien !

Pourquoi dissimuler sa joie ? Un parti politique qui peut proposer deux candidatures aussi fraîches et vierges que celles d’Eva Joly et Nicolas Hulot, voilà tout de même un signe que la façon de faire de la politique va changer.

Les bémols de Hulot

Bon ils sont connus et archi-connus.

Ses connivences avec les sponsors de Ushuaïa: L’Oréal, Bouygues et EDF. Sa fondation (qui vient de changer de nom du coup) qui ne vit que par les mêmes sponsors et dont on mesure mal l’impact sur le terrain.

Son pacte écologique qui a réuni énormément de signatures pour devenir finalement qu’un coup médiatique et un blanc seing pour les candidats à la dernière élection.

Son Grenelle (ce n’est pas que lui bien sûr) qui ne fut qu’une opération de greenwashing (mais les éternels optimistes retiendront les deux trois victoires et promesses… non tenues).

Son absence de réactivité sur certains sujets d’actualité; par exemple les gaz de schiste… (communiqué datant du 20/02 soit des mois après la bataille)

Les lecteurs assidus du journal La Décroissance connaissent les bonnes phrases qui poursuivront l’animateur toute sa vie (voir Pacte contre Hulot). Notons que ce journal avait tout de même, récemment, publié un article de quasi-réconciliation avec leur télécologiste préféré. Ils prenaient acte du revirement. Ils avaient bien vu que le nouveau Hulot était effectivement un excellent crû pour eux. D’ailleurs, le seul député ouvertement favorable à la décroissance, Yves Cochet, est celui qui est le plus enthousiaste à l’annonce de Nicolas Hulot.

Mais ce nouveau Hulot, celui du film Le Syndrome du Titanic a tout pour convaincre de l’authenticité du bonhomme, ce n’est pas celui qui rameute. Le film a été boudé et nul doute que si Hulot devient plus virulent par rapport au monde industriel, nul doute qu’il trouvera moins de soutiens et de ressources…

Car le Hulot qui plaît aux Français, c’est celui qui ne fait pas de politique.

Raison pour laquelle, en écoutant l’interview exclusive attribuée à Terra Eco, on est un peu déçu de voir la consensualité mielleuse reprendre le dessus. Où lui échappe même le qualificatif « anti-nucléaire primaire« , terme peu sympathique pour les pionniers de l’écologie…

J’avais évoqué cette anecdote personnelle où, invité à la Fondation Nicolas Hulot, j’avais répondu à une demande de relai que nous ne relaierons les communiqués que le jour où la Fondation changerait de banque (pour la Nef bien entendu). On m’a dit que ce n’était pas possible. Mieux encore, Dominque Bourg, membre de la Fondation que nous avions invité pour les 3 ans de la SCOP eco-SAPIENS, nous avait avoué en direct qu’il n’avait jamais entendu parler de la Nef. Et que la « fondation ne pouvait aller chez Enercoop pour les raisons que l’on sait» …

Bref, on sent bien que la fondation n’est pas très au fait de comment on va passer au chapitre 2…

Alors rêvons…

Rêvons que ce qui compte tout simplement, ce n’est pas la star, la personne, le people. Rêvons que ce qui importe c’est un collectif, une équipe, une multitude.

Que faire de l’écologie politique? Rien. Que faire? De l’écologie politique!


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