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Incendies de Denis Villeneuve (Drame au Proche-Orient)

Publié le 13 avril 2011 par Florian @punkonline
incendies.jpgNawal est décédée après être plongée subitement dans un mutisme. En lisant son testament, le notaire apprend à ses enfants Jeanne et Simon que leur père n'est pas mort et qu'ils ont un frère. Elle leur incombe une mission, celle de les retrouver. Simon n'y croit pas, mais Jeanne va se rendre seule au Proche-Orient pour élucider le mystère. Elle va découvrir la vie de sa mère avant sa migration au Canada. Des révélations-chocs qui vont pousser son frère à la rejoindre.
Le lieu au Proche-Orient n'est pas défini, mais beaucoup d'éléments font penser à la guerre civile au Liban (1975-1989), entre milice chrétienne et milice musulmane pro-palestinienne. D'abord, l'auteur de la pièce de théâtre à l'origine du film est libanais et a fui le pays lors de ces évènements. Ensuite, cette guerre a été déclenchée lorsque des miliciens phalangistes (chrétiens maronites) ont tué les passagers d'un bus — en représailles de tirs provenant d'une voiture envoyée par le Parti social nationaliste syrien à Beyrouth causant, la mort du garde du corps de Pierre Gemayel, le fondateur du parti phalangiste. On retrouve une scène inspirée de cet élément dans le film.
Au fil des informations glanées par les deux jumeaux pour retrouver les membres de leur famille, on assiste aux horreurs que leur mère a connues. Ce n'est pas tant au plan visuel que nous sommes bousculés, mais sur le plan moral. Les us et coutumes d'une population profondément rurale et religieuse mènent à des situations où une fille doit abandonner son enfant et quitter le milieu familial après avoir eu des relations hors mariage, car la "honte" s'est abattue sur elle.
Le désire de vengeance l'a poussé a entrer dans la guérilla et a menée des opérations. Mais gare à ne pas se faire arrêter, synonyme d'emprisonnement dans un milieu clos, étroit et de subir les pires sévices. Amnesty International avait fait plusieurs rapports à l'époque sur ces prisons et la situation ne semble pas encore être réglée.
La guerre civile au Liban a pour habitude d'être mise en scène au cinéma durant l'intervention d'Israël (1978-192) : Beaufort critique le comportement des officiers de l'armée israélienne, Lebanon évoque le contact entre les militaires israéliens et les milices phalangistes et enfin Valse avec Bachir, évoque le massacre de Sabra et Chatila où ces mêmes phalangistes ont massacré les habitants de ses deux camps de réfugiés sus-nommés sous le regard approbateur des militaires israéliens sur place. La guerre civile entre phalangiste et le Parti social nationaliste syrien est moins évoqué. Elle a fait 140 000 morts des milliers de disparus et réfugiés.
L'an passé Denis Villeneuve avait réalisé Polytechnique retraçant la tuerie à l'école polytechnique de Montréal en décembre 1989. Ce nouveau film est une réussite. Sa fin est éprouvante. Incendies est assurément le meilleur film de ce début d'année 2011.

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