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Prometheus, landscape II, de Jan Fabre

Publié le 14 avril 2011 par Onarretetout

prometheusProméthée est un héros et nous avons besoin de héros. Les hommes appellent sans cesse. Aujourd’hui où est le héros ? Dans la pièce de Jan Fabre, c’est Prométhée qui apparaît, suspendu au milieu du paysage et que nous ne pouvons pas regarder sans nous brûler les yeux. Pourtant tout est là : le sable et les extincteurs. C’est que le feu est dangereux. Et partout, et interdit. Parce que nous devons en être protégés. C’est sans doute le sens du message adressé aux spectateurs avant la représentation : identifiez les issues de secours (et éteignez vos téléphones portables).

L’histoire de Prométhée est essentielle dans la culture dont nous héritons. C’est l’histoire d’une rupture avec les dieux, une nouvelle ère. D’autres que Jan Fabre ont abordé cette question du feu dérobé à l’Olympe : j’ai vu des pièces de Jean-Christophe Bailly (Pandora), et de François Chaffin (La première fois que la nuit est tombée).

Jan Fabre adopte un point de vue radical. Sexe et stupeur, chaos et souffrance, cosmogonie et tremblements. Le soleil crache ses éruptions, les flammes sortent des sexes au cours de bacchanales, Prométhée écartelé résiste et ne prononcera que peu de mots : il est celui qui, à la fois, nous donne le feu et nous cache les dieux. Sait-il seulement ce qui se passe sur terre ? ce que les humains ont fait de la force pour laquelle il est supplicié pour l’éternité ? C’est Pandore qui a le dernier mot. Elle vient après Io, génisse poursuivie par les taons, après Athena, qui naît armée de la tête même de Zeus, après les bacchantes. Elle se détourne des dieux, elle qui fut leur envoyée chez les hommes, elle se détourne de Prométhée, pour dire aux spectateurs dans l’obscurité, ces spectateurs qui attendent un héros : vous êtes les héros.

Le discours n’est pas nouveau (« Il n’est pas de sauveur suprême »…) mais tout ce qui le précède dérange. Or, Jan Fabre ne fait que dire la mythologie grecque avec les moyens d’aujourd’hui. Sans morale, sans psychologie, sans demi-mesure, recyclant dans sa machine infernale des citations d’Eschyle et d’autres. Ne faisant cependant peut-être que recycler. Il n’y aurait rien de neuf sous le soleil.

J’ai vu ce spectacle au Théâtre de la Ville, à Paris.


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