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Un extrait de Warhol par Arthur C. Danto

Par Benard

Par Lire, publié le 15/04/2011 à 07:00

Si on ne compte plus les biographies d'Andy Warhol (1928-1987), voici une nouvelle approche du pape du pop art. Dans cet essai adossé à une documentation de première main, le philosophe et critique d'art américain Arthur Danto expose les mille et une métamorphoses de l'artiste américain. De ses premières créations, ses peintures de boîtes de soupe Campbell's, à la création de l'atelier Factory en 1964, dans un loft de la 47e Rue à New York, en passant par ses relations avec Jasper Johns ou encore Robert Rauschenberg, Andy Warhol est passé au crible d'une lecture approfondie de sa trajectoire comme de ses oeuvres. Le mérite d'Arthur Danto est précisément d'analyser le “phénomène” Warhol dans son contexte socio-historique, soulignant sa différence avec ses prédécesseurs (Marcel Duchamp) comme avec ses successeurs (Jeff Koons). A l'oeuvre de cette figure fondatrice de la culture américaine sont associés New York et la Silver Factory, théâtre de toutes les excentricités.

La première mort

L' histoire de la vie à New York est l'histoire de l'immobilier, et l'immobilier est donc un sujet aussi passionnant que l'amour : l'histoire de l'endroit où vous vivez, où vous auriez pu vivre, est aussi palpitante que l'histoire de votre rencontre avec l'être avec qui vous vivez, ou avec qui vous ne vivez plus, hélas. C'est le point de départ du chef-d'oeuvre comique de Tama Janowitz,Esclaves de New York, avec sa narratrice narquoise, une habitante de Manhattan un peu plus âgée qu'un peintre morose nommé Stash dans le texte, et qui s'appelle dans la vraie vie Ronnie Cutrone, assistant d'Andy Warhol de 1972 à 1982, mais qui hantait la Silver Factory depuis 1965. Vu la manière dont Warhol était souvent dépendant de son entourage pour ses idées, Cutrone joua un rôle important dans la dernière phase de la carrière artistique d'Andy. Si Stash est un bon portrait de Cutrone, alors Eleanor, “l'esclave de New York”, avait son récit tout trouvé : titulaire du bail de l'espace où ils cohabitent, il a toujours l'oeil aux aguets dès qu'une jolie fille est dans les parages. Eleanor est à peu près sans le sou, sa “créativité” consiste à concevoir des chapeaux originaux pour les habitantes de Greenwich Village ; elle risque de se retrouver sans abri si elle cesse de trouver grâce aux yeux volages de Stash. Que ces nouvelles soient ou non un miroir fidèle de la vie à New York dans les années 1970, elles n'en constituent pas moins une métaphore compréhensible pour tout New-Yorkais. Sauf à être soi-même titulaire d'un bail, tout New-Yorkais, homme ou femme, marié ou célibataire, était enchaîné au locataire avec lequel il vivait.

Les bureaux sont évidemment régis par des lois différentes, et leur histoire est moins déchirante. Mais la “culture” de l'espace commercial dépend davantage des réalités de l'immobilier que de la simple vérité architecturale. La décoration argentée de la Silver Factory exprime de façon éloquente l'esprit de la vie artistique new-yorkaise du milieu des années 1960, et elle n'a pas survécu au déménagement suivant d'Andy Warhol Enterprises, fin 1967, lorsqu'il apprit qu'il devrait évacuer les lieux, puisque le bâtiment abritant la Silver Factory allait être démoli et remplacé par un immeuble d'appartements. Les murs argentés disparurent en même temps que la culture “jeune” de leurs occupants, la musique sur laquelle ils dansaient, les drogues qui leur permettaient de se défoncer ou auxquelles ils devenaient accros, leur promiscuité ou leur austérité sexuelle, même leur langage, si l'on suit le postulat de Wittgenstein selon lequel imaginer un langage, c'est imaginer une forme de vie.

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