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Silas Hardoon, le nabab juif de Shangaï

Par Mickabenda @judaicine

220px-Silas_Aaron_HardoonL’incroyable saga de Silas Hardoon, juif irakien émigré en Chine à la fin du XIXè siècle, à la fois négociant d’opium (à une époque où le trafic était légal) et promoteur immobilier qui métamorphosa Shanghaï en une ville moderne, sortira sur les écrans en 2011. C’est le réalisateur Taylor Hackford ( »Officer et Gentleman« , auteur également du formidable biopic « Ray« ), qui a mis en scène la vie stupéfiante de cet enfant pauvre devenu l’un des tycoons de l’Asie du début du XXè siècle.

Né en 1851 à Bagdad, Saleh Hardun (son nom d’origine) quitte l’Irak avec sa famille à l’âge de 5 ans, pour rejoindre Bombay. Il y sera éduqué dans une école destinée aux enfants juifs nécessiteux, fondée par David Sassoon, autre juif irakien ayant fait fortune en Inde, à la tête d’un véritable empire commercial.  Silas, encore adolescent, rejoint la société de Sassoon et se fait remarquer à 17 ans, pour son sens remarquable du commerce. Il est d’abord envoyé à Hong Kong,  mais 6 années plus tard, est renvoyé de la société pour des raisons restées mystérieuses. Sans un sou, il débarque à Shangaï ,où la communauté juive irakienne présente dans la ville lui trouve un job de collecteur de loyers dans la filiale locale de la société Sassoon.

C’est le début de la formidable réussite de ce visionnaire, qui créera l’architecture du Shangaï du XXème siècle, aujourd’hui disparue avec l’avènement du régime communiste chinois. Sans vouloir retracer ici toute la vie de ce personnage extraordinaire, que l’on retrouvera bientôt sur les écrans, il faut savoir qu’il est le seul étranger à avoir eu droit à son propre personnage dans un opéra chinois ! Vendeur d’opium, bâtisseur, alchimiste, avare et philanthrope à la fois, Juif converti au bouddhisme, il fût marié à une prostituée chinoise qui deviendra sa muse et principale influence, Luo Jialing (Liza Roos), eurasienne de confession bouddhiste, ayant probablement des origines juives… Un Juif de Shangaï, M. Myers, affirmait en effet qu’ Hardoon lui avait révélé les origines juives du père de sa femme, de nationalité française. Luo et Silas adoptèrent plusieurs enfants chinois, élevés dans la tradition bouddhiste, ainsi que neuf enfants d’origines différentes, qui furent élevés dans la tradition juive. Si la résidence d’Hardoon, palais de rêve connu sous le nom de Aili Garden, finit en ruine, ravagée par un incendie, elle est restée mythique à Shangaï. A sa mort, en 1931, Hardoon fût enterré dans ses jardins au grand dam de la communauté juive de la ville, scandalisée. On doit aussi au nabab la construction, en 1927, d’une superbe synagogue d’architecture moderniste, Beth Aharon, qui fit office de refuge et de dortoir pour des centaines de juifs d’Europe réfugiés à Shangaï lors de la montée du nazisme. Elle accueillit aussi l’école rabbinique biélorusse Mir Yeshiva, qui fut la seule institution du genre à réchapper à la Shoah. De cette synagogue, détruite en 1985 pour y construire à la place un gratte-ciel (jamais érigé !), il ne reste aujourd’hui qu’un bloc de pierre visible au musée de Shangaï. La plupart des réalisations de Silas Aaron Hardoon ont aujourd’hui disparu. Avec The Merchant of Shangai, le réalisateur Taylor Hackford tient un beau sujet, l’histoire d’un petit juif pauvre de Bagdad dont la fortune fut estimée, à sa mort, à 21 billions de dollars actuels.
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Publier initialement sur le site Jewpop Sources : CNN international, Chiara Betta (University of Indianapolis)

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