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Quelques réflexions .

Par Ananda

A partir du moment où s’instaure la conscience d’être, est-on encore ?

La conscience d’être ajoute-t-elle ou retranche-t-elle à l’être brut ?

La présence est une épaisseur. La présence est opacité. Elle disparait en tant que telle dès que la lumière de sa propre conscience d’elle-même se trouve braquée sur elle.

Est-ce à dire que la présence et sa réflexion dans le miroir de la conscience s’excluent mutuellement ?

La conscience d’être apporte à l’être une dimension supplémentaire. Elle est un éveil à une autre forme de la perception.

Reste que l’être qui cherche à se surprendre en train d’être est aussi forcément voué à l’incertitude, au décalage.

La vie est pareille à un livre qui tourne sans cesse ses propres pages.

A force d’empiler les émergences comme des poupées russes (ce qui revient à dire à force de créer du nouveau à l’intérieur du cadre des possibles), l’Univers qui nous entoure se drape de plus en plus dans l’immense voile de la complexité.

Cette « fuite en avant » n’est-elle pas vouée à mettre en échec tout essai de connaissance ?

Le souvenir ? Interférence temporelle, qui jette le trouble.

Brèche dans la sensation qu’on a d’un écoulement de la ligne du Temps.

On habite toujours un peu, en sus de l’endroit où l’on se trouve, simultanément, tous les endroits où vous ont piégé souvenirs et rêves.

Le propre de l’Homme serait-il l’Ailleurs ?

Les promesses et la prudence : voilà qui cohabite mal.

Les groupes sont comme toutes les émergences : pour employer la géniale formule « spinozienne », ils « persévèrent dans leur être ».

Ils s’érigent en entités, dotées de leur propre loi, qui, à la fois, sert l’individu et le nie.

Ils ont leurs raisons et leur identité, à laquelle ils tiennent d’autant plus qu’un individu reste toujours, potentiellement, autonome et autrement plus difficile à contrôler que ne l’est une cellule vivante à l’intérieur d’un corps.

La logique d’un groupe est un peu celle d’un organisme vivant : il tend à se refermer sur lui-même, tout en restant perméable à certaines formes d’échange ; il marque ses éléments de son empreinte indélébile et rejette tout corps étranger comme s’il constituait une menace pour l’homogénéité de son être même.

Chacun sait que, lorsqu’il est en groupe, l’individu n’a plus le même fonctionnement. La pression du groupe l’empêche de réfléchir, de prendre du recul, et il peut commettre des actes que sa morale personnelle réprouve ou que son tempérament, en temps normal, ne l’inciterait pas à commettre. En présence du groupe, l’individu est exposé à la mimésis, cette puissante force ancrée jusqu’au plus profond du cerveau humain (par les fameux « neurones-miroirs »). Inversement, un groupe a tendance à être conservateur par nature ; il résiste à toute tentative de remise en cause de sa façon de fonctionner ; les individus « révolutionnaires », réformistes ou tout simplement créatifs en savent quelque chose ! Le ciment d’un groupe, c’est le conformisme et sa façon de se préserver, la suspicion. Les groupes et les cultures sont aussi égoïstes et intolérants que peuvent l’être les individus. Pareils aux entités vivantes, c’est à leur insu qu’ils surfent sur la grande vague de l’évolution.

P. Laranco


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