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Viktor Orban

Publié le 19 avril 2011 par Beniouioui

Viktor Orban" Cette constitution est un scandale, s'indigne l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit. C'est une constitution cléricale qui ne s'adresse qu'aux gens qui sont catholiques, dans une famille bien constituée. Tout ce qui est différent est exclu."

Lundi 18 avril, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a donc fait adopter par le Parlement hongrois, dont son parti détient la majorité aux deux tiers, une nouvelle constitution qui entrera en vigueur le 1er janvier 2012.

Pour être honnête, il y a une myriade de détails dans cette nouvelle constitution que nous n'avons pas analysé. Un système de nomination critiquable, un Conseil budgétaire étonnant et le souvenir d'une loi sur les médias qui avait déjà fait couler beaucoup d'encre en Europe.

Mais il y a également deux ou trois petits zakouskis qui font hurler Dany le Rouge/Vert.

1- Une référence à Dieu et au christianisme, "fondement de la nation";

2- Le mariage entre l'homme et la femme et la famille, base de survie de la nation, protégés;

3- La dignité humaine considérée comme inviolable et la vie du foetus protégée à partir du moment de sa conception;

Bref, une constitution "ultra-conservatrice" imposée par un Premier ministre autoritaire. Une consitution anti-européeenne, anti-démocratique, discriminante... Et le pire, une "constitution catholique"... proposée par un Premier ministre appartenant à la minorité calviniste de son pays ! Cohn-Bendit devrait bosser un peu ses sujets avant de parler... Et puis quoi, toutes les lois qui passent les unes après les autres en France et en Europe ne sont-elles pas à leur manière des coups d'état "benditiens" à l'envers?

Mais soit. Anti-démocratique, peut-être. Quoique les "démocrates" oublient souvent que le peuple a voté il y a à peine un an à une très large majorité pour ce héros de l'anti-communisme. Je le le répète néanmoins, nous n'avons pas analysé les points "liberticides" du texte dont il est question qui existent probablement. La tentation de pouvoir est grande et nous ne soutiendrons jamais des entorses à la liberté.

En revanche, pour le reste, pour les points qui font s'égosiller les bonnes âmes médiatiques, nous voyons un vrai clivage se creuser en Europe. Une ligne de front politique, idéologique.

Qu'est-ce que l'Europe? Qu'est-ce que la France, même?

La référence à Dieu existe dans la consitution américaine, une des plus belles constitutions du monde. La référence à Dieu existe pratiquement partout en Europe. 7 pays de l'Union Européenne ont une religion d'état (5 protestants, 1 orthodoxe et 1 seul catholique). 15 pays de l'Union ont signé un Concordat avec le Saint-Siège... Sur 25, ça s'appelle un majorité démocratique, non?

La protection du mariage et de la famille ont toujours été des pilliers constitutionnels. Tout le monde l'oublie mais en droit français le mariage n'est pas un contrat. C'est une "institution". C'est donc encore une "base de survie de la nation" qui transforme l'homme.

Quant au respect de la vie, c'est le grand débat du moment. Devant le nouvel ambassadeur d'Espagne près le Saint-Siège, le pape a rappelé combien l'Eglise veillait de " manière concrète et dans toutes ses dimensions " sur les " droits fondamentaux " de l'être humain, " e n dialogue sincère avec tous ceux qui contribuent à les rendre effectifs et à ne pas les limiter. "

Que tout cela fasse polémique, rien de plus normal. C'est le clivage actuel, le clivage de l'après crise, le clivage des petits-enfants de 68. Le clivage politique de ce début de XXIe siècle qui va sans doute croître et permettra le débat. Le clivage sur la société que nous voulons construire.

Le débat n'est pas un problème, pas un souci, pas un risque. L'inquiétude que nous pouvons avoir est que des tensions naissent chez certains qui auraient la tentation d'imposer violemment leurs convictions. La polémique autour du Piss Christ en est un triste exemple. Je le dis ici, je ne souhaite pas soutenir la censure et encore moins la violence épidermique. Il faut accepter la différence, la provocation, la confrontation, la discussion. Lorsqu'on a des convictions mues par la charité, on doit pouvoir les exprimer avec le sourire. Sans crainte.

Dans le portrait nuancé de Viktor Orban par Jean-Christophe Rufin dans Paris-Match, il y a cette phrase magistrale : "quand on pense incarner la Hongrie et qu'on a eu affaire aux Ottomans, à Hitler et à Staline, on n'a pas très peur de Daniel Cohn-Bendit."

L'Homme qui fait peur à l'Europe par Jean-Christophe Rufin


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