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Le printemps munichois d'Edita Gruberova: Norma

Publié le 11 avril 2011 par Luc-Henri Roger @munichandco

Le printemps munichois d'Edita Gruberova: NormaLa soprano Edita Gruberova enchante le public munichois pendant quelques trop rares représentations dans deux opéras du répertoire du Bayerische Staatsoper: il y a peu Lucrezia Borgia de Donizetti et aujourd'hui Norma de Bellini. On joue à guichets fermés et les quelques cartes à la revente sont aussitôt acquises avant la représentation sous le portique du Théâtre national par des aficionados qui n'ont pu se procurer le précieux sésame en temps utile.
Hier soir, lors de la première représentation de Norma, un public tendu par l'attention et suspendu aux lèvres de la cantatrice a laissé éclater son enthousiasme dès la fin du Casta diva: un tonnerre d'applaudissements accompagnés de cris et de trépignements. A Munich, pour exprimer sa joie, on tape des pieds et des mains tandis que fusent les bravos. Le mari de la cantatrice, Friedrich Haider, dirige l'orchestre avec vigueur, précision et complicité, et un  sens affiné de la dramatisation musicale. Il recueillera lui aussi, à l'instar de la cantatrice, un immense succès. Des applaudissements assourdissants qui ont crépité inlassablement pendant une bonne demi heure après le baisser du rideau!
Norma et Lucrezia sont des rôles de la maturité, que la grande Gruberova n'a abordé, avec l'intelligence qui caractérise sa carrière , que vers la soixantaine. Qu'on arrête donc de parler du crépuscule de la voix de Gruberova, surtout quand il s'agit d'incarner ces personnages de mères: le fils de Lucrezia, amoureux de sa mère, est un jeune adulte, et Norma est la mère supérieure des druides, et a deux enfants. Ce sont là des femmes mûres et expérimentées, qu'il serait maladroit d'interpréter trop tôt. Il suffit d'ailleurs de venir écouter Edita Gruberova, ou de se procurer un enregistrement,  pour balayer ces propos mondains, incompétents et convenus...Primadonna assoluta!
Dans Norma, elle reçoit  encore l'apport de la voix exquise et accomplie de Sonia Ganassi qui joue une Adalgisa  remarquable d'émotion, et qui si elle n'atteint pas le sublime d'Edita Gruberova, a toute l'assurance de l'excellence. Disons que c'est la rencontre du parfait avec le plus-que-parfait, et cela crée un effet d'entraînement mutuel qui offre au public deux duo inoubliables. Quant aux voix d'hommes, Todorovitch tient bien sa partie de ténor dans le rôle du proconsul, mais on apprécie davantage encore la puissance et la présence dramatique de l'Oroveso de Steven Humes, qui interprète aussi ce mois-ci Capellio dans Capuleti e Montecchi.
A défaut de pouvoir bénéficier d' une place au Théâtre National de Munich, on pourra se procurer l'excellent enregistrement de la production en 2006 chez Deutsche Gramophon, avec la même distribution à l'exception du rôle d'Oroveso qui y est interprété par Scandiuzzi. Et pour ceux qui ont eu la chance de pénétrer dans le Saint des Saints munichois, l'occasion de réentendre cette voix unique et incomparable!
Merci Madame!

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