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Sarkozy : la prime de l’incohérence

Publié le 20 avril 2011 par Hmoreigne

 A défaut d’avoir été le président du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy tente de redorer son blason, à un an des présidentielles, par l’annonce d’une prime exceptionnelle de 1000 € à destination des salariés dont les entreprises versent des dividendes. L’avenir dira s’il s’agit, comme l’affirme la gauche, d’une supercherie. Mais d’ores et déjà on peut parler d’une diversion car le pacte de compétitivité européen, sans aller jusqu’à la suppression de l’indexation des salaires sur les prix comme le proposaient Paris et Berlin, instaure l’austèrité salariale.

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent“. Nicolas Sarkozy a en tête la formule d’Henri Queuille popularisée par un certain Jacques Chirac. Rien de moins qu’une prime exceptionnelle pour tous les salariés des entreprises moyennes ou grandes accompagnée pour les petites par une exonération de cotisations sociales. Autrement dit financée en partie par le contribuable dans le dernier cas.

Le Chef de l’Etat n’est plus à une incohérence près. Le fameux pacte de compétitivité franco-allemand, élaboré au début de février entre les deux pays grave dans le marbre l’alignement de la France sur la doctrine économique d’Outre-Rhin. Ce pacte part de l’idée que la rigueur sur les salaires adoptée par l’Allemagne lui a permis d’avoir une compétitivité élevée et que cette solution doit être étendue aux autres pays pour réduire la divergence de compétitivité entre Berlin et les autres capitales.

Très concrètement, le pacte franco-allemand posait le principe que les salaires devraient désormais cesser d’être indexés sur les prix.Cette mesure drastique pour les salariés a été rejetée par les autres Etats. Le document élaboré par le duo Van Rompuy-Barroso, une contre-pacte de compétitivité, ne demandera pas aux Etats membres d’abolir leurs systèmes d’indexation des salaires mais devrait exiger que les salaires ne soient pas plus élevés que ceux des trois principaux partenaires commerciaux d’un pays.

En début d’année, Nicolas Sarkozy se vantait ouvertement d’avoir refusé tout coup de pouce au smic depuis 2007. Le 13 janvier dernier à Toulouse, il déclarait devant les ouvriers d’Airbus : “Depuis que je suis président de la République, j’ai fait un choix, je comprends il est difficile, je n’ai pas donné une seule fois un coup de pouce au smic. Parce que chaque fois qu’on donnait ce coup de pouce, on éloignait de l’entreprise et de l’emploi certains de nos compatriotes dont la formation n’était pas suffisante“(…) “On avait l’impression que quand on donne un coup de pouce au smic, on avait résolu le problème de tous les salariés français. Non, on avait pénalisé 90 % des salariés français”.

La prime aux salariés du privé voulue par Nicolas Sarkozy acte en creux un ressenti d’inutilité de la fonction publique condamnée pour sa part au régime sec. Elle ignore volontairement le fossé qui s’est creusé au sein des salariés du secteur privé. Si 8,4 % des travailleurs en Europe sont des “travailleurs pauvres“, on voit apparaître une catégorie de “travailleurs riches” qui se hissent, par les revenus du travail, tout en haut de la pyramide sociale.

Comme le rappelait l’excellente Julie Clarini sur France Culture, ” la conjoncture est favorable au « travailleur riche » : en 7 ans, entre 1998 et 2005, et à la simple échelle française, on s’aperçoit que le club très fermé des 2 500 salariés les mieux payés s’est offert une augmentation de 51%. L’élite des 25 000 meilleurs salaires français a, elle, eu droit à une petite augmentation de 29 %“.

A cet égard le cas de François Pérol est hautement symbolique. Mediapart révèle que cet ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée propulsé par le Président à la tête de la Banque populaire et de la Caisse d’épargne dans des conditions douteuses s’est généreusement augmenté de + 247% en 2010 avec une rémunération globale passée de 461.884,10 euros en 2009 à 1.606.000 euros en 2010.

Contrairement aux idées reçues, la répartition de la valeur ajoutée entre capital et travail est stable depuis 20 ans mais les salaires les plus élevés n’ont cessé de capter une part de plus en plus importante de cette richesse. Mais de cela évidemment, Nicolas Sarkozy ne préfère pas parler.

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