Magazine Beauté

Le Mâle de Gaultier : un parfum typé devenu commun

Publié le 27 février 2011 par Papillondessenteurs @Papillondessent

le-male-from-jean-paul-gaultier.jpg

Créé en 1995, le Mâle Gaultier a fêté tranquillement ses 15 bougies en 2010.

"Déjà ?" allez vous me dire.

Eh oui.

A sa création, le Mâle semblait réservé à une catégorie de consommateurs bien spécifique et montrait aisément sa différence au sein du paysage olfactif de l'époque. A présent, c'est un parfum banalisé, comme ont pu l'être d'autres grands classiques avant lui.

En effet, Gaultier le couturier est anti conformiste voire provocateur.

Il s'est associé avec une société bien connue dans le secteur du parfum (Beauté Prestige International ou BPI pour les intimes) et a lancé Classique, son premier parfum, un féminin au flacon suggestif enserré dans une boite en métal façon conserve.

Ce dernier a connu un joli succès, et c'est ainsi que le Mâle a vu le jour, dans le même style, caricature extrême de la "patte" Gaultier : un buste aux formes bien évidentes, orné d'une marinière.

Quant au jus, il s'est vraiment démarqué des fragrances qui occupaient le marché à l'époque : fougères et autres aromatiques frais.

C'est un des orientaux qui a connu le plus de suffrages. On peut même dire que c'est l'une des premières fougères orientales.

Pour l'anecdote, il paraît que le parfum se serait inspiré des odeurs de savons à barbe.

Pour faire sa différence, il s'est emparé de 4 notes qui à elles seules, créent les murs porteurs de la fragrance : une lavande chaleureuse agrémentée de fleur d'oranger pour l'audace, et réchauffée par la vanille et la fève tonka.

Il s'en dégage donc une aspérité solaire et une facette lactée renforcée par le santal.

En tête, la menthe poivrée insuffle pourtant une certaine fraîcheur, accompagnée par la bergamote.

Le coeur prend d'assaut avec des épices bien typées (cannelle et cumin).

Puis, en fond, le cèdre acère un peu l'ensemble, tout en confirmant à la fois la virilité et la sensualité du jus.

Le succès s'est ainsi fait graduellement, jusqu'à atteindre son summum au début des années 2000.

C'est ainsi que mon ex meilleur ami, avec qui j'ai vécu des moments plus ou moins heureux de 2000 à 2005, s'est mis à porter Le Mâle qui, pour lui, incarnait l'odeur de l'homme moderne, fort et sensible à la fois.

Puis en 2004, j'ai rencontré un homme qui portait deux parfums dont Le Mâle.

Il le portait de manière totalement différente car plus viril de nature, et je l'ai découvert une nouvelle fois.

J'étais folle de son odeur, qu'elle soit naturelle ou due à l'un de ses deux parfums.

Je me rappelle que, quand je l'ai connu, il m'avait charmée pour plusieurs raisons : son physique méditerranéen et expressif, son humour et plus curieux de prime abord, son odeur. Je travaillais à ses côtés et j'avoue que je l'ai suivi à la trace pendant des mois, totalement droguée par son sillage. Pendant les nombreux mois de notre relation, j'étais totalement avide de son odeur et de son parfum.

Cette odeur m'a ainsi bien accompagnée pendant toutes ces années.

Suite à notre rupture et à la fin de ma relation amicale (les deux démarches ayant été entamées par moi-même pourtant), je suis restée comme en manque de ces 2 parfums et si le deuxième est bien plus rare, il se trouve que le Mâle venait régulièrement me narguer le nez, comme pour me rappeler mes défaites.

En effet, même si j'avais remarqué que le Mâle était très porté, y étant plus sensible car totalement accro, il me semblait sentir mon ex partout où j'allais (bus, université, salles d'attente, concerts, vacances ...), au point où c'en était devenu infernal. Et plus j'essayais de faire le deuil de cette relation, plus ce jus m'insupportait, malgré ses notes calmantes d'ordinaire.

Ainsi, j'ai pu constater que les personnes qui portaient ce parfum étaient diverses et variées, de l'homme métrosexuel au macho, du cadre supérieur à l'ouvrier, du jeune en survêtement à la jeune femme rebelle qui partageait le flacon avec son amoureux.

Ce phénomène de massification est en outre amplifié par le nombres de versions été, éditions spéciales et autres déclinaisons (Fleur du Mâle, Le Mâle terrible, etc).

Et comme pour Angel de Mugler, nous sommes passés d'un jus très typé à un jus devenu commun. Et pour moi, il a perdu de son aura.

Peut être que cet avis n'est pas totalement objectif au vu de mon expérience avec lui, mais à présent, cette fragrance qui figure parmi les meilleures ventes en France et dans un certain nombre de pays étrangers, me paraît finalement bien banale.  


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Papillondessenteurs 140 partages Voir son profil
Voir son blog