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Filton

Publié le 26 avril 2011 par Toulouseweb
FiltonLe célčbre aérodrome anglais, haut-lieu historique, va fermer.
Margaret Thatcher a frappé, une fois de plus. BAE Systems, propriétaire des lieux, a décidé de fermer définitivement l’aérodrome de Filton. Une décision brutale, prise sans autre forme de procčs, ni respect pour les entreprises implantées localement, qui devront se trouver une autre piste. Airbus, GKN, Rolls-Royce et d’autres ne seront pas affectés dans la mesure oů leurs activités ne sont pas liées ŕ la disponibilité d’une piste d’atterrissage. Ces entreprises étaient installées sur un aérodrome, elles vont se retrouver dans un parc industriel.
Filton, qui fermera le 31 décembre 2012, est un aérodrome ŕ vocation industrielle, créé en 1910, c’est-ŕ-dire aux tout débuts de l’aviation. Il a servi quelques-uns des plus grands pionniers anglais, a accompagné leur essor et plus particuličrement celui de l’avionneur et motoriste Bristol. De plus, il a joué un rôle majeur tout au long de la Seconde Guerre mondiale, base célčbre de chasseurs Hurricane et premier point de chute de blessés sur la route du rapatriement. C’est ŕ Filton qu’avait été implantée la chaîne d’assemblage final anglaise de Concorde.
Héritage d’un passé tout ŕ la fois glorieux et lointain, passé par la Bristol Aeroplane Co., la British Aircraft Corporation, arrivé dans le giron de BAE, Filton n’intéressait plus son propriétaire. Lequel s’est d’ailleurs résolument éloigné de l’aéronautique, a vendu sa participation de 20% dans Airbus et a arręté la production de l’avion régional BAe-146/Avro RJ sans męme livrer les derniers exemplaires qui lui avaient été commandés. Restent l’Eurofighter/Typhoon et le Hawk et une participation dans le F-35 Joint Strike Fighter américain.
Le traumatisme provoqué dans le Gloucestershire par la décision de BAE est réel et profond. Ce choix de principe permettra de supprimer 19 emplois, chiffre qui se passe de commentaire et constitue en męme temps un formidable pied de nez au passé. L’association des Filton Airfield Enthusiasts n’a pas encore réagi et on ignore si le projet de musée de l’aviation survivra ŕ ce renoncement. Il devait, en principe, ętre inauguré fin 2014 et aurait permis de mettre en valeur le Concorde n°3, propriété du Brooklands Museum de Weybrigde (ville qui longtemps accueilli le sičge de BAC). Les autorités locales restent pour l’instant silencieuses, probablement parce qu’elles ont prises de court par la décision.
A tort ou ŕ raison, on n’imagine pas une situation similaire en France, c’est-ŕ-dire la suppression de pans entiers de l’histoire de l’aviation du pays d’un simple trait de plume, qui plus est justifié par la volonté toujours plus inconditionnelle d’améliorer sans cesse le retour sur investissement. C’est décevant, c’est petit.
Nous n’avons pas le droit de rester indifférents, sachant que Filton a partagé la saga Concorde avec Toulouse, que la passerelle établie entre les deux hauts-lieux européens a eu des conséquences importantes, sinon durables. Bristol et BAC ont joué un rôle majeur au cœur de l’industrie aéronautique européenne et nous avons le devoir de nous en souvenir. Cela tout en sachant que de sérieux dangers guettent aussi notre patrimoine. En revanche, EADS, fort heureusement, témoigne d’une forme de respect bienvenue pour son passé ou plus exactement celui des nombreux acteurs qui figurent dans son arbre généalogique. Dans ce contexte, BAE vient de commettre une lourde erreur.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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