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Akhenaton et Faf Larage en duo

Publié le 26 avril 2011 par Africahit
Les deux rappeurs marseillais Akhenaton et Faf Larage se sont retrouvés autour de leurs premières amours musicales : le son et leflownew yorkais. Ils évoquent les titres-clef qui les ont inspirés dans la conception deWe Luv New York, conçu en toute indépendance.Akhenaton et Faf Larage en duoRFI Musique : IAM avait déjà établi une connexion entre New York et Marseille…Akhenaton : Oui, dans les années 80, Kheops (le DJ d’IAM,ndlr) ou moi-même ramenions des nouveautés de rap américain de New York. C’était l’occasion de grosses discussions autour des disques de Big Daddy Kane, Kool G Rap ou Rakim, sur leurs paroles et leur musique. Avec IAM, nous avons beaucoup appris à New York, où nous sommes allés enregistrer. Nous avons vu avec quelles machines travaillaient les rappeurs new yorkais, comment ils obtenaient ces rythmiques qui claquent : la Linndrum, la Roland 808, des boîtes à rythme très utilisées.

Puis arrivent vers 1986 les samples, avec des échantillonneurs, comme la Emu SP12, qui permettait de sampler cinq secondes sur d’énormes disquettes. C’est l’époque deEric B. is President et de My Melody (signés Eric B.& Rakim, ndlr). La façon de rapper, les instrus, c’était carrément le futur, avec des samples de soul, des rythmiques qui frappaient, un flow… Ils utilisaient le silence, comme Miles Davis, alors que le rap n’en utilisait jamais.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?Akhenaton : J’ai fait la connaissance de Faf presque en même temps que son frère, Shurik'n. Je l’ai d’abord connu par ses textes avant de le rencontrer physiquement.

Faf Larage : Nous nous sommes rencontrés lors d’un concert à la Maison Hantée à Marseille, en 1987, avant IAM. C’était l’endroit où se retrouvaient tous les amateurs de hip hop. Nous avons vite découvert que nous avions les mêmes goûts musicaux

Akhenaton et Faf Larage en duo
La première fois à New York ?Faf Larage : C’était en 1992. Musicalement, c’est donc une autre époque, avec l’émergence de producteurs comme Pete Rock, DJ Premier, Large Professor, Eric Sermon… l’utilisation de samples de cuivres. C’est l’époque du boom bap. En arrivant à New York, tout ce que je fantasmais depuis des années, je le voyais en vrai !

Akhenaton : C’est aussi grâce à ces rappeurs que l’on a progressé. Lorsque je discutais musique, cela m’a souvent donné des idées de morceaux. Quant à l’écoute, elle donne envie, c’est une sorte d’émulation, comme dans le sport, on veut rivaliser avec les meilleurs.

L’idée de ce disque, c’est de rendre un hommage au hip hop américain ?Akhenaton : Oui, au rap des années 80 à nos jours. Le rap est aujourd’hui plusunderground à New York, mais il est toujours vivace. La preuve, c’est que les plus gros vendeurs de rap font appel à des MC new yorkais. Comme par exemple, Lil Wayne invitant Talib Kweli. Avec cet album, nous avons pris une orientation soul, côté instrumentaux, ce qui est caractéristique du style new yorkais. Il y a pas mal de punchline (phrases percutantes,ndlr) et de vannes, comme sur In Memory of Your… .

Faf Larage : Sur le titre M.R.S., on s’inspire de Top Of New York de Capone-N-Noreaga. Je Danse Pas est plus dans le genre Busta Rhyme, avec son côté dansant, tandis que Avec la tête haute se rapproche d’un Jim Jones. Nous surfons sur plusieurs styles new yorkais, mais avec un son 2011.

Akhenaton et Faf Larage en duo
Sur Ni fouet ni maître, vous écrivez "rien ne va plus et on l’a vu venir"…Faf Larage : Depuis les débuts, beaucoup de groupes disent que ça ne va pas dans leurs textes : jeunesse paumée, chômage, violence, quartiers qui se dégradent… Personne n’a réagi, mis à part en nous faisant passer nous pour des méchants.

Akhenaton : Même quand on a vendu 1,5 million d’albums, on reste des galériens qui ont eu de la chance !

Ce qui n’était au début qu’une mixtape est finalement devenu un album… Akhenaton : C’est aussi l’avantage de ne plus travailler pour une maison de disques : nous ne sommes pas obligés de travailler un album en studio sur dix jours. Nous l’avons conçu pendant plusieurs mois. J’ai eu de grosses déceptions sur de précédents projets, les directeurs artistiques ont désormais moins d’influence que les gens du marketing. C’est pourquoi j’ai décidé de créer mon propre label, Me Label. L’album est en vente uniquement sur le site, en téléchargement, en CD ou en vinyle.Financièrement, nous avons essayé d’être raisonnables pour produire cet album, mais nous avons gardé notre part de rêve. Et notre rêve, ce serait par exemple d’organiser un concert à New York !

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