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Juno, chronique douce-amère d’une fin d’adolescence

Par Christophe Greuet
Juno, chronique douce-amère d’une d’adolescence 

Récemment proclamé comme nouvel objet de la comédie américaine, la grossesse non désirée est aujourd’hui au centre de Juno. Quelques mois après En cloque, mode d’emploi, le réalisateur Jason Reitman (Thank you for smoking) a choisi de recentrer son sujet dans le monde adolescent. Et tenter du même coup, grâce à un scénario habille, de faire sortir le genre de ses postures souvent vulgaires. Pari réussi, même si le terme de “chef d’œuvre”, souvent employé, apparaît comme quelque peu exagéré.

Adolescente effrontée mais désœuvrée, Juno McGuff (Ellen Page), 16 ans, couche avec son ami Bleeker (Michael Cera). Lorsqu’elle tombe enceinte, elle se rend compte qu’elle ne pourra faire face à la vie d’une très jeune maman. Avec le soutien de ses parents, elle trouve par petite annonce deux parents adoptifs, Mark (Jason Bateman) et Vanessa Loring (Jennifer Garner), un couple puritain prêt à accueillir l’enfant. Juno semble confiance lorsque subitement, Mark lui annonce qu’il va divorcer de Vanessa…
On a beaucoup “buzzé” autour du fait, assez mineur, que le scénario de Juno était écrit par la blogueuse et ex-strip-teaseuse Diablo Cody. Son travail, pourtant, est probablement la partie la plus faible du film. D’une construction entièrement linéaire, le film dégage peu de scènes mémorables. La réussite de Juno tient à autre chose : sa mise en scène, qui tisse peu à peu une ambiance décalée, et diffuse un parfum de comédie assez réjouissant. Même si Reitman n’évite pas pour autant quelques écueils : ces petits tics de mise en scène, qui permettent immédiatement de catégoriser un film comme “indépendant”. On pensera notamment dans les premières scènes, à l’image du générique alternant scènes avec acteurs et graphismes branchés.
On ne saurait louer la réussite de Juno sans parler des performances de ses acteurs. Ellen Page, dans le rôle-titre, renouvelle la performance d’ado sur le fil du rasoir de la norme. Deux ans après sa prestation diabolique dans Hard candy, elle confirme ici les espoirs placés en elle par de très nombreux cinéphiles avides de nouveaux visages.
Les seconds rôles n’en sont pas à oublier pour autant. On citera en tête le couple des parents adoptifs, qui contrebalance parfaitement l’insouciance de Juno pour une rigueur exacerbée. En première ligne, Jennifer Garner est formidable dans son rôle de future maman, tiraillée entre ses espoirs, ses dilemmes conjugaux et ses indéfectibles croyances religieuses. On pourrait aussi dire le plus grand bien de Jason Bateman, qui interprète son mari, un rockeur emprisonné dans une rigueur frustrante, mais qui va bientôt reprendre son envol.
Lorsque déroule le générique de fin, Juno laisse à son spectateur une impression de bien-être, ce qui lui vaut, à l’instar de Little miss sunshine, son statut de “feel good movie”. Bien sûr, la happy-end de rigueur est bien au rendez-vous, même si le film y ajoute le léger ressentiment d’une enfant devenue trop rapidement adulte. On est incontestablement face à un film réussi, malgré ses quelques faiblesses. Persiste pourtant une question dont Juno se serait bien passé : pourquoi un tel engouement de la part des critiques “branchés”, alors que celui-ci ne peut que potentialiser la déception d’une partie du public ?

Juno, chronique douce-amère d’une fin d’adolescence


« Juno » de Jason Reitman avec Ellen Page, Jennifer Garner, Michael Cera et Jason Bateman.

Visionnez la bande-annonce :


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