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Kissinger, sans émotion sur la Libye

Publié le 27 avril 2011 par Jcharmelot

Henry Kissinger s’est rendu récemment au Département d’Etat pour s’entretenir de la Libye, rapporte le New York Times. Le vieux sage de la diplomatie américaine était venu partager avec la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton quelques réflexions sur le conflit en Libye. « Vous ne pouvez pas déterminer l’issue d’une révolution par les déclarations de ceux qui sont en train de la faire », a-t-il expliqué sobrement à Mme Clinton. « Deuxièmement, ceux qui font les révolutions survivent rarement pour en voir les accomplissements », a ajouté M. Kissinger. Enfin, l’homme qui s’est illutré par l’ouverture vers la Chine de Mao, les négociations pour mettre fin à la guerre au Vietnam et ses tentatives pour régler les conflits du Moyen-Orient,  a conclu : « plus la révolution provoque de changements, et plus il y a de chances pour que se déchaîne la violence ». Ces réflexions de l’ancien secrétaire d’état et conseiller à la sécurité nationale, ont été soufflées au New York Times, qui a été comme souvent  le bénéficaire d’une fuite autorisée. Elles reflètent sans aucun doute la prudence partagée dans les cercles de décision à Washington sur la rébellion en Libye. Le président Barack Obama, engagé dorénavant dans la campagne pour sa réélection en 2012, ne peut pas se payer le luxe  de lancer son pays dans une troisième guerre. Ni même dans le soutien ouvert à une « révolution ». D’autant que l’issue des violences en Libye reste incertaine. Les opposants au régime de Mouamar Kadhafi qui se présentent comme des promoteurs de la démocratie se sont montrés de bien piètres combattants. Ils risquent également de manquer d’entraînement dans le domaine de la construction d’institutions politiques représentatives. Et le maître de Tripoli, retranché dans son bunker, semble bien décidé à rester aux commandes d’une Libye amputée de la moitié. Le risque d’une guerre civile prolongée est donc suffisamment grand pour que les Etats-Unis soient convaincus qu’il est urgent pour eux de s’abstenir. Et de laisser la France, la Grande-Bretagne, et –peut être– l’Italie tenter de mettre de l’ordre sur cette côte nord-africaine, si voisine de l’Europe.  

New York Times


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