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Anniversaire de Tchernobyl : 25 ans et toujours menaçant

Publié le 28 avril 2011 par Laplaceverte
Anniversaire de Tchernobyl : 25 ans et toujours menaçant Crédit photo : © Denis Avetisyan - Fotolia.com
Cette journée du 26 avril marque le quart de siècle de la terrible catastrophe de Tchernobyl. Depuis, Fukushima est passé par là, renforçant les craintes suscitées par l’exploitation de l’atome, qui présentera toujours un risque majeur inhérent à la technologie nucléaire.

Le 26 avril 1986, à 1h23, le réacteur n°4 de la centrale ukrainienne Lénine explose, provoquant le premier accident nucléaire civil de niveau maximal sur l’échelle Ines (Echelle internationale des événements nucléaires). L’explosion est d’origine humaine : les opérateurs de la centrale mènent une procédure de test sans suivre les mesures de sécurité habituelles. Une succession d’erreurs s’opère : le système demande l’arrêt d’urgence à 1h19 mais les techniciens bloquent les signaux et décident de poursuivre leur expérience. La température du cœur s’élève alors anormalement et celui-ci rentre en fusion. Il s'ensuit plusieurs explosions dues à des réactions chimiques. En quelques secondes, la réaction nucléaire en chaîne s'emballe et libère une puissance beaucoup plus forte que la puissance nominale du réacteur (en fonctionnement). Les 1 200 tonnes de la dalle de béton recouvrant le réacteur sont projetées en l'air et retombent sur le cœur de réacteur, fracturé par le choc… Le graphite prend feu, débutant un gigantesque incendie qui ne sera définitivement arrêté que le 9 mai.
Durant les événements, la vie des Ukrainiens reste inchangée. Les habitants des alentours ne seront évacués que 30 h plus tard, sans savoir qu’ils ne reviendront plus jamais chez eux… Un périmètre d’exclusion nucléaire de 30 km de rayon est décrété autour de la centrale.
Un réacteur sans enceinte de confinement
Un réacteur mal conçu, naturellement instable dans certaines situations et surtout sans enceinte de confinement, sont à l’origine des conséquences dramatiques qui perdurent encore aujourd’hui. L’enceinte de confinement est cette structure en acier et/ou béton armé qui isole un réacteur, limitant les fuites d'éléments radioactifs dans l'environnement en cas d'accident majeur. Lors de l’accident de Fukushima, l’endommagement de cette barrière au niveau du réacteur n°2, très tôt, serait à l’origine d’une grande partie des fuites radioactives.
600 000 liquidateurs déployés sur site
Le défaut de conception de la centrale de Tchernobyl est directement lié à l’origine de l’échappement du nuage radioactif qui a contaminé tout un continent. L’équivalent de 200 bombes d’Hiroshima a été relâché dans l’environnement. 600 000 liquidateurs venus des quatre coins de l’URSS se sont rendus sur site pour nettoyer les déchets. Ce sont eux, ainsi que les opérateurs, les pompiers intervenus la nuit du drame, ou encore les pilotes d’hélicoptères, qui ont été le plus atteints. D’après un rapport de l’ONU, une trentaine d’entre eux seraient morts des suites directes de leur exposition… un chiffre très largement contesté.L’augmentation importante du nombre de cancers de la thyroïde chez de jeunes enfants, un cas habituellement très rare, a en revanche bien été constatée par des médecins d’Ukraine et du Belarus. Ce cancer est provoqué par l’accumulation d’iode 131 dans la thyroïde. Aujourd’hui, une zone d’exclusion est toujours maintenue sur 30 km autour de la centrale. Si la radioactivité reste faible, des centaines d’années pourraient être nécessaires avant que l’isotope césium 137 ne disparaisse complètement. Sa période de demi-vie est en effet de 30 ans, alors que celle de l’iode 131 n’est que de 8 jours.
Fukushima atteint 10 % des rejets de TchernobylA Fukushima, les rejets ont été davantage dispersés dans le temps et une grande partie a été diluée dans l’océan. Les rejets cumulés atteindraient néanmoins déjà 10 % de ceux de Tchernobyl et pour l’heure, deux techniciens ont déjà été irradiés par de l’eau contaminée. 10 000 tonnes d’eau faiblement contaminées ont été volontairement relâchées dans le Pacifique afin de libérer des capacités de stockage pour l’eau très radioactive. D’après l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), le milieu marin à proximité immédiate de la centrale (quelques centaines de mètres) est fortement contaminé. Une zone de sécurité est toujours en place dans un rayon de 30 km autour de la centrale et elle a été placée sous le statut de zone interdite depuis le 21 avril, jusqu’à 20 km, afin d’empêcher les habitants d’y revenir.
La nécessité de construire un nouveau sarcophage
Alors que plus d’un mois après l’accident, TEPCO tente toujours de maîtriser les rejets radioactifs de la centrale nippone, le sarcophage de Tchernobyl montre des signes de faiblesse. Ce sarcophage n'est plus étanche, laissant passer les eaux de pluie qui risquent de contaminer la nappe phréatique. Les réacteurs 1, 2 et 3, qui n’ont pas été endommagés, étaient toujours en service, pour certains, jusqu’en 2001, et contiennent près de 600 tonnes de combustibles. 1,5 million de tonnes de déchets nucléaires sont toujours présents sur zone. Le projet de construction d’un deuxième sarcophage, pensé depuis 1992, a pris du retard pour des raisons techniques et financières. Le nouveau confinement, déjà en construction, sera une arche qui s’élèvera sur 100 mètres de haut et pèsera près d’1,5 milliard d’euros. Sa durée de vie est estimée à 100 ans.
Tchernobyl : images de synthèse du nouveau sarcophage



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