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JANE EYRE de Cary Fukunaga

Publié le 29 avril 2011 par Celine_diane
JANE EYRE de Cary Fukunaga
A moins d’être sacrément doué, et d’insuffler audace et nouveauté à la chose, adapter le roman de Charlotte Brontë a tout de la mauvaise idée. Avec une bonne vingtaine de propositions, au cinéma comme à la télé, le classique anglais s’est vu tourné, et retourné, dans tous les sens, jusqu’à épuisement. Pourtant, Cary Fukunaga (Sin Nombre) ne se laisse pas abattre, et décide- sur un scénario de Moira Buffini (Tamara Drewe) de soumettre sa propre vision. Verdict? Un désastre. Là où le livre étreint une puissance incroyable et déploie un univers gothique, inquiétant et obsédant, le film demeure- à l’instar de ses deux acteurs principaux (Mia Wasikowska et Michael Fassbender)- complètement éteint. Assommant, lourdingue et pas inventif pour un sou, cette adaptation sape la beauté du texte de Charlotte Brontë, et offre des images ennuyeuses là où les mots étaient captivants.
On ne retrouve jamais la force de l’œuvre littéraire, ni son féminisme latent qui explosait les conceptions victoriennes de la femme. Ici, Mia Wasikowska traverse le film en fantôme, au mieux insipide, au pire désespérément léthargique. En débutant par la fin (Jane Eyre, enfuie de la demeure de Mr. Rochester, s’est refugiée chez le pasteur St-John Rivers), et narrant son passé (les relations houleuses avec sa famille, le traumatisme de la mort de sa meilleure amie à l’internat) en flashbacks, Fukunaga croit briser linéarité et attentes. Sauf qu’il n’y a pas plus plat, et plus linéaire, que sa mise en scène justement. Il propose un romantisme de midinettes là où le roman évoque les affres de la passion (celle d’une servante pour son maître). Esquisse à peine les codes du roman gothique: le château comme personnage à part entière, les mystères autour des cris, le soupçon de fantastique, et, le crescendo tragique vers la révélation, point d’orgue du roman. Transforme la flamme d’une histoire d’amour torturée- en de tristes cendres, froides et endormies. En clair, cette énième adaptation d’un des plus beaux romans anglais du XIXème siècle a tout du film le plus inutile de l’année.
JANE EYRE de Cary Fukunaga
Sortie France : 7 septembre 2011.

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