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Il est revenu, le temps du muguet

Publié le 01 mai 2011 par Xavierlaine081

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Il n’y aura donc que la fleur et ses clochettes, et pas le moindre signe d’une contestation élargie, au beau pays de France.

Adieu les espoirs d’une mobilisation générale contre un état liberticide, contre une société génocidaire, contre une financiarisation du monde suicidaire. 

Adieu l’horizon radieux d’une prise de conscience citoyenne responsable, d’une rénovation de la démocratie visant à en finir avec l’omerta et le mensonge d’état. 

Après l’émotion d’un rejet en masse des lois sur les retraites, chacun est rentré chez lui, manger ses hot-dogs et ses pop-corn génétiquement modifiés en regardant l’outil de bêtification de masse que sont devenu l’ensemble des grands médias. 

Le lavage de cerveau et le silence pesant sur les conséquences désastreuses de Fukushima, sur les exactions des français et de leurs alliés en Lybie, comme en Afghanistan, sur les mesures prises par la Commission Européenne visant à empoisonner toujours plus le panier des ménages, ont joué leur rôle : ce premier mai, on se contentera de la douce fragrance du muguet, au mieux, sous les banderoles syndicales, on fera de maigres défilés, ou, les forces étant ce qu’elles sont, de simples rassemblements autour d’un apéritif très convivial ! 

Et pendant ce temps, nos mafieux politiciens songent déjà à qui sera grand vizir à la place du grand vizir, les chaines d’information supputent sur l’arrondissement brutal du ventre de dame Carla (une aubaine en pleine période pré-électorale, le citoyen lambda étant plus enclin à s’apitoyer sur les progénitures people que sur la stérilisation massive de la sienne). 

On s’agite donc dans le landernau des irresponsables qui se contenteront, une fois élus, de gérer la crise et ses dommages collatéraux, autrement dit de ne rien faire, et surtout de ne rien changer à cette prétendue civilisation qui montre chaque jour un peu plus ses limites. 

Déçus, frustrés et déresponsabilisés, la majorité des citoyens iront à la pêche au poissons irradiés, tandis que vocifèreront sur les ondes, les grands amuseurs de la République : Nicolas Sarkozy et Marine Lepen en tête, casaque rouge de honte et bleue de haine, suivi de près par les frères ennemis du socialisme édulcoré, DSK (son nom, on s’en fiche, les initiales suffisent), ex-patron de l’affameur mondial, parfois encore nommé FMI, François Hollande qui taillera peut-être le bout de gras avec son ex-compagne, Martine Aubry en peintre capable de refaire du neuf sur du vieux sans boucher les fissures, et je ne sais quels jeunes loups aux dents longues qui promettront monts et merveilles pour faire radicalement le contraire au lendemain de leur élection (on a la radicalité qu’on peut), et, pour la bonne bouche, je n’oublierai pas Mélanchon qui joue de la gueule et les inénarrables petits gauchistes qui viendront nous amuser avec les discours trotsko-léninistes de papa, sans réaliser qu’un siècle s’est coulé et que le monde est désormais aux mains d’un totalitarisme bien plus dangereux que ceux qui ont joyeusement assassinés des milliers de braves gens au XXème siècle. 

Dans la marre aux grenouilles, que faudrait-il pour que les grenouilles réagissent avant d’être cuites à point ? 

C’est parfois à se demander comment le peuple français a pu se lever en 1789 ! 

Mais sans doute ce peuple a-t-il pris peur d’avoir osé décapiter un roi puisque le voilà à reluquer outre Manche les ors d’un mariage princier, comme s’il regrettait cet heureux temps de servage auquel, sous une forme moderne, il est revenu, acceptant sans sourciller, en guise de pouvoir d’achat et d’élévation de son niveau de vie l’esclavage du Cetelem et des crédits révolving, la gabelle des péages autoroutiers, et le fait du prince pour forme de gouvernement. 

Historiquement, d’ailleurs, il n’y eut que quelques milliers de républicains pour défendre la Commune de Paris, pour se révolter en de lointaines Basses-Alpes contre l’usurpation du pouvoir par Badinguet III, et une poignée encore plus infime de résistants de la première heure et de justes, pour s’élever contre la déportation des députés communistes et apparentés, la prise de pouvoir par le Maréchal branlant du chef, la soumission du pays à l’ordre nazi, avec son cortège de déportations et de meurtres. 

Ils furent plus nombreux, c’est vrai à se découvrir des talents de résistance lorsque le vent eut tourné. 

Il fut donc un temps pour retourner la veste, désormais, ils ne peuvent que retourner leur pantalon. 

Pendant ce temps, la chasse au faciès bat son plein dans les rues de la capitale, les riches s’en mettent plein les fouilles, le danger nucléaire se répand, la mal bouffe et la mal-vie sont pandémiques, la misère avance à la vitesse d’un cheval au galop.

Et que retiendra-t-on du premier mai 2011 ? Qu’il fut l’occasion d’une vente sans précédent des petites clochettes, et de maigres défilés. Et les journalistes aux ordres auront, j’en suis certain, un petit sourire de compassion occasionnelle… 

Il me revient cette ritournelle de mon adolescence : « Si tous les cocus avaient des clochettes, des clochettes au cul, on n’s’entendrait plus ». 

Nous y voilà. 

Xavier Lainé 

Manosque, 1er mai 2011 


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