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Passé virtuel

Par Ledinobleu

Jaquette DVD du film Passé virtuelDouglas Hall est fier de travailler pour Hannon Fuller, ce génie visionnaire qui a conçu la première simulation d’un environnement réel peuplé de programmes intelligents. Mais Fuller est assassiné, et une jeune femme apparaît, qui prétend être sa fille. Puis Douglas apprend qu’il est héritier de la société de Fuller, ce qui le place dans la mire des enquêteurs. Enfin, il comprend qu’un message de Fuller l’attend dans le monde virtuel créé par celui-ci – un message qui va bouleverser la perception du réel de Douglas…

Mais après tout, le réel n’est-il pas une vue de l’esprit pour commencer ?

J’évoquais dans ma chronique récente du film Cargo (Ivan Engler & Ralph Etter ; 2009) un des principaux problèmes de la science-fiction au cinéma : cette fâcheuse habitude pour les auteurs d’articuler leurs productions autour d’une action effrénée alimentée par un budget indécent – défaut dont Cargo ne souffre pas, il faut le souligner. Mais il y a une autre caractéristique récurrente du cinéma de science-fiction, celle qui consiste à faire des adaptations sans réel rapport avec l’œuvre originale, ou du moins un rapport discutable. Passé virtuel n’appartient pas à cette catégorie : sous bien des aspects, d’ailleurs, il se montre un très bon exemple de comment adapter une œuvre complexe sur le grand écran.

L’œuvre en question, ici, s’appelle Simulacron 3 (1964), un roman de Daniel Galouye (1920-1976) dont on ne saurait trop recommander la lecture, et en particulier à ceux qui croient encore que Matrix (Andy & Larry Wachowski ; 1999) proposait quoi que ce soit de nouveau en son temps… Articulé autour du thème du cyberespace à une époque où les ordinateurs fonctionnaient encore avec des bandes magnétiques et des cartes perforées, Simulacron 3 présentait un aperçu des possibilités des simulations virtuelles en plus d’illustrer avec habileté et humanité la notion de volonté de puissance ; cette œuvre reste d’ailleurs encore à ce jour tout à fait pertinente en dépit de certains détails techniques aux consonances obsolètes.

Si Passé virtuel brille, c’est parce qu’il se montre tout à fait respectueux de ce matériaux de départ, pourtant peu propice à une adaptation sur grand écran. Une des raisons principales tient dans le choix de Josef Rusnak d’utiliser une partie des codes du film noir là où le roman original donnait plutôt l’impression de s’aligner sur Agatha Christie. Une seconde raison tient dans une certaine modernisation du propos, en présentant réel et virtuel comme entremêlés, et au point que la frontière entre les deux devient floue. Enfin, il n’hésite pas à mettre en scène le meurtrier, même s’il n’apparaît que deux fois dans le film, et notamment en lui attribuant un comportement proche de celui d’un serial killer – faute d’un meilleur terme.

Bref, Josef Rusnak ne s’est pas contenté d’adapter le livre original en en suivant l’intrigue et l’univers à la lettre, il se l’est réapproprié pour nous en livrer sa vision propre et ainsi mieux le décliner sur le média du cinéma et de ses contraintes particulières. Mais malgré ces entorses, l’esprit du roman de départ reste très bien préservé et Passé virtuel s’affirme au final comme son excellente et tout à fait recommandable déclinaison sur grand écran.

Passé virtuel (The Thirteenth Floor), Josef Rusnak, 1999
Sony Pictures Entertainment, 2003
97 minutes, env. 10 €


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