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Le hasard, la beauté, la profusion (réflexions).

Par Ananda

 

LE HASARD

Ce qu’il y a de plus terrible, de plus insupportable peut-être, pour l’Homme, c’est le pouvoir du hasard.

Si la planète jumelle de la Terre avait percuté celle-ci sous un autre angle, il a quelques quatre milliards d’années…si les volcans n’avait pas dégagé d’oxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre en formation…si les mangroves n’avaient pas permis à certains poissons d’échapper à leurs prédateurs monstrueux en utilisant  leurs étranges nageoires pour se hisser sur les rives…si la chute d’un astéroïde n’avait pas déclenché, il y a 65 millions d’années, des éruptions volcaniques en chaîne et ainsi rayé les redoutables dinosaures de la carte…si le climat n’avait passé son temps à osciller voici deux millions d’années, asséchant et refaisant surgir  alternativement les grands lacs de la Vallée du Rift, en Afrique !

Quand on y pense, il s’en est fallu, à chaque fois, de peu, de tellement peu !

Nous devrions tous nous regarder comme les produits d’une longue chaîne de miracles.

Et remercier autant le hasard que notre volonté de vivre, d’être.

Ne sommes-nous pas ingrats de le regarder comme s’il était notre ennemi ?

N’avons-nous pas tort de l’accuser d’être complice de l’absurde ?

LA BEAUTE

Il est parfois plaisant de constater combien les gens sont dupes, esclaves de « l’impression immédiate » et des apparences, combien ils « se laissent avoir » (comme on dit vulgairement) par qui les séduit.

Mais après tout, quoi de plus logique ?

La séduction est une tromperie.

Les Espagnols ont nommé Don Juan « el burlador de Sevilla ». « Burlador » ? Cela signifie carrément « trompeur » et non point « séducteur ».

Les anciens Grecs, qui avaient décrété et croyaient dur comme fer que la beauté ne pouvait être synonyme que de bonté étaient, au fond, n’en déplaise à leurs Socrate et autres Pythagore, d’une naïveté, pour ne pas dire d’une bêtise confondantes. Ou, plutôt, ils abandonnaient leurs aptitudes pourtant amplement démontrées pour le raisonnement logique au profit d’exigences d’ordre uniquement  PSYCHOLOGIQUE.

La psychologie humaine a, sinon SA raison, ses raisons, comme chacun sait, et, aujourd’hui tout comme au temps de Périclès, la beauté d’un être lui confère un redoutable pouvoir sur qui il séduit, de par l’attirance qu’il exerce. Il faut par conséquent se rassurer, ce qu’on se hâte de faire en balayant l’obstacle au désir que constitue, potentiellement, la crainte d’un pareil pouvoir par le moyen de la convocation de ce mythe.

Qu’est-ce que la beauté chez un être ?

Longtemps, mystérieuse question !

On commence maintenant seulement, grâce aux recherches des scientifiques, à voir se dissiper quelque peu le brouillard qui entourait la chose.

Certains ont émis l’hypothèse que la beauté était purement subjective, et déterminée par la culture à laquelle appartiennent les gens.

Eh bien, il semblerait, en fait, que ce ne soit pas tout à fait vrai.

Selon les interprétations des divers tests psychologiques effectués par les spécialistes, la beauté serait en relation étroite avec la symétrie.

Plus profondément encore, cette relation entre beauté et goût de la symétrie, tant corporelle que faciale, s’enracine dans les impératifs de la reproduction.

Car, voyez-vous, dans la nature, tout parle (Baudelaire l’avait déjà pressenti , la nature émet des « signes », et la science l’a confirmé : elle est le théâtre d’échanges d’information en nombre astronomique) et la symétrie signale la bonne santé d’un organisme.

Voilà, entre autre, pourquoi l’on n’aime pas les êtres contrefaits et bossus !

Un beau visage, c’est un visage symétrique, aux traits réguliers…Ken et Barbie vous le diront !

D’autres facteurs entrent également en ligne de compte : la jeunesse , le ventre plat et la minceur parce qu’ils ne signalent pas de trace de grossesse chez la femme.

Toutes ces caractéristiques seraient des signes d’appel sexuel majeur, du genre : « allez-y – je suis en pleine forme, tout à fait disponible et fécondable, ou capable de vous féconder ! »

Eh oui, nous nous imaginons « au-dessus de tout ça » les trois quarts du temps.

Ça parait presque « choquant » , surtout pour les âmes latines et humanistes !

LA PROFUSION

Logiquement, la profusion devrait combler, et rendre heureux.

Mais psychologiquement, il se trouve qu’il n’en va pas du tout ainsi : au contraire, l’abondance (paradoxalement) rend exigeant.

Dans notre société d’opulence, qui monte en épingle l’hédonisme, on constate que les gens sont de plus en plus insatisfaits et paniquards.

On les a tellement bien convaincus qu’ils avaient  DROIT au maximum, au meilleur dans le meilleur des mondes possibles (comme disait le bon vieux Pangloss) qu’ils ne tolèrent plus le moindre couac.

Et c’est le règne du « toujours plus ! » : toujours plus de sécurité, toujours plus d’hygiène, toujours plus de plaisir, plus de bonheur, et bien entendu, tout cela, tout de suite…mais où est le bonheur, là-dedans ?

Car à y regarder mieux, que nous est-il donné de voir ?

D’un côté, des pays qui nagent dans la pauvreté, l’arbitraire et le désordre, voire la guerre franche et où pourtant les gens savent encore rire, s’amuser de peu de chose, vivre à leur rythme et vivre ensemble contre toute attente, et de l’autre, des peuples choyés qui jouissent de la paix, de la liberté et d’un très haut niveau de vie, donc d’une qualité de vie maximale, et où cependant les gens passent leur temps à étaler leurs « frustrations », à gratter la croûte de leur « mal-être » (quand ce n’est pas de leur « malaise »), à sursauter au moindre bruit comme si c’était Hiroshima.

D’un côté, des gens qui craignent pour leur vie et celle de leur famille ; de l’autre, ceux qui deviennent malades de terreur à l’idée qu’on leur dérobe leur autoradio ou, seulement, qu’on les bouscule dans la rue.

N’y a-t-il pas là matière à étonnement, à méditation ?

Mais, me direz-vous, pas tant que cela : quand on possède, on a peur de perdre.

Les vraies sources du bonheur sont dans la non-possession et le non-désir.

Une « morale de l’histoire » que Siddhârta Gautâma n’aurait pas reniée !

P.Laranco.


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