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Le service public: une télévision de marketing?

Publié le 08 mai 2011 par Francoisjost

J’ai déjà eu l’occasion ici même de dire combien la soi-disant réforme du service publique de la télévision avait été un coup pour rien. Les récentes décisions de M. Pfimlin m’obligent à y revenir.

http://comprendrelatele.blog.lemonde.fr/2010/09/21/remy-pfimlin-et-le-service-public/

http://comprendrelatele.blog.lemonde.fr/2010/11/26/la-reforme-avortee-de-la-suppression-de-la-publicite-sur-le-service-public/

Bien qu’il ait écarté Delarue sur le motif que les animateurs du service public devaient être un exemple, aujourd’hui, un journaliste condamné pour incitation à la discrimination raciale continue à jouer son rôle de saltimbanque dans un talk show populaire. J’ai dit dans le Monde mon indignation. Je n’y reviens pas. Que faut-il penser à présent de la fin programmée des émissions de Taddéi, de Giesbert, de Durand? Deux commentaires reviennent souvent.

Le premier concerne ce que de telles suppressions révèlent des relations de la télévision publique au pouvoir. Ces trois journalistes seraient sur une liste noire écrite par l’Elysée. L’hypothèse est vraisemblable et confirme ce que tous les observateurs avisés avaient prévu: ce n’est qu’une conséquence du mode de nomination du PDG de France Télévisions.

Le second commentaire est une déploration sur la peau de chagrin que représentent les émissions culturelles à la télévision: chaque jour elle se rétrécit. Pour s’accorder à cette position, encore faudrait-il être convaincu que ces programmes méritent vraiment d’être appelés “culturels”. Certes, on voit sur ces plateaux des gens dont les qualités intellectuelles sont indéniables, mais en quoi le fait d’inviter un romancier, une artiste ou un comique à parler de l’actualité donne-t-il une touche “culturelle” à la discussion? Il faut bien l’avouer: ce qui nous plaît dans ces discussions ce sont plus les affrontements qu’elles ménagent que les opinions, souvent proches du café du commerce, qu’elles développent. Pourquoi pas. Mais, de là à se contenter de cette définition de la culture à la télévision, il y a un pas que je ne suis pas décidé à franchir.

Néanmoins, là n’est pas l’objet de cet article. Ces suppressions me choquent non pas au motif qu’elles feraient obligatoirement disparaître la culture de la télévision (on peut imaginer bien d’autres façons de faire des émissions culturelles), mais parce qu’elles démontrent encore, s’il en était besoin, que la suppression de la publicité sur le service publique a été une vaste plaisanterie. Celle-ci avait été motivée par le fait de délier les émissions de leur évalution directe par l’audience, de délivrer les décideurs de cette épée de Damoclès suspendue à leurs choix, de donner à tous les publics, y compris les plus exigeants des émissions qui les satisfassent. Or, pour se défendre de toute animosité à l’égard des animateurs sus-cités, la direction du service public met en avant le faible nombre de spectateurs qui suivent ces programmes. Plus grave encore, elle remarque que le public qui les suit est vieux. Et il faut rajeunir l’antenne, martèle M. Pfimlin… Ayant travaillé jadis dans une société de marketing, je sais ce qu’un tel slogan veut dire : simplement se conformer aux lois du marché et accroître au mieux la rentabilité de l’entreprise. Est-ce cela que nous attendons du service public: discriminer une partie de la population, qui, dans les années qui viennent, sera majoritaire? Pour ma part, je suis solidaire des 200 000 personnes qui trouvaient un plaisir à suivre ces programmes et je m’inquiète de cette nouvelle dérive du service public.

comprendrelatele

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