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« Franchement, monsieur Marboeuf, entre nous, à qui ça sert d’apprendre « le groupe verbal » ?

Publié le 09 mai 2011 par Veille-Education

Tranche de vie d’une réunion parents-professeurs :

Cette semaine j’avais un rendez-vous avec un père d’élève. C’est un papa que j’aime bien, avec qui il m’est déjà arrivé d’échanger sur l’école et sur d’autres sujets, ma foi de manière intéressante. Il voulait faire un point sur l’année de son fils, un très bon élève, parmi les meilleurs de ma classe : complet, travailleur, particulièrement bon en maths où il a parfois de belles intuitions, et ce qui ne gâche rien, bon camarade.

Je n’avais qu’un point légèrement négatif à aborder, les difficultés très relatives de Matthieu en lecture : sa lecture à voix haute est encore très perfectible, surtout son niveau de compréhension est en décalage avec le reste de son œuvre, si j’ose dire. Il manque de finesse, ne perçoit pas toujours l’implicite du texte, parfois même passe à côté de choses vraiment simples.

Le papa de Matthieu écoute attentivement, très réceptif. Il me demande ce qu’il est possible de faire pour aider Matthieu à la maison, et prend même des notes quand je lui donne quelques pistes.

Il reprend la parole pour me dire que selon lui, une partie des (petites) difficultés de Matthieu en lecture et en compréhension vient de ce que sa femme est finlandaise, que les enfants ont donc deux langues, deux systèmes de pensée. C’est à mon tour d’écouter attentivement, cette question m’a toujours intéressé.

Il me raconte, toujours avec cette bonhommie, la malice même qui le caractérisent, les discussions à table le soir entre ses enfants, sa femme et lui autour des différences entre la culture française et la culture finlandaise. Il me confie qu’il doit parfois s’employer avec sa femme (« vous n’êtes pas sans savoir que la Finlande est très bien classée dans les évaluations internationales, monsieur Marboeuf), sa femme qui ne comprend pas toujours la logique de l’enseignement français. Non que lui le défende bec et ongle dans la discussion, mais parce qu’il perçoit des choses qui échappent manifestement à sa femme.

« Par exemple, je me souviens qu’au début de l’année, on a eu une longue conversation sur une leçon sur la préhistoire. Ma femme ne comprenait pas l’intérêt d’apprendre ou de savoir qu’il y a eu deux périodes, le paléolithique et le néolithique. »

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens obligé de justifier, quand même, cette distinction, le néolithique marquant la sédentarisation de l’humanité avec tous les bouleversements qui s’ensuivent. Il me semble que c’est important de savoir ça, au moins de l’entendre et de le comprendre, quitte à l’oublier. Je sens en disant ça que je m’engage sur un sentier qu’il a lui-même emprunté pour répondre à sa femme.

« Vous savez, monsieur Marboeuf, les scandinaves, et particulièrement les finlandais n’accordent pas la même importance que les français à l’histoire, ni même à la géographie, qui sont en Finlande enseignés à petites doses, et de manière assez simple ».

Je vois bien qu’il n’a pas fini, que la discussion qu’il a eue avec sa femme l’a mené plus loin et qu’il veut m’y mener à mon tour.

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