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Interview: Le Prince Miiaou

Publié le 11 mai 2011 par Nuagenoir
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Interview: Le Prince Miiaou
Le Prince Miiaou
La Nef, Angoulême
22/04/2011
Vous avez sûrement déjà lu la critique de son dernier album Fill the Blank With Your Own Emptiness sur Nuage Noir ; voici l'interview ! C'était lors d'une soirée mémorable, où l'on a aussi eu la chance d'interview Best Coast, la tête d'affiche du concert. Après avoir cherché le mec qui s'occupait de notre cas et embusqué Maud-Élisa Mandeau à la sortie de la salle, nous avons enfin pu avoir notre quart d'heure de papotage. Propos recueillis par Jimmy et Laura.
(Elle s'adresse d'abord à Laura.) J'aime beaucoup ta tenue !Merci, c'est gentil.Moi qui ne sais pas m'habiller !Mais non.Tu vas partir à poil, par contre.Nooon ! (Laura explose de rire.)
T'as bien aimé le concert ?Alors, est-ce que j'ai bien aimé le concert ou le public ?Ça va ensemble, non ?Le public, on a eu plus chaud. Mais déjà, il y avait du monde et ils étaient attentifs. Ce n'était pas la grosse déconne, mais je préfère ça plutôt que des gens tout bourrés qui font du bruit sur les intros calmes. Là, au moins, on est dans l'ambiance du concert, donc c'est bien. Après, notre prestation... On a fait plusieurs résidences ici donc on connaît bien le son de la salle, et c'est vrai qu'il est génial, donc on était assez à l'aise. Après, il y a eu des erreurs, mais je suis assez contente. Pour une fois.
Et le groupe, c'est qui ? Parce que normalement, tu es seule.La composition, c'est moi. Après, des musiciens interprètent sur scène ce que j'ai composé.Donc tu composes pour tous les instruments.Voilà, c'est ça. Je compose le morceau en entier.Tu connais bien tous les instruments ?Non, c'est vraiment une démarche autodidacte. Avec les ordinateurs, aujourd'hui, tu peux imiter un instrument, même si tu ne sais pas en jouer : faire de la batterie avec une souris d'ordinateur. Tant que tu as les choses dans la tête, tu peux tout reproduire sur l'ordi. Après, moi je joue de la basse, de la guitare et du piano, par exemple. Le reste, je le fais avec les machines.C'est venu naturellement, de travailler avec les machines ?Non, on m'a appris, mais j'ai la chance d'être entourée de gens qui savent se servir de tous ces logiciels. Ils m'ont montré comment ça marchait et très vite, j'ai bidouillé dessus.Tu utilises quel procédé, pour composer ?C'est un peu comme un jeu vidéo. Je me dis « tiens, je vais me faire une partie », donc un morceau en gros, et hop, je me mets devant mon ordi et je ferme la porte.Tout par ordinateur ?J'ai tous mes instruments autour de moi, mes claviers, mes guitares, ma carte son, et je prends un instrument un peu au pif. Je pose aussi mes doigts au pif, parce que je ne connais pas bien les notes, mais j'ai les choses dans ma tête, donc je les cherche sur les instruments. Dès que je trouve une idée, ça m'appelle la batterie, puis tout le reste. Je ne compose pas un morceau avec juste une guitare sèche. Je compose seconde par seconde.Et comment tu viens y apposer le texte ?Sur cet album, les textes, c'était un peu difficile. Généralement, j'ai tout de suite la mélodie et le yaourt, dans des sonorités anglo-saxonnes. Après, c'est dur, parce qu'il faut que je le remplace avec de vrais mots. C'est difficile de trouver un texte qui colle quand je me suis habituée à un certain yaourt. La mélodie, ça vient tout de suite. Les mots, après.Tu préfères chanter en anglais ?Oui, parce que le rock, je le préfère en anglais.
Tu parles beaucoup du vide dans tes chansons. C'est le mal-être ?Non. Le premier album, je l'avais préparé en trois ou quatre ans, et là, pour le dernier, j'ai pas trouvé le temps de me nourrir. Forcément, j'avais moins de choses à dire, et c'était la première fois que je ne dégueulais pas les textes d'un coup. Je me suis retrouvée face au vide, devant une page blanche.Alors tu as décidé d'en parler.Je n'avais que ça à dire. Je n'avais rien à dire, donc je me suis dit « écrivons sur ça ». Effectivement, il y a deux-trois morceaux, et le titre de l'album, qui font référence à ça.
On sent beaucoup d'émotion dans tes chansons, c'est très vivant. D'où puises-tu cette énergie ?L'émotion, je pense que c'est le propre de la musique, quand même !Mais d'où tu la puises, cette énergie artistique ?Je pense que je suis quelqu'un d'assez sensible et viscéral, j'aime bien les pensées honnêtes, donc j'exprime mes émotions de manière assez honnête, je pense. J'ai du mal à analyser le résultat de ce que je fais.
La musique, tu en fais depuis toujours ?Non, je m'y suis mis vers dix-huit ans. Avant, je n'étais pas trop mélomane. J'ai commencé par être dans un groupe de metal au Lycée, où je devais surtout hurler. Genre Rage Against the Machine. Après, j'ai vite pris une guitare, j'ai vite commencé à composer. J'ai eu un groupe de post-rock pendant quatre ans où là, j'ai vachement plus appris.Et d'un coup, tu as décidé de laisser tomber ?J'en avais surtout marre des compromis de groupe, et le groupe était basé en Charente-Maritime ; moi, je faisais mes études à Paris. J'ai fait des aller-retours tous les weekends pendant un an, donc je n'étais ni dans ma vie parisienne, ni dans ma vie de Charente. Au bout d'un moment, j'en ai eu marre. Et le groupe, ça n'avançait pas, on a du faire quatre concerts en quatre ans. C'était une musique assez compliquée, à la Tool, avec des mesures asymétriques, de haut niveau pour des autodidactes. On n'était jamais prêts pour faire des concerts. J'en ai eu ras-le-bol.
Quand as-tu créé le personnage du Prince Miiaou ?Ce n'est pas un personnage ! C'était au moment de créer la page MySpace, pour mettre le premier morceau que j'avais fait toute seule. Je me suis dit « bon, j'ai pas envie de mettre Maud-Élisa Mandeau », donc j'ai pris un nom au pif.Et Miiaou ? Pourquoi les deux « i » ? (ndlr. On trouvait ça un peu kikoulol.)Parce que j'ai pris le nom dans un conte, et pour un peu moins de plagiat, et pour que ce soit moi sur Google et pas le conte, j'ai rajouté un « i ».
Tu écoutais quoi dans ta jeunesse ?Dans ma jeunesse, je n'écoutais rien de spécial, j'écoutais de tout. J'écoutais la radio, ça pouvait aller des Spice Girls à Green Day.Tu n'as pas eu de période rebelle ?Si, quand j'écoutais Korn et Rage Against the Machine, par exemple. Mais ça, c'était vraiment ado, ce n'est pas ça qui m'a construit pour Le Prince Miiaou, je pense. C'était plus vers vingt ans, quand j'ai découvert le post-rock ; Mogwai, des trucs comme ça, et puis après, Radiohead, PJ Harvey. Ensuite, vachement mes contemporains, genre Foals, Cold War Kids, Arcade Fire, Bon Iver, Florence & The Machine.Tu trouves le temps d'écouter de la musique ?Non. J'écoute peu de groupes, genre deux par an, peut-être trois. Je ne suis pas une boulimique de musique. Là, ça fait six mois que je n'ai plus de quoi écouter de la musique.
Et Best Coast, tu connaissais ? (ndlr. Best Coast ne connaissait pas sa première partie.)Non. Ça n'a pas du faire un buzz assez énorme pour que ça m'arrive jusqu'aux oreilles.Il faut être dans le milieu.Mais je ne suis pas du genre à lire Pitchfork ou les Inrocks ; même si je suis abonnée.C'est bizarre, parce que tu n'es pas du tout dans le même genre que Best Coast.Mais demain on joue avec Brigitte, par exemple. Je ne sais pas si vous connaissez Brigitte ?Si, ça me dit quelque chose. (ndlr. Maintenant on connaît.)Voilà, ça cartonne en ce moment.C'est un peu electro ?Pas du tout. C'est de la chanson française hype. Elles ont un tube qui tourne en boucle (Elle nous chante la mélodie.) et elles ont fait une reprise de Ma Benz. Je ne sais plus si c'est IAM ou NTM.NTM.C'est ça qui les a fait connaître. C'est deux filles qui jouent vraiment sur le côté vintage. C'est très très très très différent de ce qu'on fait.
Quelque chose à rajouter ?J'ai quelques précisions. Je compose seule mais je n'enregistre pas toute seule.Tu enregistres avec les musiciens qui sont sur scène ?Avec deux d'entre eux, parce que le guitariste est arrivé pour le live. Avant, on était trois sur scène. Norbert, le batteur, et François-Pierre, le violoncelliste, ont enregistré les cordes et la batterie, et Benjamin Mandeau, en ingé-son live, a aussi fait l'album.
Okay. Eh bien merci beaucoup !Merci à vous !Je peux prendre une photo ?Oula, avec ma tête de fin de concert ?(On sort l'appareil.)Je vais regarder un peu mes pieds, d'accord ?
Finalement la photo est très belle, et on lui souhaite une bonne soirée, après quoi elle s'en va chercher une voiture qui doit l'emmener au loin.

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