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Minuit dans le jardin du bien et du mal (on ne badine pas avec l’amour)

Par Borokoff

A propos de Minuit à Paris de Woody Allen 3 out of 5 stars

Minuit dans le jardin du bien et du mal (on ne badine pas avec l’amour)

Gil, un scénariste américain et sa fiancée sont venus passer quelques jours à Paris avant leur mariage planifié pour l’automne. Enchanté par la Ville-lumière et nostalgique des années 1920, Gil délaisse chaque soir sa fiancée pour des soirées parisiennes où il rencontre la fine fleur d’artistes décédés, de Dali à Buñuel en passant par Hemingway, Scott Fitzgerald, Gertrude Stein. Mais Gil s’éprend aussi d’Adriana, une muse de Picasso…

Après Match Point, Scoop, Le rêve de Cassandre (Londres), Vicky, Cristina, Barcelona (Barcelone) et dans la foulée de ses tournages en Europe, Woody Allen s’attaque cette fois à la capitale française. Une ville dont on sait qu’il a toujours été amoureux, depuis son passage à Paris et son rôle dans Quoi de neuf, Pussycat (1965).

Le rapprochement d’Allen avec le personnage de Gil (Owen Wilson) est aisé. Scénariste hollywoodien à succès, Gil a toujours rêvé de devenir écrivain et de s’installer à Paris, après un premier voyage enthousiasmant dans la capitale française lorsqu’il avait 20 ans.

Minuit dans le jardin du bien et du mal (on ne badine pas avec l’amour)

Le début du film est assez prometteur. Sur une musique de jazz entrainante typiquement woodyallienne, Gil confie à sa fiancée (Rachel Mcadams) qu’il n’imagine Paris que sous la pluie et qu’il aurait rêvé de vivre dans les années folles, au milieu des cercles d’écrivains américains en voyage à Paris.

La fiancée de Gil le trouve éperdument romantique mais l’aime, ou du moins croit l’aimer, à cause du succès qu’il rencontre à Hollywood. Le voyage de Gil est prétexte à une remise en question profonde de ses amours et de ses aspirations. Gil est-il passé à côté d’une grande carrière d’écrivain comme il voulait l’entamer vingt ans plus tôt ? Le personnage de Gil reprend en partie la figure de l’écrivain à succès de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu.

Teintée de loufoque voire d’absurde, la virée nocturne de Gil l’amène à côtoyer des écrivains morts qu’il affectionne (dont Faulkner) et le plonge comme par magie, dans le Paris des années 1920. Gil rencontre les surréalistes Dali (superbe apparition d’Adrian Brody) et Buñuel, tombe éperdument amoureux d’Adriana (Marion Cotillard), une muse de Picasso, au point de renoncer à son mariage. Mais Adriana elle-même est nostalgique de la Belle-époque…

Minuit dans le jardin du bien et du mal (on ne badine pas avec l’amour)

Gil aurait-il raté sa vie ? Au contraire, l’émulation intellectuelle suscitée par ses soirées dans les bars et les salons parisiens relance son inspiration et son envie d’écrire un grand roman. En scénariste hollywoodien, Owen Wilson est très convaincant, qui allie à la fois nonchalance et simplicité,  décontraction et humour. Owen Wilson passé à la moulinette d’Allen donnerait-t-il un double tourmenté du cinéaste ?

Pas vraiment. Le grand mérite de Wilson est de ne pas chercher à imiter Woody Allen dans son jeu, piège dans lequel on se souvient était tombé Branagh dans Celebrity. Si l’humour absurde des blagues, les associations d’esprit incongrues sont reconnaissables entre tous, si la surexcitation dont il fait preuve rappelle celle d’un certain trublion aux lunettes en écailles, le personnage de Gil semble beaucoup plus insouciant que les héros habituels de Woody Allen. Ce qui n’empêche pas Gil d’être un écrivain ambitieux voire préoccupé par son œuvre.

Mais Minuit à Paris s’apparente définitivement à une comédie badine et légère, à la morale beaucoup plus optimiste qu’à l’accoutumée chez Allen. Pas de grandes questions sur le monde, pas de problèmes existentiels ni d’angoisses irrésolubles cette fois. Gil trouvera sa place autant que le spectateur dans cette comédie aussi agréable à suivre (malgré quelques longueurs à la fin) que dépourvue de véritables enjeux…

www.youtube.com/watch?v=_C321KNrnq4


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