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Pourquoi le DSK-Wire pourrait être un mauvais coup de communicants

Publié le 15 mai 2011 par Lilzeon

Citoyens !

On dirait que la France a vécu aujourd’hui sa première grande affaire politique moderne ; une affaire qui mélangerait vice, politisation des “people”, débats de chffonniers sur la morale et la morale uniquement, et “exotisme” international.

Or plusieurs ingrédients me poussent à penser que l’ “affaire” est un mauvais coup de communication.

Sur la prétendue “affaire”, 24h plus tard :

DSK est-il connu du très grand public américain ? Non. Or soudainement, DSK se retrouve en home du New-York Times. Etrange.

Sur l’ “affaire” justement : il n’y pas encore “affaire” tant que DSK est encore présumé innocent. Or quand on regarde le traitement fait par BFM, notamment, on a plutôt l’impression d’avoir un traitement à charge contre DSK. On citera dans les cours de journalisme l’affirmation d’Apolline de Malherbe, la correspondante sur place : il n’y aurait côté US aucun post ou aucune opinion exprimant un once de doute ou l’évocation d’un complot contre DSK. Apolline lit-elle l’anglais ou a-t-elle soit de sérieux problèmes de synthèse, ou des – osons le terme- consignes ? Dommage quand les rédactions s’alimentent des chaînes d’information en continu. Et que la brillante analyse d’Apolline va être écoutée, réécoutée par les journalistes. Fabriquer du consentement dites-vous ?

Ou bien encore Yves Thréard (le Figaro) qui n’hésite pas, 24h après l’annonce de l’éventuelle affaire que “la carrière politique de DSK est largement menacée, au moins pour ce tour”. Une phrase qui sonne bon les plate-formes de message à objectif communicationnel, pas journalistique. A force de proclamer que le petit chat est mort, le chat meurt dans l’espace public.

Fabriquer de l’amalgame

Si j’étais communicant anti-Strauss Kahn, au hasard, comment aurais-je pensé mon spin ?

En amont de mon “pic d’attention” ou climax :

préparer les relais d’opinion à l’épisode fatal. En faisant réémerger les sujets qui fâchent : maîtresses, vieilles crises politico-financières. Faire partir des images. L’image de la Porsche, par exemple, reprise dans l’hémicycle par François Baroin qui institutionnalise la “Porsche tranquille”. Une mise en cause des conseillers de DSK, avec le bien pratique Euro RSCG C&O qui vont bientôt à eux seuls remplacer les Francs Maçons dans les thèses conspirationnistes.

Sur l’épisode maximal :

Choisir un événement qui n’est pas franco-français, parce qu’il impliquerait une personnalisation de l’opposant. Sarkozy taclant DSK en direct ? Pas possible, car DSK est plus fort et que les 2 y perdraient. Pas possible, car nous avons déjà été exposés à Clearstream, trop de complexité. Alors un épisode à l’étranger, qui touche à la morale, et qui engrange le bouche-à-oreille négatif ex-Héxagone. Un épisode qui joue sur une mauvaise réputation dans un domaine bien précis

Sur la gestion immédiate de l’épisode :

Attaquer vite. Faire porter les chefs d’accusation avant les faits. Bien cacher pendant 24h la présupposée “victime” pour nourrir le vide médiatique : les chefs d’accusation alimentant la rumeur. Monopolisent la part de voix.

Que faire quand on a rien : aller chercher ceux qui sont prêts à parler. Tristane Banon par exemple, ressortie de la naphtaline. Qui a eu de nombreuses positions fluctuantes sur une prétendue affaire, comme le rappelle à juste titre Claude Askolovitch. A qui la TV donne la parole, car la TV a horreur du vide.

Sur la gestion à court terme :

Laisser les polémistes polémiquer sur un territoire désormais maitrisé :

- la morale et la distinction entre séduction et agression

- le passé de DSK, a fortiori le passé personnel devenu politique. J’ai entendu environ 100 fois en moins d’une heure une série de phrases débutant par “vous savez bien que DSK n’était pas tout blanc” ou “DSK a une réputation de séducteurs”. Sous le ton de la fausse blague. Drôle de débat d’initiés qui ne repose sur rien légalement

Un éventuel objectif de communication a-t-il été atteint ?

Probablement, car peu importe que DSK soit innocent ou pas, finalement. Il sera hors course pour les primaires à 5 contre 1. Et s’il arrive à se sortir de cette crise, il sera probablement trop tard pour se reconstruire une légitimité élyséenne. Il s’agit bien d’un DSK-Wire, pas encore d’un DSK-Gate. L’histoire de l’affaire est devenue un fil rouge.

A moins qu’il puisse prouver, s’il est effectivement innocent, en un temps très court, qu’il s’agit d’un montage. Ce que de Villepin n’a pas su réussir, entre autres exemples.


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