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La nouvelle campagne de l’INCa veut changer les regards

Publié le 17 mai 2011 par Cathcerisey @cathcerisey

Dans la droite ligne des « Héros ordinaires » de 2007, Nora Berra,  secrétaire d’Etat à la santé et l’Inca nous ont concocté une nouvelle campagne qui va certainement faire parler d’elle.  Cette dernière s’organise atour de trois axes phares et veut résolument faire évoluer l’image sociale des cancers.  En avant première ce que vous allez voir sur les abribus des grandes villes, stations de métro et gares et dans vos postes de télévision.

Pourquoi cette campagne ?

Si l’image du cancer a un peu évolué depuis quelques décennies, il reste encore un énorme décalage entre le vécu des malades et le regard que leur porte la société. Nous avons toutes ressenti cette stigmatisation dès l’annonce de la maladie et bien après les traitements. Le constat est clair et les chiffres d’une étude Ipsos/INCa datant de 2007 rappelés par Madame Nora Berra lors de la conférence de presse le corroborent : 61%  des français considèrent le cancer comme la pire des maladies et 42% préfèrent ne pas y penser tellement ils en ont peur ! Conclusion, les malades déjà affaiblis par ce qu’ils vivent se retrouvent face à des « bien-portants » qui, par crainte ou par maladresse les ignorent, les oublient voire les fuient. Le malaise s’installe et cette mise à distance nous plonge dans une détresse supplémentaire inutile et parfaitement injuste.

Monsieur Peretti- Watel, sociologue à l’Inserm nous a rappelé que, « cette maladie a toujours  suscité l’horreur et la peur » et ce, depuis la nuit des temps. Et aujourd’hui encore les personnes interrogées utilisent pour en parler  des champs lexicaux liés à la mort, la déchéance, la gravité, la souffrance ou encore la peur.  Les métaphores employées dans les médias sont toujours en corrélation avec les grands  fléaux de notre société. Dois-je vous rappeler qu’il y a quelques jours encore, Monsieur Wauquiez a fait couler beaucoup d’encre avec sa phrase malheureuse sur l’assistanat !!! Et si nos charmants politiques hautement médiatisés se permettent ce genre de dérive, notamment après le décès tragique de l’un d’eux, comment imaginer que le commun des mortels parvienne à considérer le cancer comme une maladie lambda.  La peste a donné l’adjectif pestiféré, et notre ministre des affaires étrangères est resté au temps du pavillon des cancéreux !

Et pourtant malgré les propos archaïques de certains, la réalité n’est plus la même.  La ligue contre le cancer sortait en 1927 une campagne choc qui titrait « Tuez le cancer avant qu’il ne vous tue ». mais depuis,  la recherche a fait beaucoup de progrès ; et même si nous trouvons nous malades, qu’elle n’avance qu’à tous petits pas, force est de constater que nous sommes de plus en plus nombreux à vivre un après.

L’INCa a donc choisi de titrer sa campagne : « la recherche sur les cancers avance, changeons de regard ».

Les moyens employés 

Parce que maintenant reste à convaincre l’opinion publique ! Pour ce faire, l’INCa a décidé de frapper fort en lançant en parallèle trois dispositifs  que nous a présentés sa nouvelle Présidente Agnès Buzyn :

  • une importante campagne d’affichage que vous pourrez voir pendant 8 jours dans tous les abribus, gares et métros qui comporte des visuels fonctionnant par paire que je vous laisse découvrir :
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  • Deux films de 30 secondes, réalisés par Jacques Audiard,  qui seront diffusés sur les grandes chaines télé du 22 mai au 11 juin :
  • Une page Facebook « mobilisons nous contre les cancers » et la ligne téléphonique de cancer info (0810 810 821) sur lesquelles les malades pourront apporter leurs témoignages : ce qui les a aidés, ou leu a manqué, ce qu’ils aimeraient voir changer …  l’occasion aussi de donner votre avis sur cette campagne qui si elle ne nous est pas directement destinée, nous concerne au premier plan.

J’étais très curieuse de découvrir ce nouveau dispositif qui finalement, je dois le dire, me plait beaucoup et que je trouve très bien vu.  Il m’est souvent arrivé en effet, de constater que je n’étais plus une personne capable de sourire, de rire, de parler d’autres choses mais que j’étais réduite à cette maladie qui me rongeait …. Les affiches retranscrivent à merveille ce que j’aurais aimé dire, pour ne pas dire hurler parfois à mon entourage !

Pour les films, j’ai particulièrement aimé celui du voisinage, mais pour celui qui met en scène cette femme de retour au travail, je poserai un bémol. La phrase « nous sommes de plus en plus nombreux à guérir d’un cancer » en fin de spot,  peut en effet, avoir un effet pervers. A la conférence de presse, il nous a été dit que «  si pour les médecins la guérison s’apparente à un  retour à la normale, pour les malades, être guéris c’est retrouver une VIE normale ». Et c’est là que se situe le nœud du problème. Le gouvernement et l’INCa, depuis le plan cancer II s’acharnent à parler de guérison alors que, dans le même temps,  nos chers médecins continuent à refuser d’employer ce terme …  Il faudrait accorder les violons de tous ce qui nous permettrait à nous, patients, de nous y retrouver. Se sentir guéri, passe par le regard des autres mais aussi par son propre regard malheureusement étroitement lié à ce que nous disent les soignants et aux examens de surveillance qu’ils nous prescrivent à longueur de temps. Nous nous sentons bien souvent en sursis. 50% des cancers sont guéris à 5 ans : j’adorerais en persuader mon cancéro que je vois toujours régulièrement au bout de 10 ans!

Quoi qu’il en soit et mise à part cette petite mise au point, il me semble que ce genre de campagne est nécessaire si ce n’est suffisante. J’espère qu’elle aura un impact important sur la population et que les gens ne zapperont pas ou ne plongeront pas leur nez dans leur journal relatant les dernières frasques de DSK. Alors bravo à l’INCa d’essayer de faire en sorte que cette stigmatisation insupportable des malades cesse. Et si je ne crois pas un instant que cela aplanira nos problèmes pour trouver un travail, acheter un appartement ou obtenir un crédit, j’espère qu’elle changera un peu le regard de nos voisins, collègues ou amis, nous permettra de transformer notre quotidien et de vivre dignement la maladie et son après. Et vous qu’en pensez-vous?

Catherine Cerisey

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