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Nias, 18 mai 1993

Par Safran
Pour arriver jusqu’ici, 24 heures de voyage et quelques surprises… Nous quittons Bukittinggi par le “tourist bus” qui nous dépose à quatre-vingts kilomètres du port de Sibolga où il était censé passer… d’après les explications souriantes du vendeur.
[Musique dans le bus de Sibolga]
Pleins d’espoir, nous montons dans un bus local apparemment prêt à démarrer. Comme d’habitude, il fait dix fois le tour de la ville. Malheureusement, le racolage n’est pas assez efficace, retour à la case départ ! Re-changement de bus, et départ immédiat car nous occupons les deux derniers sièges libres. C’est parti !Les hommes fument tous des kreteks, des volailles piaillent sous les sièges, une vieille mastique son bétel, une autre vomit dans son sac grand ouvert… et la radio nous envoie la musique à tue-tête.

Quand la route s’élève, la pluie se met à tomber. Nous nous apercevons alors que le car n’a plus d’essuie-glaces, que les vitres coulissent mal, et que le toit n’est pas étanche. Quel spectacle ! Tous les passagers qui ne sont pas en train de vomir s’efforcent de colmater ou d’éponger les fuites avec les rideaux !On a traversé la montagne, il ne pleut plus, c’est l’heure du coucher du soleil et de la première panne, suivie de deux autres.


Nias, 18 mai 1993
Enfin, Sibolga. Quelqu’un nous signale déjà qu’un bateau part ce soir vers Teluk Dalam, le port du sud de Nias. Bonne nouvelle, car c’est là-bas que nous voulons nous rendre.

Vite, on prend deux cyclos et on fonce acheter les billets en ville au bureau de la compagnie. Trop tard, c’est fermé. Le cyclo frisé, qui semble être le chef, nous explique qu’il faut maintenant se procurer les billets au port.En route, il nous fait acheter de quoi dîner, car il n’y a pas de restaurant à bord. “N’oubliez pas votre traitement contre le paludisme, et votre moustiquaire.” ajoute-t-il. Il prend bien soin de nous, le cyclo !

Direction le port, le cyclo nous fait acheter les taxes portuaires, nous achèterons les billets à bord auprès du capitaine ; entre-temps il nous fait écrire nos noms, adresse, nationalité et numéros de passeports sur un morceau de papier.


Nias, 18 mai 1993

Fleur d'hibiscus

Nous embarquons sur le petit bateau de passagers, une dizaine de cabines au pont supérieur ; au pont inférieur, on dort par terre.

Toujours accompagnés de notre mentor, nous attendons l’arrivée du capitaine sur le pont supérieur ; le voilà qui arrive et qui se met à hurler : “Que tous ceux qui n’ont pas de billets retournent à terre… sauf Monsieur, ajoute-t-il en désignant François. Alors vous voulez une cabine, et vous n’avez pas de billet ? Ça va vous coûter cher, je vais devoir retarder le départ pour aller l’acheter ; vous feriez mieux de prendre le prochain bateau dans deux jours !”- Maintenant que nous sommes ici, nous n’allons quand même pas redescendre, qu’on se dit sans se parler.- Alors ? C’est 25 000 roupiahs par personne, à prendre ou à laisser ! annonce le capitaine.Le prix officiel du billet étant de 16 000 roupiahs, François entame la négociation devant l’œil amusé d’une dizaine de passagers locaux et occidentaux.Finalement, il transige à 20 000 roupiahs, tout en commençant à comprendre que nous venons de nous faire arnaquer en beauté ! Le capitaine” ne nous remet pas de billet, mais lance un ordre à un membre d’équipage qui vient nous ouvrir une cabine !
Le “Capitaine” disparaît, et le frisé vient gentiment nous demander si nous avons encore besoin de ses services ! Au revoir, merci de nous avoir roulés dans la farine !Grâce à nous, des dizaines de personnes vont faire la fête ce soir : les cyclos, le personnel aux guichets de la compagnie, le “capitaine”, et l’équipage. Car tous sont de mèche, et nous avons été les victimes et les acteurs involontaires d’une astucieuse mise en scène. On en rit encore, en se demandant comment on a pu être si naïfs. Mais dans le feu de l’action…
Nous voici partis pour une nuit de navigation, ça roule ou ça tangue, c’est supportable quand on reste couchés. Se rendre aux toilettes, c’est autre chose !
Nias, 18 mai 1993

Nous arrivons à peu près dispos à Teluk Dalam. Les hôtels les plus proches sont à douze kilomètres à Lagundri Beach ; il n’y a pas de bus, seulement des camions occasionnels, alors nous finissons sur les sièges arrière de deux motos et parcourons le chemin, mâchoires et fesses serrées sur une piste défoncée. Décidément, je ne m’y fais pas !

Nias, 18 mai 1993

Bon d'accord, ça valait le coup !


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